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Propagande médiatique

Comment les médias participent-ils à criminaliser tout soutien à la Palestine ?

Depuis la semaine dernière, on assiste à un déferlement médiatique condamnant toute possibilité d’exprimer un avis contraire à un soutien indéfectible à Israël. Pour ce faire, les présentateurs télé mènent une offensive d'ampleur au service de la classe politique, pour criminaliser toujours plus les Palestiniens, et empêcher toute positionnement pro-palestinien.

Alexis Taïeb

13 octobre 2023

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Comment les médias participent-ils à criminaliser tout soutien à la Palestine ?

Jeudi matin sur Europe 1, un auditeur demandait à Pascal Praud s’il cautionnait les massacres de civils à Gaza par l’armée israélienne. Le journaliste, visiblement surpris et acculé, est resté silencieux une vingtaine de secondes, bien conscient de l’horreur de la réponse à formuler, avant de se décider enfin et de lâcher : « je ne peux pas les condamner car c’est une réponse ».

Autrement dit, en tant que « réponse » à l’offensive du Hamas, tous les agissements de l’Etat sioniste sont légitimes et donc, par extension, cautionnables et ce même lorsqu’ils provoquent la mort de milliers de civils, dont de nombreux enfants. Cette scène de direct qui a percé sur les réseaux sociaux est profondément révélatrice de la logique à l’œuvre depuis une semaine dans les médias, qui vise à déshumaniser totalement la population gazaoui et à condamner toute critique à l’égard d’Israël.

La machine médiatique au service d’un soutien inconditionnel à l’armée israélienne et de la déshumanisation des gazaouis…

En effet, Pascal Praud est loin d’être le seul à avoir tenu des propos de ce genre. David Pujadas, sur le plateau de LCI, remettait ainsi en cause la valeur humaine des civils palestiniens et se demandait : « est-ce qu’il faut dire, un civil à Gaza, c’est la même chose qu’un civil à Israël ? ». Sur BFM-TV, Raphaël Enthoven tenait des propos similaires et appelait « victimes collatérales » les morts palestiniens pour déresponsabiliser totalement l’Etat sioniste de ses crimes.

Le média Contretemps a lui publié une compilation de différentes séquences diffusées à la télévision, dans lesquelles ont peut entendre des propos tel que : « il faut rentrer dans Gaza et tout détruire », « quand on est français, on ne peut aujourd’hui être que du côté d’Israël » ou encore voir une journaliste demander sincèrement à un général du Hamas si, oui ou non, ils sera légitime de tuer les gazaouis après le début de l’invasion terrestre, qui a d’ailleurs commencé ce vendredi soir.

C’est toujours la même logique à l’œuvre que l’on observe, consistant à extraire la situation israélo-palestinienne de son contexte historique afin de présenter le camp palestinien comme l’agresseur et celui d’Israël comme la victime, dont la défense est donc légitime. De la même manière, l’autre versant de cette rhétorique vise à définir le Hamas comme « organisation terroriste » en les assimilant à des organisations comme Daesh, afin de soutenir l’idée que le camp palestinien incarnerait le mal et la barbarie contre le camp de la « démocratie » et du bien incarné par Israël. Une logique qui n’est pas nouvelle et à géométrie variable comme le rappelait Alain Gresh dans un article.

En réalité l’offensive du Hamas, dont nous condamnons sans équivoque les méthodes notamment le massacre de civils, n’est que l’un des produits de la violence barbare liée l’occupation coloniale de l’Etat sioniste, commencée en 1948 avec la Nakba et la déportation forcée de 700 000 palestiniens de leur maison. C’est tout cela que cherche à masquer les médias et c’est pourquoi les historiens ne sont pas les bienvenus sur leurs plateaux télé.

C’est ainsi qu’on a pu assister à un échange particulièrement illustratif sur le plateau Public Sénat, lors duquel l’historienne et politiste Stéphanie Latte-Abdallah refusait de définir comme « organisation terroriste » le Hamas. Durant trois minutes, les journalistes n’ont cessé de lui couper la parole et de mimer l’incompréhension devant l’universitaire de l’EHESS, de manière à faire passer sa réflexion pour totalement irrationnelle et hors de tout bon sens.

Mais cette logique n’est pas nouvelle. En effet déjà en 2021, lorsque Israël réprimait férocement les jeunes palestiniens du quartier de Sheikh Jarrah et tuait au moins 256 palestiniens dont 66 enfants, les médias s’étaient mis à la solde des gouvernements impérialistes et de leur soutien à l’état sioniste. En effet, l’ensemble des titres de journaux ou des émissions de télévision visaient à mettre sur le même pied le camp palestinien et celui d’Israël, en parlant notamment de « conflit israélo-palestinien ».

Face à la propagande médiatique et à la répression gouvernementale, la nécessité de faire front !

Alors que le gouvernement criminalise tout discours autre que celui dominant, cette offensive médiatique est là pour soutenir sa politique répressive, de la criminalisation de la France Insoumise à celle de Révolution Permanente, du Collectif Palestine Vaincra, de l’Union juive française pour la paix, ou encore du NPA qui est menacé par une enquête judiciaire, mais aussi de l’interdiction de tous les rassemblement en soutien avec la Palestine.

Face à cette propagande médiatique, qui n’est qu’une expression supplémentaire que les grands médias sont au service des classes dominantes, du gouvernement mais aussi de l’extrême-droite, qui est au cœur d’une vaste campagne islamophobe contre le soutien à la Palestine, il est absolument nécessaire de ne pas céder et de maintenir nos positions et notre solidarité avec la Palestine. De ce point de vue, les nombreux rassemblements qui sont tenus en soutien à la Palestine, dont celui de plusieurs milliers de personnes à Paris, sont un point d’appui et une démonstration de la possibilité d’imposer un contre-discours à celui des classes dominantes !


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