C’est durant 8 mois qu’un ex-postier croupira en prison, condamné pour avoir jeté du courrier lors de certaines tournées. Les faits qui lui sont reprochés datent de 2015 : il est accusé d’avoir, à plusieurs reprises, jeté des colis et des lettres en fin de tournée, alors qu’il effectuait une mission d’intérim à Bourg-lès-Valence dans la Drôme. Des faits qui lui valent aujourd’hui un aller simple pour la prison, condamné à trois mois de prison ferme pour cette faute, auxquels ont été ajoutés 5 mois ferme de révocation de condamnation de sursis antérieur. Une condamnation honteuse et immonde, d’autant plus quand on sait que La Poste a pu ensuite distribuer le courrier en question.

Car, loin de reprocher au postier quoique ce soit, il faut bien rappeler que dans cette situation, c’est bien la direction de La Poste, et l’État derrière, qui sont responsables de toute la misère qu’ils engendrent. Alors que des dizaines de milliers d’emplois ont été supprimés dans les dernières années (48 000 en cinq ans !), il s’agit pour Philippe Wahl, le PDG, de sabrer encore et toujours dans les effectifs et de précariser au maximum l’emploi. Dans les faits, les réductions de postes entraînent une surcharge phénoménale au travail, des tournées qui n’en finissent plus quand on est à la distribution ou des clients agressifs quand on est seul au guichet pour dix personnes qui attendent un recommandé. Au final, pour les plus fragiles, le suicide guette au tournant, et La Poste a révélé récemment que le nombre de suicides et de tentatives de suicide se chiffrent en dizaines cette année ! D’un père de famille excédé par des tournées infiniment longues à une postière qui a tenté de se suicider sur son lieu de travail, comme le dit Olivier Besancenot, ancien candidat à la présidentielle, « les postiers sont rentrés dans la phase France Télécom ».

Cependant, face à cette précarité, à ces conditions de travail immondes, la riposte s’organise : en décembre, après près de quatre mois de grèves partout en France, près de 10 000 travailleurs se sont mis en grève pour lutter pour des conditions de travail décentes. Des mouvements de grève qu’il s’agit de soutenir et construire, dans une entreprise qui croule encore sous les bénéfices. De l’augmentation du prix du timbre qui est passé de 0,70 € à 0,73 €, postiers, guichetiers et tous les agents l’ont vécue d’une seule façon : plus de sueur et de labeur, tandis que l’État, actionnaire majoritaire, reçoit chaque année des dividendes qui se chiffrent en centaines de millions d’euros.