La victoire historique du Maroc, première équipe du continent africain à être qualifiée en demi-finale, a été suivie de rassemblements festifs de supporters réprimés dans plusieurs grandes villes de France et instrumentalisés par l’extrême-droite. Alors que l’équipe est la grande surprise de cette Coupe du monde, le match de mercredi est ainsi devenu l’enjeu d’une forte offensive raciste.

C’est dans ce cadre que prend place la demande du sénateur RN Stéphane Ravier à la Préfecture de Marseille d’interdire les drapeaux marocains. « Un arrêté très simple et fréquemment utilisé, s’appuyant sur l’article L. 332-16-1 du code du sport, préservera ainsi la tranquillité et la sécurité des Marseillais. [...] Les Marseillais n’ont pas à subir des hordes de voyous venus “célébrer” en cassant, agressant des passants ou attaquant des policiers et en la matière, mieux vaut prévenir que guérir », peut-on lire dans son communiqué.

Une rhétorique ouvertement raciste et scandaleuse qui s’associe à la réaction de plusieurs personnalités d’extrême-droite, à l’image de Damien Rieu qui est allé jusqu’à dénoncer des prétendus « tirs à l’arme automatique » suite au résultat en publiant une vidéo qui montrait en réalité un enfant faisant du bruit en claquant les volets d’une fenêtre. Une fois la fake-news découverte, l’ancien candidat aux législatives pour Reconquête a été contraint de supprimer son tweet.

Eric Zemmour a lui aussi cherché à profiter de cet événement pour discriminer les populations immigrées en France. Il a présenté les événements comme des « émeutes des délinquants issus de l’immigration » animés selon lui par le sentiment « anti-français », avant de faire un parallèle avec le comportement des supporters argentins, arguant que « quand l’Argentine gagne ça ne finit pas en émeute ». Un discours raciste qui vise à mettre en doute la nationalité françaises des franco-marocains, « censés être français [...] juridiquement » mais pas « dans leur cœur » et dont la célébration « surtout le soir où la France joue » serait une provocation. De cette façon, Zemmour fait clairement référence à la théorie raciste du grand remplacement.

Si d’importants dispositifs policiers ont été prévus pour empêcher ces rassemblements, ce match à venir prend un caractère profondément politique. L’extrême-droite est déjà aidée par la probable répression de cette rencontre, avec la présence déjà annoncée de 10 000 policiers sur l’ensemble du territoire.