Un raid meurtrier de l’armée Israélienne dans le camp de réfugiés de Jénine dans le Nord de la Cisjordanie occupée a eu lieu ce lundi 19 Juin. Le bilan provisoire fait état de 5 Palestiniens tués, dont 4 âgés de 15, 19, 21 et 29 ans et au moins 91 blessés.

Un assaut d’une intensité inédite depuis 2005

Il s’agit selon de nombreux observateurs d’un assaut d’une intensité sans précédent pour la Cisjordanie depuis la seconde Intifada qui a pris fin en 2005. Cette offensive sur Jénine a été marquée par des tirs de missiles depuis un hélicoptère de combat, utilisé pour la première fois depuis 20 ans.

Selon la BBC, des troupes israéliennes ont pénétré dans le camp ce lundi matin avant l’aube et pris pour cible la maison d’un militant palestinien, emprisonné par le gouvernement israélien. L’attaque israélienne se serait poursuivie jusqu’à tard dans l’après-midi, où les soldats israéliens se sont retirés, avec le soutien d’un hélicoptère d’assaut et de transport.

Quatre ambulances ont été directement visées par des tirs de l’armée israélienne d’après Nibal Farsakh du Croissant Rouge palestinien (organisation nationale de secours palestinienne membre du mouvement international de la Croix Rouge) cité par Aljazeera. Le Dr Mahmoud al-Saadi, directeur à Jénine du Croissant rouge, a déclaré à la BBC : « Nous travaillons dans des conditions très difficiles. Les forces d’occupation israéliennes ont perturbé la circulation des ambulances et empêché les équipes médicales d’intervenir. » Des journalistes palestiniens ont également été pris pour cibles. Le photojournaliste Hazem Nasser, qui couvrait les évènements fait partie des blessés.

« La répression militaire ne fait qu’augmenter depuis l’élection de l’extrême-droite en Israël »

2022 a été l’année la plus meurtrière de ces 17 dernières années en Palestine. Le bilan humain s’est de plus nettement aggravé dans les premières semaines de 2023.

Cette nouvelle agression fait suite à au moins deux assauts contre Jénine cette année. Au mois de janvier, l’armée israélienne avait pénétré dans le camp de Jénine et tué 10 palestiniens dont deux enfants. Plus tard, en mars, 4 personnes étaient tuées dans une rue, à Jénine également, dont un enfant de 14 ans.

L’intensification du conflit en Cisjordanie montre un durcissement de la politique du gouvernement en Israël, dans un contexte de radicalisation vers l’extrême-droite et de la coalition gouvernementale de Netanyahu. Pour B’Tselem, « les incursions militaires dans Jénine et d’autres villes et camps de réfugiés en Cisjordanie, sont devenues une affaire de routine, et, en Israël, la conduite des militaires n’est jamais remise en question ».

Ce nouvel assaut s’inscrit dans un contexte d’escalade militaire israélienne dans les territoires occupés. En effet, « 2022 a été l’année la plus meurtrière de ces 17 dernières années en Palestine […]. Le bilan humain s’est de plus nettement aggravé dans les premières semaines de 2023. » S’ajoutant aux massacres de Jénine, en février 2023, suite au meurtre de deux israéliens, 400 colons israéliens ont lancé un raid punitif contre la ville de Huwara, en Cisjordanie occupée, faisant un mort, des centaines de blessés, et plusieurs dizaines de maisons et de voitures brûlées. En février également, un raid de l’armée israélienne, a fait 11 morts palestiniens et 102 blessés par balles à Naplouse.

Le ministre israélien des Finances, de la coalition gouvernementale d’extrême-droite, Bezalel Smotrich, a appelé dans un communiqué à l’utilisation de forces aériennes et de tanks dans les opérations dans le nord de la Cisjordanie et au lancement d’une vaste campagne militaire en Cisjordanie : « Il est temps de remplacer les pinces à épiler, par une vaste opération visant à éradiquer les nids de terroristes dans le Nord de la Samarie et à rétablir la dissuasion en termes de sécurité dans la région ». Il a également déclaré : « Le temps est venu d’envoyer des forces aériennes et des chars pour protéger la vie de nos combattants ».

« La répression militaire en Cisjordanie n’a fait qu’augmenter depuis l’inauguration du nouveau gouvernement d’extrême droite de Netanyahu en décembre », explique à Révolution Permanente Matan Kaminer, anthropologue et militant de la gauche radicale israélienne. Elle ajoute : « En ce moment, il est difficile de dire s’il y aura une invasion à large échelle des forces armées de terre, mais il est clair que l’aile droite du gouvernement serait en faveur d’un tel assaut, entre autres raisons pour détourner l’attention de l’échec de son projet de réforme judiciaire et de leur chute dans les sondages. »

Ainsi, cette escalade de violence de l’État palestinien s’inscrit dans une séquence d’instabilité politique importante, marquée par une crise interne profonde que vit le gouvernement depuis son élection, et après l’annonce de réformes judiciaires par Benjamin Netanyahou.