×

Faire face

Darmanin prêt à envisager un saut dans l’impunité policière : il faut une riposte !

Ce jeudi soir, Darmanin recevait les organisations de policiers dans le cadre de la mobilisation en cours en faveur de l’impunité des forces de répression. Si le ministre de l’Intérieur a choisi sans surprise de se ranger du côté de ses troupes, il va jusqu’à envisager de répondre à leurs revendications. Une perspective face à laquelle il faut préparer une riposte, aux côtés des familles de victimes.

Paul Morao

28 juillet 2023

Facebook Twitter
Audio
Darmanin prêt à envisager un saut dans l'impunité policière : il faut une riposte !

Crédit photo : Darmanin sous le regard du secrétaire général d’Alliance police nationale, Fabien Vanhemelryck, et de l’Unsa Police, Olivier Varlet, le 28 septembre 2022 à la Bourse du Travail - Pascale Pascariello

Alors que depuis le 20 juillet, une mobilisation policière en faveur de l’impunité se développe dans le pays, Gérald Darmanin recevait ce jeudi soir les syndicats de police. Au programme du rendez-vous organisé à 20h, à son retour de Nouvelle-Calédonie, l’examen des revendications du mouvement en cours à Marseille et dans différents commissariats de France, déclenché à la suite du placement en détention provisoire d’un agent de la BAC mis en cause pour avoir tabassé en réunion et laissé pour mort Hedi, 22 ans.

Un mouvement qui s’inscrit dans une longue histoire récente de mobilisations de ce type, mais qui s’est distingué par le soutien ouvert de la hiérarchie, au travers de déclarations du Directeur général de la police nationale Frédéric Veaux ou le Préfet de Paris Laurent Nunez. C’est à leurs côtés que Darmanin a répondu à BFM TV hier soir, réaffirmant un soutien clair aux policiers et à ses généraux, expliquant « les policiers ne réclament pas l’impunité, ils réclament le respect » et appelant à en finir avec la « présomption de culpabilité » contre les policiers.

De quoi donner le ton d’une rencontre à l’issue de laquelle le ministre de l’Intérieur s’est rangé derrière les propositions des syndicats. Ces derniers sont sortis ravis, affirmant « on a le sentiment que notre ministre est en soutien des forces de l’ordre » pour SGP-FO et « on a eu un ministre plutôt d’accord avec nos propositions » pour Alliance. Dans leurs communiqués, les syndicats précisent le soutien du ministre au maintien des primes en cas de suspension, à des mesures en faveur de l’anonymisation des policiers ou de l’accès à la protection fonctionnelle pour les policiers, mais aussi sur le terrain du régime d’exception qu’ils réclament.

Tandis que le bloc UNSA-Alliance évoque une réponse « favorable » du ministre à la demande de modifier le Code de procédure pénale pour remettre en cause l’application de mesures de détention provisoire pour les policiers, SGP-FO va plus loin en affirmant que Darmanin se serait même engagé à « travailler rapidement avec le Garde des Sceaux sur les juridictions et magistrats spécialisés » pour les procédures concernant les policiers. Si Le Monde rappelle que « M. Darmanin n’a véritablement la main que sur [la modification de la protection fonctionnelle] (…) dont il confiera sous peu l’étude à l’inspection générale de l’administration », le ministre ouvre donc la porte à la principale revendication du mouvement.

Une réponse qui constitue un grave danger car elle pourrait ouvrir la voie à un saut dans l’impunité policière, donc dans les violences qui se déchaînent contre les habitants des quartiers populaires et les mouvements sociaux. Comme le rappelle le sociologue Sébastien Roché, c’est « le mouvement des « policiers en colère », en 2016, qui avait débouché sur la loi socialiste du 28 février 2017 assouplissant le cadre d’usage de l’arme » qui a multiplié par 5 les meurtres dans le cadre de tirs sur des véhicules en mouvement pour des soi-disant « refus d’obtempérer ». On imagine sans peine les conséquences similaires si un régime accroissant l’impunité déjà réelle de l’ensemble des policiers était adopté.

Alors que ces questions doivent être traitées à la rentrée et qu’une poursuite du mouvement en cours, organisé en partie en dehors des syndicats, n’est pas à exclure, la situation est grave et appelle à une réponse large. Un nouveau saut autoritaire en soutien à la police prépare une démultiplication des violences dans les quartiers populaires et contre toutes celles et ceux qui se mobilisent contre le pouvoir. A l’heure où des millions de personnes ont pu voir les images du témoignage poignant de Hedi, victime du policier actuellement défendu par des centaines de ses collègues, il faut répondre par un grand mouvement national contre l’impunité policière !

Le mouvement ouvrier, très silencieux ces derniers jours, devrait pousser dans cette direction, dans laquelle les familles de victimes, qui se mobilisent depuis des décennies contre cette impunité et pour la justice et la vérité pour leurs proches ont un rôle central à jouer, aux côtés de l’ensemble des forces progressistes. Un tel mouvement devrait exprimer dans la rue la colère latente dans de larges secteurs de la population contre l’impunité et les violences policières, en commençant par s’opposer au programme des syndicats de police qu’entend étudier Darmanin, en exigeant plus largement l’abrogation de l’ensemble des mesures d’exception en faveur de la police, des lois sécuritaires qui les favorisent à commencer par la loi du 28 février 2017, et en demandant la démission de Darmanin, pilier depuis 2020 des offensives autoritaires successives et artisan du renforcement de la police aux côtés des syndicats qu’il y a par ailleurs urgence à exclure des fédérations ouvrières.


Facebook Twitter
« Sciences Po a le droit d'évacuer » : Glucksmann soutient la répression des étudiant·es pro-Palestine

« Sciences Po a le droit d’évacuer » : Glucksmann soutient la répression des étudiant·es pro-Palestine

Tribune. Stop à la criminalisation du soutien à la Palestine !

Tribune. Stop à la criminalisation du soutien à la Palestine !

Projet de loi logement : le gouvernement prépare une offensive contre les plus précaires

Projet de loi logement : le gouvernement prépare une offensive contre les plus précaires

Sciences Po occupés : rejoignons leur combat contre le génocide à Gaza

Sciences Po occupés : rejoignons leur combat contre le génocide à Gaza

 Contre la répression des soutiens de la Palestine : tous à porte de Clichy ce mardi !

Contre la répression des soutiens de la Palestine : tous à porte de Clichy ce mardi !

« Préférence européenne », bouclier anti-missile : Macron précise son projet militariste pour l'Europe

« Préférence européenne », bouclier anti-missile : Macron précise son projet militariste pour l’Europe

Toulouse. 33 organisations appellent à se rassembler contre la criminalisation du soutien à la Palestine

Toulouse. 33 organisations appellent à se rassembler contre la criminalisation du soutien à la Palestine

Nouveaux dispositifs policiers et surveillance accrue : l'offensive sécuritaire se déploie à Brest

Nouveaux dispositifs policiers et surveillance accrue : l’offensive sécuritaire se déploie à Brest