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Un marchepied pour Mélenchon

En dépit de ses « désaccords », Clémentine Autain apporte son soutien à Mélenchon

Figure du Front de Gauche et leader au sein du mouvement Ensemble, Clémentine Autain avait largement décrié Mélenchon en février dernier, quand il a décidé de faire cavalier seul pour présenter sa candidature aux présidentielles, laissant sur la touche ses ex-camarades du Front de Gauche. Claire Manor

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Pourtant, elle a annoncé hier son soutien à l’électron libre du FDG tout en déclarant « oui j’ai des désaccords avec Jean-Luc Mélenchon ». Un appui paradoxal qui s’avère, au fil des déclarations, suffisamment « critique » pour donner envie d’examiner avec intérêt les justifications d’une telle stratégie… D’autant que, non contente de prendre position à titre personnel, elle déclare, en exergue de sa pétition en ligne, « Communistes, nous soutenons Jean-Luc Mélenchon pour 2017 ».

Une situation de blocage « à la gauche de la gauche »


Pourtant, cette prise de position n’est pas réellement surprenante. Voilà un moment que, dans les rangs des opposants à Hollande, des frondeurs au PC en passant par EELV, le PG ou Ensemble, la recomposition prend des allures de décomposition. Depuis le début 2016, Le projet du Front de Gauche s’est effondré et c’est sur ses décombres que chaque formation, tente de retrouver une voie pour contrecarrer l’éclatement et l’affaiblissement. C’est la candidature en solo de Mélenchon avec sa « France insoumise » qui a donné le coup de grâce.

Pour des partis et mouvements dont l’électoralisme, bien que certains le voit appuyé par des mobilisations, demeure la préoccupation principale et qui pensent le « changement » principalement à partir des urnes, les perspectives stratégiques sont étroites. En ce qui concerne Ensemble !, le calcul que fait Clémentine Autain est assez simple : Les « frondeurs » persistent à rester dans le cadre de la primaire à gauche dictée par Francois Hollande. Ce faisant, Ils prennent le risque de légitimer une candidature de François Hollande. C’est une frontière que la grande majorité des militants d’Ensemble n’est pas prête à franchir, et en tout cas pas elle à ce jour. De son côté, EELV a choisi d’organiser sa propre primaire. Pas de regroupement possible de ce côté-là non plus. Restent les composantes du Front de Gauche. Mélenchon a depuis longtemps annoncé la couleur… Quant à Pierre Laurent, tout en appelant pour la forme à « l’union de la gauche » dont personne ne veut, il roule pour les « frondeurs », et pense déjà aux législatives et aux postes qu’il pourrait glaner en alliance avec le PS, pour enrayer la crise de son Parti.

Mélenchon a beau jeu de prendre le manche

Arc-bouté sur sa conviction, Pierre Laurent voulait faire de la fête de l’Huma, dimanche dernier, une opportunité de « rassemblement ». Or, tous les ténors, les Montebourg, les Benoît Hamon, les Cécile Dufflot, avaient bien répondu « présent » mais tous ont montré leur intention de la jouer solo. Quant à Mélenchon, il n’avait qu’une intention : marquer des points auprès de cette mouvance dans laquelle il est susceptible de pêcher des soutiens, et engager sa campagne.

Dès cette semaine, il engrange les résultats. Tandis que les sondages lui confèrent une popularité plutôt en hausse et le créditent d’un score de 12% à 14%, au moins égal, voire supérieur, à celui de Hollande, il a reçu ces derniers jours le soutien d’un certain nombre de membres du PC ou d’Ensemble. Le ralliement officiel de Clémentine Autain ne peut que jouer à la hausse dans ce phénomène, non seulement au sein d’Ensemble, mais aussi, par effet de contagion, au sein du PC où les deux principales options données par la direction du parti - soutien à Mélenchon ou soutien à Montebourg - sont actuellement en plein affrontement.

C’est donc un sacré coup de pouce qu’elle vient de donner au candidat en solo et l’initiative d’une pétition en ligne appelant à soutenir sa candidature qui commence par le mot « communistes » marque assez clairement son intention active de construire une force de campagne qui ratisse large, éventuellement auprès de certaines fractions de l’extrême gauche. D’ores et déjà plusieurs maires communistes, ainsi que des syndicalistes et personnalités politiques d’Ensemble, mais aussi des intellectuels relaient l’appel au soutien de Mélenchon.

Alors d’accord ou pas d’accord ?


Un engagement aussi actif de sa part, interroge sur la nature des « désaccords » dont Clémentine Autain fait état et qu’ont également évoqué plusieurs de ceux qui se sont d’ores et déjà prononcés pour Mélenchon. S’agit-il de simples divergences résorbables au sein d’un même projet ou d’une vision stratégique réellement différente ?

Si l’on regarde de plus près ces « désaccords », notamment ceux qui sont évoqués dans la pétition en ligne, on peut dire qu’ils ne sont pas minces ! : « Nos désaccords avec la démarche et certains partis pris de Jean Luc Mélenchon sont connus, sur la Syrie, les réfugiés, le Brexit, François Mitterrand, la conception du rassemblement, etc ».

Pour ce qui concerne la démarche, la divergence est claire. « La France des Insoumis », groupe de soutien qu’il a lancé pour porter sa candidature aux présidentielles s’est construit « sans les partis », sur l’affirmation : « Je suis seul, si l’on regarde du balcon, mais je suis inséré dans un milieu de dizaines de milliers de gens qui s’engagent… »

Au contraire, dans son appel à un « Front commun » Clémentine Autain, définit d’abord une démarche de rassemblement, quitte à reconnaître que c’est Jean-Luc Mélenchon qui est le mieux placé pour la porter. Il s’agit pour elle d’organiser « la convergence active des forces sociales et politiques de gauche et écologistes dans les départements, les villes et les 577 circonscriptions législatives, avec les organisations locales du PCF, du PG, de « la France Insoumise » EELV et des groupes de socialistes critiques… ».

Contrainte de reconnaître le vide de candidature pour soutenir son projet de « front commun », Clémentine Autain a choisi de soutenir Mélenchon. D’ores et déjà un grand nombre de personnalités du PC lui emboitent.

Restent les divergences de programme. « la Syrie, les réfugiés, le Brexit, François Mitterrand, la conception du rassemblement, etc ». Le « etc » peut englober encore bien des points dont la gravité n’échappe à personne, comme les positions ouvertement souverainistes de Mélenchon par exemple.

Mais Clémentine Autain veut croire aux vertus du plus grand dénominateur commun en considérant qu’il y a une convergence assez forte à partir du moment où on est d’accord pour construire « une gauche de rupture avec le néolibéralisme, le consumérisme, la Vème République, l’austérité », avec une large référence aux modèles de Syriza et Podemos.

Et certes, elle trouve là une réelle communauté de vision stratégique qui la rapproche de Mélenchon mais la démarque radicalement d’une démarche anticapitaliste et révolutionnaire ancrée dans la lutte des classes que les candidats potentiels de l’extrême gauche, comme le NPA ou Lutte Ouvrière, auront à porter à l’occasion de la campagne des présidentielles.


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