Le 1ᵉʳ janvier 2024, le journal The Guardian a révélé que les cinq plus grandes entreprises pétrolières (BP, Shell, Chevron, ExxonMobil et TotalEnergies) sont en voie de distribuer pour l’année 2023 des dividendes plus élevés encore qu’ils ne l’étaient en 2022. Selon l’Institut d’économie de l’énergie et d’analyse financière (IEEFA), les grands groupes se préparent à dépasser les 104 milliards de dollars dont ils avaient arrosé leurs actionnaires en 2022, et ont d’ores et déjà distribué 100 milliards de dollars (94 milliards d’euros) pour l’année 2023.

Selon The Guardian, les entreprises ont pu faire des promesses de dividendes de plus en plus élevés au fil de l’année, se reposant sur des prix de l’essence toujours en augmentation depuis le début de la guerre en Ukraine. Pourtant, comme le rappelle Alice Harrison, militante de Global Witness, « une fois de plus, des millions de familles n’auront pas les moyens de chauffer leur maison cet hiver, et des pays du monde entier continueront de subir les phénomènes météorologiques extrêmes liés à l’effondrement climatique ». En effet, en France les prix de l’énergie ont atteint une inflation de 5,6 % sur un an en décembre 2023 selon l’INSEE. Des prix auxquels les Français devront s’habituer, avec la fin du chèque carburant pour 2024.

Non contents de profiter d’une précarité énergétique grandissante, les grands pétroliers prévoient également ces dividendes records sur le dos de l’année la plus chaude de l’histoire. Les 11 premiers mois de l’année 2023 ont en effet enregistré une moyenne de température 1,46 °C plus haute que la moyenne sur la période 1850-1900, l’ère préindustrielle. Alors que les pays membres de la COP28 signaient en décembre un maigre appel à une « transition hors des énergies fossiles », les industries poursuivaient leurs opérations et investissements dans les hydrocarbures->https://www.theguardian.com/us-news/2024/jan/03/2023-hottest-year-on-record-fossil-fuel-climate-crisis]. Dan Cohn, chercheur à l’IEEFA dénonçait ainsi auprès du Guardian en juillet que « elles [les entreprises fossiles] n’ont laissé aucun doute que leurs engagements avaient été déployés pour des objectifs politiques cyniques, seulement pour être délaissés lorsqu’ils ne servaient plus la position stratégique de l’industrie ».

La fin de l’année 2023 nous permet de pointer clairement du doigt les responsables de la crise climatique et économique. Les plus de 100 milliards de dividendes distribués pour 2023 et les profits records sont indécents face à la situation de précarité dans laquelle sont plongés de nombreux foyers. Alors que la planète se réchauffe toujours plus, les plans et accords pour limiter ce réchauffement sont inefficaces tant qu’ils reposent sur les entreprises qui font des profits sur l’exploitation de la planète.