Le 8 septembre dernier, Gérald Darmanin, dans une interview accordée au Parisien, a annoncé la création d’une nouvelle « unité d’investigations nationale » pour « combattre le trafic de drogue », comparé à la « la bataille de Stalingrad ». Signe du nouveau saut policier qui se prépare dans les quartiers populaires, le ministre de l’Intérieur a revendiqué « la CRS 8 », cette unité spécialisée dans la répression et qui a été envoyée d’abord à Mayotte dans le cadre de l’opération coloniale Wuambushu avant d’être mobilisée en juin dernier pendant les révoltes des quartiers populaires, comme « modèle ».

En déplacement ce mardi à Nice, Gérald Darmanin a précisé la composition de cette nouvelle « unité d’investigation », celle-ci sera formée« d’officiers de police judiciaire (OPJ) spécialisés qui pourront être envoyés sur un territoire pendant plusieurs semaines » et pourra mobiliser des « chiens et des moyens technologiques », mais aussi des drones. « Avec des chiens, des enquêteurs spécialisés dans le blanchiment, des moyens technologiques, ces enquêteurs viendront en appui des services locaux pour mener des opérations d’envergure, soit en réaction soit en prévention », fait valoir le ministre dans Le Parisien.

Sous prétexte de la lutte contre le trafic de drogue, dont le ministre instrumentalise les drames, l’objectif à peine voilé, quelques mois après les révoltes qui ont suivi l’assassinat de Nahel, est d’accentuer la répression et la criminalisation des quartiers populaires. Au-delà, de la création de la « CRS 8 d’investigation », le ministre précise dans son interview que les préfets auront pour consigne de mener plus systématiquement des opérations « coups de poings ». En outre, Darmanin compte créer onze nouvelles unités de forces mobiles composées de gendarmes et CRS afin de « pilonner certains quartiers ». Des instruments répressifs introduits notamment grâce au passage de la loi LOPMI et la mise en place du plan anti-délinquance prévu pour les JO en fin d’année dernière.

Ce saut répressif mis en place par Darmanin s’inscrit dans la continuité de la répression des jeunes qui se sont révoltés après la mort de Nahel ainsi que dans l’offensive plus générale que mène aujourd’hui le gouvernement contre les quartiers populaires : entre interdiction raciste et islamophobe de l’abaya à l’école, demandes d’expulsions des révoltés et de leurs familles de leurs logements HLM en pleine période d’inflation, meurtre policier de Sefa, un adolescent de 16 ans, et actions de harcèlement policier permanent dans les quartiers populaires de Nîmes, Nice et Marseille.

De l’interdiction de l’abayas et du qamis à l’école au possible renforcement de la future loi immigration,en passant par le renfort policier et militaire à la frontière italienne afin de refouler les migrants et l’intensification de la répression dans les quartiers populaires, le gouvernement compte bien entamer sa rentrée en attaquant les plus précaires, les immigrés et les habitants de quartiers populaires. Face à la répression, qui touche aussi le mouvement ouvrier, il est urgent de s’organiser et de construire une riposte large : le 23 septembre, journée de manifestation contre les violences policières, devra être un jalon dans cette perspective pour construire un plan de bataille contre la répression et l’offensive raciste du gouvernement.