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Licenciements

Forvia, géant de l’automobile, supprime 10 000 postes pour payer ses actionnaires

Le groupe Forvia, qui a reçu de nombreuses aides publiques pour créer des emplois, va supprimer 10 000 postes dans les cinq prochaines années alors que l’entreprise va verser 100 millions d'euros de dividendes à ses actionnaires.

Dorian Maffei

19 février

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Forvia, géant de l'automobile, supprime 10 000 postes pour payer ses actionnaires

Crédits photo : Gerd Fahrenhorst/Wikimedia commons

D’après le bilan 2023 de l’équipementier automobile Forvia (ex-Faurecia), paru ce lundi, l’entreprise a réalisé 1,439 milliards d’euros de bénéfices en 2023, une hausse de 35,6 % par rapport aux 1,061 milliards enregistrés en 2022. Ces bons résultats, conformes aux attentes du groupe, ne l’ont pas empêché d’annoncer des réductions d’effectifs en Europe sur les cinq prochaines années : employant actuellement 75 500 travailleurs, le groupe veut supprimer 10 000 postes et économiser 500 millions d’euros. Le projet, baptisé « EU-Forward », sacrifie les travailleurs pour augmenter les dividendes des actionnaires.

En dépit de ses bénéfices, Forvia supprime 10 000 emplois pour payer ses actionnaires

En effet, après deux années passées sans verser de dividendes, le groupe a versé 0,50 € par action pour 98,5 millions d’euros de dividendes au total. Le projet austéritaire présenté dans le bilan devrait garantir des revenus encore plus importants aux actionnaires du groupe. Compte tenu de la répartition des actions, la plus grande partie des dividendes sera versée à des actionnaires en bourse (75,9 millions d’euros), à la famille Hueck-Roepke (8,9 millions d’euros), à deux fonds d’investissements (5 millions pour Exor et 2,1 millions pour Bpifrance) à deux entreprises automobiles (3,1 millions pour Peugeot et 1,9 millions pour Dongfeng).

Le groupe tire prétexte de la concurrence chinoise pour justifier la suppression massive de 10 000 emplois. Cette concurrence n’est cependant pas nouvelle et les constructeurs automobiles européens s’en plaignent depuis longtemps. L’Union européenne a par ailleurs demandé une enquête sur les subventions accordées par l’État chinois aux entreprises européennes.

Aux États-Unis, le constructeur Stellantis a annoncé la suppression de plusieurs milliers de postes et mentionne également la concurrence « déloyale » de la Chine qui « prendrait les emplois des américains » pour justifier la réduction des effectifs.

Si le directeur financier de Forvia assure, pour l’heure, que le « le plan ne veut pas dire un licenciement de 10.000 personnes », étant donné que plus de 2000 salariés s’en vont chaque année, la direction de l’usine Forvia de Bavans pousse chaque mois « une dizaine de travailleurs » vers la sortie.

Le groupe Forvia supprime des emplois alors qu’il a reçu des millions d’euros en subventions

En 2022, Emmanuel Macron se rendait à Belfort pour visiter l’usine General Electric et annonçait avoir libéré « des fonds pour soutenir deux entreprises qui vont créer de l’emploi dans l’économie locale : McPhy et Forvia », comme le rapporte le magazine des patrons de la filière de l’hydrogène. Le plan accordait au groupe 246 millions d’euros en contrepartie de la construction d’une usine à Allenjoie, également subventionnée par la région Bourgogne-Franche-Comté à hauteur de 6,4 millions d’euros en 2023, comme l’usine de Bavans.

Forvia a alors profité du développement du site d’Allenjoie pour y délocaliser son usine de Diors (Indre). Un salarié, sous couvert d’anonymat, dénonçait l’hypocrisie de la direction dans les pages de la Nouvelle-République : « à leur arrivée, les dirigeants de Faurecia avaient promis que le site de Diors servirait aux démarrages de nouveaux projets et que la construction en parallèle de l’usine d’Allenjoie, dans le Doubs, n’aurait aucune incidence pour nos emplois ».

Au même moment, Forvia, qui venait de recevoir 213 millions d’euros de l’Union européenne pour financer son projet « History Next », avait également fermé son usine de Pulversheim (Haut-Rhin), licenciant 136 salariés pour délocaliser la production à Allenjoie.

Il est inadmissible qu’un tel groupe réduise ses effectifs pour maximiser ses profits alors même qu’il perçoit des millions d’euros d’aides pour créer des emplois. Tirant prétexte de la concurrence, il sacrifie la vie des travailleurs sur l’autel des dividendes. À l’heure où le gouvernement précarise l’emploi et démantèle l’assurance chômage, ces attaques ne peuvent rester sans réponse. Ce sera au mouvement ouvrier d’organiser la riposte.


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