Damien Bernard

C’est dans un contexte propice d’intense mobilisation contre la loi Travail que se tient, à Marseille, le 51ème congrès de la CGT. Alors qu’ils devraient ouvrir un espace pour réfléchir aux possibles de la lutte contre la loi Travail, et que la mobilisation bénéficie d’un soutien fort dans l’opinion publique, Martinez et la direction confédérale en ont décidé autrement. Les voix dissonantes, telles que la CGT Goodyear, sont empêchées d’intervenir au congrès avant les votes. « La direction confédérale a empêché les Goodyear d’intervenir au congrès avant les votes, nous avions fait la demande depuis plusieurs jours. » affirme le communiqué de la CGT Goodyear.

Pourtant cela n’a pas empêché Thierry Lepaon, d’être présent à l’ouverture du congrès, copieusement hué avec raison, après le scandale qui a fait grand bruit des travaux pharaoniques de son bureau et de son appartement de fonction. Alors que le spectre de Thierry Lepaon rode toujours, et à juste titre, le toujours salarié de la CGT a coûté plus de 150.000 euros à l’organisation syndicale depuis sa démission. On peut légitimement se poser la question : pourquoi donner chapitre à Lepaon plutôt qu’aux CGT Goodyear ? « Pour Martinez et son équipe confédérale c’est ‘Lepaon oui, Wamen non’. » affirme le communiqué de la CGT Goodyear.

Le communiqué ajoute : « En outre, nous avons appris par des congressistes que la confédération avait musclé le service d’ordre pour nous dissuader de nous présenter aux portes du congrès et de proposer aux délégués de nous laisser entrer, ce sont des méthodes d’un autre temps. » Outre le refus de voir s’exprimer les Goodyear au millier de représentants mandatés, il est d’autant plus important de dénoncer ces méthodes scandaleuses visant à intimider et empêcher toute intervention des Goodyear.

Alors que la direction confédérale de la CGT ne s’est pas posée, en dernière instance, en soutien à la CGT Info’com, et à son affiche dénonçant la très forte répression policière, il est légitime après ces derniers événements de se poser la question, mais de quoi a peur Martinez ? Tandis que la pression à la base se fait de plus en plus intense, Martinez reste bien timorée quant à l’appel sortie du congrès de la CGT qui appelle seulement à "amplifier" la lutte et confirme la grève du 28 avril, appelée bien tard. Pour les militants combatifs, il s’agit de continuer à batailler et d’exiger de Martinez une autre orientation que celle actuellement usée de journées de grève « saute-mouton », pour construire réellement le « tous ensemble » par la grève dans la durée, reconductible, jusqu’au retrait pur et simple de la Loi El Khomri.