Maryline Dujardin

C’est dans la ville d’Amiens où le taux de chômage atteint déjà 11,9%, qu’a été annoncée il y a quelques semaines la fermeture de l’usine Whirlpool. L’usine est pourtant historique dans cette ville de plus de 135 000 habitants ; créé en 1910 pour la société « La France » qui produisait des machines agricoles, c’est seulement en 1958 que le site a commencé à fabriquer des produits d’électroménager à la suite du rachat de l’usine par Laden. En 1961, Philips se rapproche du site et prend une participation au capital de l’usine c’est le début de la fabrication des lave-linge mais c’est seulement en 1989, que Whirlpool rachète Philips.

La ville d’Amiens déjà sinistrée par les pertes d’emploi avec notamment celle de 2014 de l’usine Goodyear et la perte de 1100 emplois, véritable drame humain avec 12 suicides à la clé, va gouter à nouveau à l’injustice de ce système marchand puisqu’il y a quelques semaines était annoncé la fermeture de l’usine Whirlpool et donc la mise à la porte de ses 290 salariés.

Whirlpool a, comme bien trop souvent le cas, pointé du doigt un problème de compétitivité pour mettre à la porte ces salariés. Mais, en réalité, pour ce groupe qui est loin d’être en déficit la question est surtout de faire de nouveaux profits en allant exploiter les travailleurs d’autres pays. Dans un contexte de crise du système capitaliste, les tentatives de repli national et de protectionnisme sont souvent avancées comme une solution pour répondre à cette chimère de la non compétitivité. C’est en vérité un jeu dangereux et qui masque le réel fléau de notre société actuelle : un système capitaliste qui se nourrit des inégalités et les entretient pour faire le profit de quelques uns engendrant la misère du plus grand nombre. Les thèses protectionnistes considèrent que les ennemies sont les travailleurs d’a coté et non les politiques et patrons qui entretiennent cette division. La sortie de l’Europe ou les taxes aux frontières n’empêcheront nullement les patrons de supprimer des emplois et d’exploiter abusivement les travailleurs français, dans cette période électorale les propositions de ce type ne font au contraire que renforcer les divisions au sein d’une classe de travailleurs exploités internationalement, et ce bien souvent par les mêmes patrons.