Deux syndicalistes de la CFTC, salariés d’Arc Prestations (entreprise de sous-traitance basée en Sarthe, qui prête de la main d’œuvre dans les différents abattoirs de Bretagne), ont porté plainte le samedi 23 septembre contre l’un des cadres de l’entreprise. Les deux syndicalistes ont été violemment agressés la veille par celui-ci, dans une chambre froide d’un abattoir.

Les deux syndicalistes étaient en visite du site de l’abattoir porcin Gâtine, à La Guerche de Bretagne, en tant que membres du CSE (Comité Social et Économique) d’Arc Prestations. Le but : aller à la rencontre de leurs collègues sur le site guerchais. Alors qu’ils avaient « prévenu leur employeur » de ce déplacement, ils ont été accueillis le matin des faits par un des salariés de l’abattoir et par un cadre de leur entreprise. Rapidement, le ton monte entre les deux syndicalistes et le cadre d’Arc Prestations.

« Il nous a dit de le suivre jusqu’à la chambre froide. Il a fermé la porte et nous a menacé, en nous disant qu’on n’avait rien à faire ici, que les salariés n’avaient pas besoin de nous, et qu’il fallait qu’on parte vite » témoigne l’un des deux syndicalistes auprès de France Bleu. Alors que le délégué syndical répond qu’ils comptent tous deux rester sur site, il reçoit un coup de poing au visage qui le laisse inconscient sur le sol, « Il [...] donne un grand coup de poing dans la tête de l’un d’eux, qui tombe au sol et perd connaissance », explique François Macquaire, juriste à la CFTC Bretagne dans les colonnes de Ouest France.

Le second syndicaliste explique, toujours auprès de France Bleu, qu’il est lui aussi menacé, le cadre lui dit : « viens te battre ! » tout en l’attrapant par le cou. Il réussit finalement par éviter le coup qui lui est lancé. Le cadre prend finalement la fuite laissant derrière lui le délégué syndical complètement inconscient sur le sol de la chambre froide. Les secours sont ensuite intervenus, le délégué syndical est transporté à l’hôpital de Vitré, à 30 minutes de l’abattoir, et il lui sera prescrit 21 jours d’ITT, quand son collègue s’en voit prescrire 17 jours.

Cette agression n’est pas la première intimidation subie par les syndicalistes de l’Arc Prestations : « lors d’une réunion, on nous a jeté dehors en nous disant, dégagez, on n’a pas besoin de vous. Depuis que j’ai monté le syndicat dans l’entreprise, ils me disent que ça ne va pas bien se passer » ont-ils témoigné auprès de France Bleu.

Pour le moment, les deux syndicalistes ont porté plainte contre le cadre de leur entreprise et n’ont reçu aucune nouvelle de leur direction. Les deux hommes expliquent qu’ils ont peur et craignent leur retour en entreprise.

Ce genre de technique d’intimidation n’est malheureusement pas inconnue du milieu syndical. Lors de la grève de Verbaudet en mai dernier, un syndicaliste avait été gazé, frappé et kidnappé à la porte de son domicile avant d’être jeté un village plus loin. Une expédition punitive organisée par des policiers en civils. Des violences contre les syndicalistes qui se multiplient, particulièrement dans les petites entreprises où les syndicats sont peu implantés. Contre ces nervis patronaux, la solidarité sera notre meilleure arme.