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Remaniement, jour 1

Attaquer l’Aide Médicale d’Etat : le premier chantier de Gabriel Attal est une mesure raciste

A peine nommé, le premier ministre est attendu pour mettre en place les attaques racistes promises par Elisabeth Borne, toujours au profit de la droite et l’extrême droite.

Raji Samuthiram

10 janvier

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Attaquer l'Aide Médicale d'Etat : le premier chantier de Gabriel Attal est une mesure raciste

Crédits photo : capture d’écran Youtube

Nommé premier ministre par un président qui tente de sauver les meubles d’un régime en crise, l’ancien ministre de l’Éducation Gabriel Attal a aujourd’hui un large chantier devant lui : mettre en oeuvre les vœux de Macron pour 2024 de « réarmement civique » et de « régénération ». Avec en première ligne, le démantèlement de l’Aide médicale d’État, mesure qui entraverait drastiquement l’accès aux soins des sans-papiers.

Suite à la crise ouverte par l’adoption douloureuse de la loi Immigration sur laquelle la droite et l’extrême-droite continue de surfer, nombreux sont les élus qui ont détaillé leurs attentes concernant Attal, et elles sont plutôt simples : qu’il poursuive l’agenda réactionnaire de la macronie, dont la loi Immigration a été l’incarnation la plus violente ces dernières semaines.

La suppression de l’AME, une promesse du camp macroniste dans un contexte de surenchère raciste

Au cours des débats sur la loi immigration, le Sénat dominé par la droite avait adopté la suppression de l’AME, arguant que ce dispositif ultra-restrictif représentait une perte d’argent pour l’Assurance médicale. L’AME devait être transformée en aide médicale d’urgence afin de réduire les conditions d’accès à cette aide aux seules situations « d’urgence ». Une mesure d’extrême-droite alimentée par un discours de préférence nationale, avancée par les réactionnaires en tout genre depuis des années.

Gérald Darmanin, puis Elisabeth Borne, avaient accepté la suppression de cette mesure pour pouvoir réussir à faire voter le projet de loi. Si l’amendement n’a finalement pas été retenu dans la loi Immigration adoptée, l’ex-première ministre avait écrit au président du Sénat, Gérard Larcher (Les Républicains) pour lui promettre d’une prochaine réforme du dispositif de l’AME dès 2024. Celui-ci, dès la nomination d’Attal, a tenu à rappeler ce serment : « J’attends que le gouvernement respecte l’engagement qu’il a pris auprès de moi de réformer l’aide médicale d’État ».

Celui qui, en mai dernier, se disait opposé à Darmanin sur la suppression l’AME pour des questions de « valeurs humanitaires » et de « sécurité sanitaire » se retrouve aujourd’hui à diriger le démantèlement de ce « modèle social » qu’il prétendait défendre, afin de mener coûte que coûte les politiques austéritaires et antisociales de son gouvernement. Et dans les mains du gouvernement, une « réforme » de l’AME ne représentera pas autre chose qu’une nouvelle attaque contre les personnes sans-papiers et immigrées et sans aucun doute, une victoire revendicative pour la droite et l’extrême droite.

De son côté, le Rassemblement National qui a revendiqué une « victoire idéologique » de son camp lors de l’adoption de la loi Immigration, a salué la nomination d’un premier ministre « qui est populaire depuis qu’il s’est mis à parler comme Marine Le Pen » comme expliquait Franck Allisio, député du Rassemblement National interrogé sur BFMTV. Le ministre, depuis son arrivée dans le gouvernement, a en effet repris à son compte un certain nombre d’attaques de l’extrême-droite comme la lutte contre la fraude fiscale ou encore l’interdiction des abayas. De quoi préparer de nouvelles attaques contre les secteurs les plus précaires de la population.

Une attaque raciste d’ampleur contre les sans-papiers, inscrite dans un agenda anti-social déjà bien rempli

L’Aide Médicale d’Etat, dispositif permettant la prise en charge des soins pour les personnes sans-papiers, est déjà l’une des aides accordées les plus restrictives, et la moitié des personnes éligibles n’en font pas la demande. L’AME, qui représente 0,5% des dépenses de l’Assurance maladie, constitue une couverture minimale inférieure à celle de la complémentaire Santé Solidaire et ne couvre pas certains médicaments d’usage courant. Elle représente donc une aide minime qui parvient à peine à pallier aux besoins des plus précaires Pour autant, sa suppression aurait des conséquences sanitaires catastrophiques pour les personnes sans-papiers, ce qu’ont récemment dénoncé 3500 professionnels de santé qui s’étaient engagés à continuer à soigner gratuitement les sans-papiers si celle-ci était actée.

Si sa suppression n’a pas été actée en décembre, son retour sur la table des discussions viendra s’ajouter à l’offensive brutale à l’encontre des sans-papiers et des immigrés, incarnée par la loi Immigration. Celle-ci introduit notamment la préférence nationale par l’imposition d’une durée de résidence minimale pour percevoir certaines prestations sociales (allocations familiales, aides au logement, droit au logement). Une logique foncièrement raciste qui s’inscrit dans les attaques anti-sociales plus larges orchestrées par le gouvernement, qui entend durcir la répression des travailleurs et des personnes précaires, incarnée par exemple par la mise en place de France Travail ou encore la traque intensifiée des personnes au chômage et au RSA. Des dossiers qu’Attal va sans aucun doute s’atteler à défendre.

Pour le nouveau premier ministre, les attaques racistes, anti-sociales et sécuritaires seront donc notées comme prioritaires sur l’agenda. Rien qui s’annonce trop difficile pour le ministre qui, à la tête de l’Éducation nationale, s’était aisément emparé des mesures de l’extrême droite avec la mise en place de l’interdiction des abayas dans l’école et qui a promis d’instaurer l’uniforme dans les établissements scolaires et de généraliser le SNU. Un agenda qu’il s’agit de bouleverser, pour imposer une alternative à l’offensive réactionnaire qu’Attal et Macron comptent poursuivre.


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