Crédits photo : AFP / MIGUEL SCHINCARIOL

Ce mardi, plus de 250 barrages étaient répertoriés par la Police Routière Fédérale (PRF) du Brésil dans 22 États sur les 27 que compte le Brésil. Depuis les résultats des élections présidentielles, qui ont marqué la défaite de Jair Bolsonaro, les manifestations contre le nouveau président Lula se sont multipliées dans le pays, refusant de reconnaître les résultats officiels.

Ces manifestations sont l’oeuvre des franges les plus radicales du bolsonarisme : entre violences contre des supporters de Lula, intimidations contre des étudiants et professeurs d’une université et manifestations massives, la violence de ces couches les plus radicales se fait de manière de plus en plus décomplexée, résultat de plusieurs années de banalisation du discours haineux de Bolsonaro. À Sao Miguel do Oeste à Santa Catarina, plusieurs centaines de manifestants ont même tous fait le salut nazi, brandissant des dizaines de drapeaux nationaux devant une caserne militaire. au milieu d’une route.

Mercredi soir, Bolsonaro a publié une vidéo appelant à la fin des blocages : « Je sais que vous êtes contrariés, que vous êtes tristes, que vous vous attendiez à autre chose. Moi aussi. Je suis aussi bouleversé que vous. Mais nous devons garder la tête froide. [...] Je vous lance un appel : débloquer les routes. Cela ne me paraît pas faire partie des manifestations légitimes. » Jouant sur les deux plans, il a cependant ensuite appelé à la poursuite des manifestations : « D’autres manifestations qui se tiennent dans tout le Brésil, dans d’autres endroits, font partie du jeu démocratique, elles sont les bienvenues [...]. Protestez d’une autre manière, dans d’autres lieux, c’est très bien. »

Après ces déclarations, les blocages ont rapidement cessé. Ce jeudi matin, selon CNN, la PRF aurait dispersé 834 manifestations ; il n’y aurait plus que 13 blocages de route dans le pays et des manifestations dans 11 États.

De fait, si les manifestations des soutiens du bolsonarisme constituent une démonstration de force importante, Bolsonaro ne se trouve pas en position de faire un coup d’État. Après avoir été désavoué par la Cour suprême qui a ordonné la levée des blocages, c’est également le soutien du président de la chambre basse du Congrès Arthur Lira qu’il a perdu. Dans le même temps, Lula a déjà reçu la reconnaissance des États-Unis, de la Chine, de l’Inde, de la France, de la Grande-Bretagne, de l’Afrique du Sud et de bien d’autres pays.

Pour l’instant, il s’agit pour Bolsonaro et ses soutiens de structurer une opposition pérenne face à Lula et pour les prochaines années. Face à ce danger il faut avoir un plan de bataille contre l’extrême-droite, ce que le PT et Lula, qui essayent de se poser comme élément de stabilité du régime, ne cherchent pas à faire. Dans ce sens, il faut être attentifs à tous les éléments de riposte qui peuvent s’exprimer au sein de la classe ouvrière et de la population, à l’image des dockers des chantiers Brasfels qui ont obligé les bolsonaristes à lever leur blocage. C’est en toute indépendance de la justice, de la police, qui pactise avec les manifestants, et du gouvernement qui n’hésite pas à faire alliance avec la droite, que le bolsonarisme se combattra réellement.