« Je suis extrêmement satisfaite de voir la procédure pénale que j’avais initiée en 2016 franchir une étape importante. Sanofi va devoir s’expliquer pour les dizaines de milliers de victimes empoisonnées, dont plus d’une centaine sont mortes » a déclaré Marine Martin, présidente de l’Association d’aide aux parents d’enfants souffrant du syndrome de l’anticonvulsivant (Apesac), suite à l’annonce de la mise en examen de Sanofi dans le scandale de la Dépakine. Le groupe, quant à lui, a réagit dans un communiqué, expliquant que « cette mesure lui permet de faire valoir tous ses moyens de défense et sera l’occasion de démontrer qu’il a respecté son obligation et fait preuve de transparence ».

Un communiqué froid et plein de déni, alors que l’enquête porte sur de potentiels tromperies sur les risques lié à l’utilisation du valproate de sodium, un antiépileptique, commercialisé par Sanofi sous le nom de Dépakine et interdit pendant la grossesse en France depuis juin 2018. Ce médicament a été mis en cause dans des milliers de malformations congénitales majeures, touchant entre 2150 et 4100 enfants de 1967 à 2016 en France selon une étude des autorités sanitaires publiée en 2017. Sanofi avait par ailleurs été condamné en 2017 dans le cadre de ce scandale, avant qu’un pourvoi en cassation casse la condamnation en 2019.

Il aura donc fallut un demi-siècle de décalage après les premières intoxications à la Dépakine, l’ouverture d’une enquête, l’interdiction du médicament en France et enfin la mise en examen de Sanofi. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ça fait long à la détente ! D’autant plus que dans un rapport exposé le 12 décembre 2017, l’Apesac dévoile qu’une série de documents mettant en cause la Dépakine et ses multiples noms, en Europe et aux Etats-Unis, dès le début des années 2000, avec des procédures judiciaires enclenchées dans les années 2010 et portant le nombre de victimes à plusieurs dizaines de milliers. Et pendant ce temps, Sanofi a continué a engendré du profit par le biais d’un médicament dont la dangerosité était mise en lumière. Des profits qui continuent par ailleurs, puisque la Dépakine est toujours autorisé dans de nombreux pays.