Depuis près de trois semaines, les travailleurs de Vertbaudet, entreprise d’ameublement et de vêtements pour enfants, sont en grève pour exiger 300 euros d’augmentation de salaire et l’embauche des intérimaires. En effet, le 20 mars, l’union locale de la CGT est venue bloquer l’entreprise de Marquette-lez-Lille dans le cadre de la bataille contre la réforme des retraites, ce qui a convaincu les salariés de se mobiliser. Depuis, sur une entreprise de 300 salariés, c’est près de 100 travailleurs qui reconduisent la grève toutes les semaines en Assemblée Générale.

À l’origine de la colère, des négociations annuelles obligatoire (NAO) dans lesquelles la direction a refusé d’augmenter les salaires malgré une forte inflation. Ce, alors même que l’entreprise a engendré un bénéfice de 27 millions d’euros pour 2022. Ces négociations se sont conclues par un accord majoritaire signé par les deux syndicats FO et CFTC avec seulement une augmentation des primes de 6 % sans pour autant toucher aux salaires. « Lors des NAO, la direction s’est caché derrière une hypothétique augmentation des salaires de la part de l’Etat durant les prochains mois pour éviter d’aborder la question » dénonce Manon Ovion, déléguée syndicale CGT.

La représentante syndicale revient pour nous sur le début de mobilisation : « Quand l’UL est venu à quatre heure du matin pour bloquer l’entreprise, ça a motivé les collègues à se battre. Aujourd’hui, ça fait plusieurs semaines qu’on est mobilisé et les grévistes sont en colère ». Ainsi, depuis le 20 mars, la grève continue avec une direction qui est prête à tout pour ne pas répondre aux revendications de salariés. Pour exemple, le blocage de l’entrée du site a tenu durant quatre jours jusqu’à ce que la direction envoie les CRS pour réprimer les grévistes. Elle a aussi tenté de briser la grève en utilisant des intérimaires pour remplacer les salariés mobilisés, tout en envoyant des huissiers sur le piquet de grève.

Face à une mobilisation forte, la direction s’entête et tente de casser la grève. « Les grévistes sont très en colère, il y a du mépris, la direction ne fait rien pour nous faire rentrer. Ça aurait pu durer deux jours, mais la direction nous méprise, on nous dit qu’on nous comprend, mais personne n’agit » explique la syndicaliste CGT. En témoigne le déroulement des réunions avec la direction : « on a eu une réunion hier qui n’a pas mené à grand chose, car on ne nous écoute pas. Aujourd’hui, on a eu la commission de conciliation et pareil, il n’en ressort rien. On leur parle de salaire et on nous propose des rendez-vous pour des réunions en octobre, car entre deux, il y aura des soit-disant augmentation de salaire de l’État. Ils veulent faire durer pour éviter de nous augmenter » raconte Manon Ovion.

Aussi, dans le contexte de mobilisation massive contre la réforme des retraites, la grève des salariés de Vertbaudet prend une tournure particulière. En effet, Manon Ovion insiste sur la nécessité de lier les deux combats : « Tout est lié, travailler au SMIC et prendre deux ans en plus pour la retraite, forcément ça ne plaît pas ». Un contexte de mobilisation nationale qui crée une vague de soutien importante pour les grévistes et motive ces derniers à ne pas lâcher. «  On est très soutenu, des gens viennent nous voir, il y a eu notamment le secrétaire général de la fédération du commerce qui est aussi venu nous apporter son soutien » précise la représentante syndicale avant d’affirmer vouloir élargir la grève aux autres sites de l’entreprise.

Plus largement, dans le contexte d’une mobilisation massive contre la réforme des retraites, l’enjeu de lier la bataille pour les retraites et la lutte pour les salaires est crucial pour convaincre des secteurs du privé, dont certains luttent actuellement dans le cadre de NAO comme c’est le cas pour Vertbaudet, de rejoindre la mobilisation. Dans ce sens, le choix de l’intersyndicale d’en rester au simple mot d’ordre de retrait de la réforme est un facteur qui va à l’encontre de la généralisation de la grève.

Pour soutenir les salariés de VertBaudet à Marquette-lez-Lille participer à leur caisse de grève.