Les policiers qui manifestent en grande partie illégalement depuis plus d’une semaine dénoncent le « laxisme » du gouvernement, avec comme appui d’un côté le gouvernement lui-même qui les reçoit et les écoute, et de l’autre, les médias qui les couvrent et relayent abondamment leurs revendications. Cela pour obtenir plus de moyens pour réprimer ainsi qu’un renforcement de l’impunité policière avec « la présomption de légitime défense » (plus besoin de justifier d’une situation de légitime défense). Une impunité dont ils bénéficient en réalité déjà dans les faits. Pour preuve, la relaxe du policier responsable de la mort d’Amine Bentounsi en 2012 d’une balle dans le dos, l’état de l’enquête sur les circonstances de la mort d’Adama Traoré cet été, mais également les nombreux cas d’abus policiers ayant entraîné, notamment au tir de flashball, des mutilations graves, qui n’ont encore jamais entraîné de peines pour les policiers. Derrière cette revendication à la présomption de légitime défense, c’est véritablement un permis de tuer officiel que revendiquent les policiers, un permis de tuer qui leur est déjà concédé dans la pratique.

De même, les chiffres, ne semblent pas non plus aller dans leur sens et montrent que le nombre de personnes écrouées n’a cessé d’augmenter depuis le début du quinquennat passant de 77 674 recensés en Juin 2012 (dont 66 915 détenus) à 78 767 (dont 68 253 détenus) en septembre 2016.

Les réformes pénales instaurées par l’ex-ministre de la justice n’ont pas empêché l’augmentation de la population carcérale dont le taux de surpopulation est estimé à 116% dans le rapport du ministère de la Justice de septembre 2016 avec plus de 40 établissements ou il dépasse les 150 % … Plus d’un an après l’instauration de la réforme, on compte moins d’un millier de cas d’utilisation de la contrainte pénale (peine exécutée en milieu ouvert) recensés.

Avec l’état d’urgence, les policiers ont de nouveau été permis de conserver leurs armes sur eux en permanence, y compris en dehors des heures de services, des mesures ont été prise afin d’assurer la protection de leur anonymat, les préfets ont désormais le pouvoir de réaliser des perquisitions sans avoir besoin de passer par la juge d’instruction… en substance, les pouvoirs de la police se sont retrouvés décuplés sous le quinquennat Hollande et l’instauration de l’état d’urgence permanent.

En ce qui concerne le budget attribué à la justice et à l’administration pénitentiaire il n’a jamais cessé d’augmenter et devrait dépasser les 8 milliards d’euros pour 2017, un nouveau record pour ce ministère. Avec 815 millions d’euros supplémentaires débloqués en 2016 pour la sécurité, et la création de 5 000 postes supplémentaires dans la police et la gendarmerie, voilà qui laisse augurer une politique toujours plus répressive …

Non vraiment, les policiers n’ont rien à redire du gouvernement Hollande à leur égard qui les a choyé admirablement depuis le début de son quinquennat en étendant leur pouvoir et leur moyens pour réprimer et tuer, en particulier dans les quartiers où ces derniers mènent des contrôles de ticket à la manière d’opérations anti-terroristes (voir le cas de Guillaume Vadot). Qu’à voir leurs revendications sans cesse écoutées et prises en compte par les autorités, ils aient pu se sentir pousser des ailes jusqu’à aller manifester, de manière illégale et encagoulée dans les rues des grandes villes de France, cela est clair. Mais rien ne dit, à ce titre, qu’ils seront prêts à s’arrêter là, si, comme le prêtent à croire la nouvelle concession qu’Hollande et son gouvernement s’apprête à leur faire, il leur suffit de battre à 100 le pavé pour obtenir ce qui leur est gré.