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Seydou Bagaga, 34 ans père de famille, a perdu la vie pour que La Poste fasse des économies. En 2012, il est employé par un sous-traitant de la filiale de La Poste, Coliposte. Ce malien est mort noyé essayant de récupérer un colis dans l’eau alors qu’il le livrait sur une péniche.

Comme le révèle France Info, l’inspection du travail a démontré que le jeune malien venait d’obtenir son titre de séjour et que son employeur DNC Transport ne l’avait pas déclaré. Pour tenter de se protéger, l’entreprise a déclaré son salarié une heure après sa mort. L’inspection du travail a également prouvé que Coliposte qui sous-traitait à DNC Transport ne pouvait ignorer la situation.

France Info explique que « le représentant du ministère public avait dénoncé "une opération à but lucratif ayant pour objet exclusif le prêt de main-d’œuvre hors du cadre légal du travail temporaire", mais aussi pour "marchandage" (prêt de main-d’œuvre ayant entraîné un préjudice pour un ou plusieurs salariés) » dans son réquisitoire. Selon Mediapart, Seydou Bagaga « travaillait parfois jusqu’à 19 heures, dans l’espoir d’être titularisé ».

Le tribunal correctionnel de Nanterre a condamné La Poste à une amende de 120 000 euros pour prêt de main-d’œuvre illicite. L’ex-directeur de l’agence Coliposte d’Issy-les-Moulineaux a été condamné à six mois avec sursis pour travail dissimulé.

Les travailleurs sous-traitant de La Poste ont des conditions de travail au rabais, une sécurité et une formation plus que minimum qui permettent une économie maximale des coûts, pour une livraison à « flux tendu », pressurisant à l’extrême les salariés. D’après Sud-PTT, partie civile avec la CGT et Unsa-Postes, le recours à la sous-traitance est passé de moins de 25% à 73% en Ile-de-France entre 2006 et 2012. Les sous-traitants ont-ils les tournées les plus dures ? D’après Sud-PTT, relayé par France Info, ils « travaillent six jours sur sept, sans congés payés ni jours de récupération et dans des amplitudes horaires bien supérieures à celles des "colipostiers" (...) pour une rémunération bien moindre ». En effet, ils livrent en moyenne 2500 colis par mois et sont payés à la tâche, 60 centimes d’euro le colis.
Une situation qui pousse les livreurs à livrer toujours plus pour avoir une rémunération décente. Une situation qui n’est possible qu’avec la privatisation de La Poste et sa mise en concurrence.

Si l’avocat de La Poste expliquait que que c’était le gérant de DNC Transport qui avait « embauché de façon clandestine monsieur Bagaga » et fixait sa rémunération – et donc est seul responsable - la réalité est tout autre. C’est La Poste qui fait appel à des sous-traitants pour son propre intérêt et pour ses économies en s’exonérant de ses obligations légales. Le groupe peut se décharger ainsi de sa mission de service public et se concentrer sur ce qui est rentable, l’assurance et la banque, bien évidemment au dépend des travailleurs qui perdent la vie pour un salaire de misère.