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Interdiction des licenciements !

230 licenciements : les salariés de CEAT mobilisés devant le siège de Samsung contre leur liquidation

Lundi 31 juillet, une cinquantaine de salariés du CEAT de Longvic se sont réunis devant le siège de Samsung pour manifester leur ras-le-bol. Une mobilisation qui fait suite à la décision de liquidation de l'entreprise entraînant le licenciement de ses 230 salariés, qui sonne comme l’aboutissement d’une série d’injures envers les travailleurs. Malgré tout, ces derniers sont résolus à exiger des réparations.

Zoé Lebel

5 août 2023

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230 licenciements : les salariés de CEAT mobilisés devant le siège de Samsung contre leur liquidation

Crédits photo : CGT 93

Une semaine après l’annonce de la liquidation judiciaire du sous-traitant de Samsung CEAT par le tribunal de commerce de Dijon, entraînant le licenciement de ses 230 salariés, une délégation de 70 salariés a fait le déplacement en région parisienne pour se rendre devant le siège social de son donneur d’ordre après un appel intersyndical, pour protester contre les agissements de la multinationale. Munis de banderoles et scandant des slogans, ils sont restés en compagnie de plusieurs organisations syndicales de Seine-Saint-Denis devant le siège de Samsung jusqu’à 18h pour faire entendre leur colère. En parallèle, une seconde partie des salariés est restée à Longvic pour bloquer l’usine, occupée depuis le 19 juillet.

L’entreprise, spécialisée dans la réparation de produits électroniques et chargée notamment du service après-vente pour des entreprises telles que Darty, Orange, Bouygues, et la Fnac, avait pour principal client Samsung, qui lui confiait la réparation de téléphones endommagés. Réputé comme l’un des principaux acteurs du secteur en France, CEAT reconditionne près de 10 000 appareils chaque semaine. Pendant plus de 25 ans, le géant mondial Samsung a bénéficié d’un partenariat avec CEAT en imposant à son sous-traitant des contraintes strictes en termes de délais et de coûts de réparations. Immanquablement, les salariés payent le prix de ces contraintes depuis des années. Certains d’entre eux, malgré plusieurs décennies d’ancienneté, perçoivent des salaires à peine plus élevés que le SMIC et font quotidiennement face à l’indifférence de leur direction.

CEAT avait vu son chiffre d’affaires chuter de 81,5 millions d’euros en 2018 à 33,4 millions en 2019. Cette baisse a été en partie causée par l’abandon par Samsung d’un projet à Paris, pour lequel l’entreprise avait pourtant investi. Aujourd’hui alors que le groupe s’effondre, Samsung détourne de regard, malgré ses 8,3 milliards de dollars de profits sur l’année 2022.

Suite à la mise en redressement judiciaire de CEAT début janvier 2023, la multinationale a largement suspendu ses relations commerciales avec celle-ci, laissant les salariés dans l’incertitude.

Depuis janvier, les salariés ont traversé une période émotionnelle intense de sept mois, marquée par des heures supplémentaires et beaucoup de sacrifices personnels. Ils ont été confrontés à un véritable parcours judiciaire et ont vu leur sort être fixé lors d’une audience de seulement 45 minutes le lundi 24 juillet. De plus, ils ont dû faire face aux tergiversations de Samsung tout au long de cette période. « C’était un coup "on te suit", puis "c’est à 95%". Et là, ces derniers temps, c’est fini, on ne vous suit plus. Nous n’avons jamais connu cela » explique Franck Vedrine, 24 ans d’ancienneté, à France 3.

Le 12 mai, la multinationale avait recommencé à envoyer des pièces à CEAT, pour finalement changer d’avis en ordonnant à Chronopost de transférer tous les colis, privant ainsi l’entreprise d’un contrat initial de 500 000 euros. Cette décision a valu à Samsung deux condamnations des tribunaux de commerce de Dijon et Nancy. Le 3 juillet, même retournement de veste : la multinationale accepte de soutenir le plan de relance devant le président du tribunal de commerce de Dijon, pour se rétracter seulement 10 jours plus tard.

« Pour Samsung, nous ne sommes rien. Nous avons fait ce qu’ils nous ont demandé de faire, et maintenant c’est “salut !” », déplore un ancien salarié du CEAT de Longvic.

Emmanuel Dreyer, délégué CFDT, entend bien exiger « des excuses et une réparation financière de la part de Samsung pour le double-jeu qu’elle leur a fait subir malgré ses deux condamnations pour rupture des relations commerciales ». Pendant la journée de mobilisation du 31 juillet, quatre employés ont été reçus par la direction de la firme qui n’a pas cédé sur le moindre point. Les salariés ne comptent pas baisser les bras et engagent des poursuites judiciaires contre la firme.

Ainsi, le groupe Samsung, déterminé à préserver sa position de leader mondial de l’électronique et au mépris des divers scandales et plaintes qui le concerne depuis des années, se considère comme un simple client changeant de service et scelle le sort de 230 salariés en un claquement de doigt. Cette nouvelle est d’autant plus révoltante quand on sait que la multinationale anticipe un rebond qui lui sera « fortement favorable » de la demande en semi-conducteurs au deuxième semestre.

Le soutien qui s’est manifesté par la présence de plusieurs organisations syndicales de Seine-Saint-Denis lundi doit se poursuivre et s’étendre contre l’impunité des grandes entreprises prêtes à tout pour sauvegarder leurs profits.


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