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TÉMOIGNAGE D’UNE PROFESSEURE DES ÉCOLES EN COLÈRE

Éducation nationale. « Depuis 12 ans je me bats pour dénoncer ces aberrations, mais loin de la métropole impossible d’être entendue... »

Révolution Permanente lance une campagne de témoignages des travailleurs de l’Éducation qui depuis la rentrée subissent la mise en application des réformes Blanquer.

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Ce passage en force des réformes néolibérales n’a d’autres conséquences que la casse accélérée de l’Éducation nationale. Face au manque de moyens, à la dégradation de leur quotidien, aux suicides des collègues comme celui de Christine Renon et maintenant au projet de reforme des retraites, nombreux sont ceux qui choisissent de démissionner. La hausse des démissions sur les 5 dernières années est totalement alarmante, particulièrement chez les enseignants-stagiaires qui choisissent de quitter l’Éducation nationale avant la fin de leur première année sur le terrain. Ils sont, en 2017-2018, six fois plus nombreux qu’en 2012-2013 à avoir démissionné. Nous avons recueilli le témoignage d’une professeure des écoles enseignant en Guyane.

Enseignante spécialisée depuis trois ans, professeure des écoles depuis dix-sept ans, il est temps de témoigner et de vous faire partager mon quotidien dans un groupe scolaire en Guyane.

Devenir enseignante est une vocation, un rêve depuis mon enfance, que j’ai réalisé. Aujourd’hui, ce rêve vire au cauchemar et je songe, depuis 1 an, à une reconversion. J’ai enseigné pendant quatre ans en métropole avant de demander ma mutation en Guyane, département qui m’a attirée pour son environnement et ses richesses culturelles. Un bonheur !
Mais qu’elle ne fût pas ma surprise, arrivée dans une école élémentaire de l’Ouest guyanais. Était-ce réellement une école de la République ? Où était l’égalité ? Il y a également de telles disparités entre un établissement de métropole et de la Guyane. Pour donner une image, voici une liste d’éléments non exhaustive :

  •  pas de cantine
  •  pas de bibliothèque
  •  pas de photocopieuse
  •  pas de formations à plus de 250km
  •  des listes, à rallonge,de matériels scolaires pour les familles
  •  pas de stabilité des équipes pédagogiques
  •  des nouveaux recteurs et IEN tous les 3ans

    Il n’y a en effet pas de cantine puisque dans ces villes de l’Ouest guyanais, les maires ont décidé d’appliquer la journée continue : 7h20-12h45 avec 3 récréations de 15 minutes. Une pure aberration pour le rythme scolaire de nos élèves, une aubaine pour leurs économies.
    Oui, la Guyane a une population croissante et de cultures diverses, ce qui en fait toute sa richesse.
    Nos élèves n’ont pas le français en langue première et c’est bien un enseignement FLS (français langue seconde) dont nos élèves devraient bénéficier mais qui n’est pas enseigné aux jeunes ou nouveaux professeurs arrivants. D’où un pourcentage très bas aux évaluations.
    Et au lieu de s’appuyer sur ces richesses, les politiques en font un clivage, les différences entre l’Est et l’Ouest guyanais en sont le résumé. Et le rectorat fait de même.

    Dans mon école cette année en terme de moyens humains et matériels on se retrouve avec :

  •  8 contractuels, dont 6 néo, pour 13 classes
  •  pas de psychologue scolaire depuis 3 ans, pas d’enseignant RASED, une infirmière pour 3 écoles élémentaires et 1 collège
  •  aucun matériel scolaire depuis septembre
  •  pas de salle de maître, pas de salle pour l’enseignante UPE2A, un bungalow de 15m2 pour l’enseignante ULIS, pas de salle de motricité, pas de plateau sportif
  •  pas de toilettes séparées filles/garçons
  •  pas de cantine
  •  des fenêtres cassées, des fientes de chauve-souris sur les tables, une cour en cailloux
  •  des enseignants et des enfants en souffrance car pas d’assistante sociale, de CMPP, d’aide médico-social ...

    Depuis douze ans je me bats pour dénoncer ces aberrations, « la fusée décolle mais pas l’école », mais trop loin de la métropole impossible d’être entendu... Le mouvement social de mars 2017 et les accords de Guyane ont enfin ouvert les yeux de nos politiques. Mais deux ans et demi après, rien a bougé, rien a changé. Ce n’est pas faute d’avoir écrit au recteur ou aux IEN...

    Alors, on reprend la marche et les banderoles contre la réforme des retraites et le respect des accords de Guyane. Et, on est là, toujours là, pour tous les élèves, en prenant en compte, leurs langues, leurs traditions et leurs cultures, afin de leur offrir une éducation culturelle, artistique, sportive, ouverte sur le monde, et de leur donner des choix, des réflexions, un épanouissement pour l’avenir de la Guyane.

    Bien cordialement,
    Une enseignante militante de l’Ouest guyanais.


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