Les salariés de l’équipementier automobile NTN Transmissions Europe ont entamé un mouvement de grève reconductible depuis mardi 13 juin 2023. « À la production, il y a entre 70 % et 80 % de grévistes, pratiquement rien ne sort de l’usine depuis hier. Le mouvement a été reconduit tout en restant fort ce mercredi » explique Thierry Bouet, délégué CGT de l’usine du sous-traitant automobile.

Une grève qui s’inscrit dans la continuité d’une précédente mobilisation massive de deux jours en décembre 2022 sur les sites d’Allonnes (72) et Crézansy (02), les grévistes avaient obtenu de meilleures augmentations générales et une clause de revoyure pour juillet. Mais comme l’affirme le syndicaliste,« attendre juillet pour négocier, c’était un bon plan pour la direction : des négociations à la veille du départ en vacances où tous les salariés ont quasiment deux semaines de congés imposés ».

Ajouté au contexte inflationniste, les salariés ont voulu rouvrir au plus vite les négociations avant le mois de juillet. Dans ce sens, la CGT a appelé à une assemblée générale le 7 juin où il a été décidé de porter la réouverture urgente des négociations à l’occasion du CSE (conseil social et économique) du mardi 13 juin. De nombreux salariés sont venus interpeller la direction lors du CSE et cette dernière a quitté la réunion sans donner de réponse aux travailleurs mobilisés.

Dans ce contexte, les salariés se sont mis en grève pour revendiquer une augmentation générale des salaires de 6 % ainsi que 100 € d’augmentation bruts pour les intérimaires après six mois d’ancienneté. Une revendication d’autant plus centrale dans une usine où l’embauche d’intérimaires avec des salaires et conditions de travail plus précaires est importante.

« On a reconduit dans chaque équipe la grève avec des AG. Cette après-midi la direction a accepté de rencontrer les salariés et a proposé de réduire le délai de la future négociation du 26 juin en la ramenant au 19 juin. Mais dans le protocole de fin de conflit, ils mettaient des conditions de reprise du travail dès le mercredi soir. Seulement continuer ou pas le conflit, se décide dans les assemblées générales avec les grévistes » explique Thierry Bouet.

Le représentant CGT regrette que « la direction ne s’est pas engagée sur nos revendications ». Concernant les suites, il affirme que « pour la CGT, on pense qu’on peut obliger la direction à négocier concrètement si on continue le mouvement. Leur ultimatum sur la reprise du travail montre qu’on a le rapport de force. Mais après ça dépend surtout de ce que disent les grévistes en assemblée générale jeudi matin. On est toujours soucieux de consulter les syndiqués et non syndiqués ».

Dans un contexte d’une troisième vague de grève pour les salaires incarnée par des conflits comme Verbaudet, la mobilisation des ouvriers de l’usine NTN d’Allonnes montre une fois de plus l’urgence d’une mobilisation nationale pour les salaires. Se battre entreprise par entreprise pour des augmentations partielles ne sera jamais suffisant. Seule une mobilisation d’ensemble avec des revendications communes à tous les salariés peut répondre aux besoins de millions de travailleurs qui subissent l’inflation. Comme le défend Thierry, «  face à des capitalistes qui font tout pour faire des profits sur nos salaires, l’indexation des salaires sur l’inflation est une nécessité ».