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L’EXTREME-DROITE PAVOISE

La poussée du FN alimente les groupuscules fascisants ou identitaires

Le FN est le grand vainqueur du premier tour des régionales. Il aurait d’ailleurs pu se passer de faire campagne lui-même et simplement laisser faire Hollande qui, brandissant la menace du terrorisme, a développé et pratiqué, depuis le 13 novembre, tout ce dont l’extrême droite fait son idéologie ordinaire. Prenant l’ascenseur en sens inverse, la stratégie de dédiabolisation de Marine le Pen, opiniâtrement menée depuis plusieurs années, est payante aujourd’hui. Partie à la conquête d’un nouveau visage « acceptable » et d’une place au grand soleil des institutions républicaines, elle a laissé sur sa propre droite un espace pour le développement d’une constellation de petits groupes ou de partis plus ou moins « ultras ». Loin d’être étouffés par le grand frère FN, Ils croissent dans son ombre et certains récupèrent eux aussi la mise.

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Une poussée du FN et de l’extrême droite en général

Le franc succès du FN n’a évidemment échappé à personne. Arrivé en tête dans la moitié des régions et avec un résultat national de près de 27,7 % des suffrages, il a confirmé et même largement dépassé les scores très favorables que prévoyaient les sondages. Mais le parti de Marine Le Pen n’est pas le seul à avoir tiré son épingle du jeu. Des formations de la mouvance d’extrême droite ont elles aussi, à partir d’une surface moindre, connu des progressions sensibles, voire des scores non négligeables.

Si on prend l’exemple de la région Grand Est – (Alsace-Ardennes-Lorraine) l’une des régions que le FN gagnera très probablement lors du second tour, on trouve parmi les listes d’extrême droite, outre la liste du FN, à sa droite, la liste de l’UPR (parti conspirationniste) avec un score de 1,1%, la liste régionaliste pro alsacienne avec 4,7 %. Sur la ligne du souverainisme de droite, on trouve aussi la liste « Debout la France » de Dupont-Aignan, avec 4,9%. Ce sont ainsi 10,7% qui viennent s’ajouter au score de 37,6 % du FN.

Plus largement, le parti souverainiste« Debout la France » est en mesure de fusionner dans 3 régions Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes, Ile-de-France et Bourgogne-Franche-Comté, où ses listes ont obtenu entre 5 et 10%. Nationalement, les listes souverainistes recueillent près de 4% des voix.

L’UPR, parti conspirationniste et ultra nationaliste qui a le vent en poupe a, quant à lui, réussi à présenter des candidats dans toutes les circonscriptions. Alors qu’il n’avait recueilli que 0,41% aux élections européennes de 2014 à l’échelle nationale, il multiplie ses voix par 4.

De vieux fondements idéologiques mis au goût du jour

Le succès du FN au premier tour des régionales résulte de l’enchaînement de trois périodes qu’il capitalise aujourd’hui. D’abord, un fonds de commerce que le FN de Jean-Marie Le Pen a cultivé depuis sa création, il y a 40 ans. Ensuite, la captation de nouvelles couches moyennes, des agriculteurs, et du petit patronat, craignant le déclassement social sous l’effet de la crise, de l’austérité et du chômage à partir des années 2000. C’est aussi parmi les ouvriers, dont 43% ont voté pour le Front national, et la jeunesse (35%), qu’il se consolide. Enfin, la récupération et l’instrumentalisation des évènements de 2015, avec l’épisode Charlie, la « crise » des migrants et les attentats du 13 novembre et, pour clore le tout, la campagne sécuritaire, raciste, liberticide orchestrée par le gouvernement lui-même.

Tout ce matériau historique forme un ensemble de « thèmes » dans lequel le FN puise en fonction des circonstances.

Première idée, « conquérir le pouvoir pour l’exercer ». C’est ce qu’a visé toute la période depuis 1972 jusqu’à aujourd’hui sous l’impulsion de Bruno Mégret, puis aujourd’hui avec Marine Le Pen.

Deuxièmement : « se réclamer de l’héritage républicain ». Marine Le Pen ne se pose pas en « révolutionnaire » mais « en héritière de 1789 ». Ce qui lui permettait hier soir de dire, en stigmatisant les positions de ses challengers entre les deux tours, « qu’elle ne voyait pas beaucoup de républicains autour d’elle », à part elle-même.

Troisième axe : « dénoncer l’islamisme sous couvert de laïcité », orientation rêvée, après l’épisode « je suis Charlie » et les attentats du 13 novembre, et alors même que la manifestation pour commémorer la loi de 1905 et la laïcité était interdite par le gouvernement PS.

Quatrième cheval de bataille : « se battre contre l’immigration au nom de la défense de l’emploi des Français » et s’opposer à l’accueil des migrants au prétexte que « l’on ne peut accueillir toute la misère du monde ». Du velours, au moment où la répression des migrants organisée par Hollande et ses nervis légitime la position du FN et lui profite directement avec un score à Calais, de 49,10% contre 13,75 % pour la liste d’union de la gauche.{{}}

Dernier point : « s’ériger en rempart contre le système des élites » et « défendre les Français contre les visées étrangères, les menées subversives, l’égoïsme de classe, la dictature des oligarchies ».

Histoire de ne pas laisser entièrement le champ libre aux conspirationnistes dont la montée relative indique une frange d’électorat potentiel.

Un grand filet pour ratisser large

En l’absence d’une alternative suffisamment crédible à l’extrême gauche, c’est sur le lit de la misère sociale et des politiques anti-ouvrières, d’un racisme institutionnalisé et d’un gouvernement au service du MEDEF que la mouvance d’extrême droite gagne progressivement du terrain sur des tranches d’âge et des couches sociales plus larges. Cela se combine, sur fond de « normalisation » du FN, à des discours jouant sur la complémentarité, les nuances et les « divergences ».

Complémentarité entre Marine et Marion Maréchal Le Pen qui, contrairement aux prudentes formulations de sa tante, cultive ouvertement un racisme anti-musulman exacerbé et fait appel aux « valeurs chrétiennes » plutôt qu’à la laïcité.

Divergence formelle avec Dupont-Aignan, transfuge de l’UMP qui a toujours tenu à se démarquer du FN sur le terrain du racisme mais ne présente désormais plus beaucoup de différences avec lui.

Concurrence sous des formes modérées avec L’URP qui, sur des bases nettement conspirationnistes inspirées des soraliens, pousse en outre jusqu’au bout l’ultra nationalisme avec sa théorie de la triple sortie, de l’euro, de l’Union Européenne et de l’OTAN.

Un pot-pourri de positions abjectes que le gouvernement Hollande, fauteur d’état d’urgence, banalise en réprimant les migrants, en assignant à résidence des personnes simplement suspectées d’opposition potentielle, en mettant en garde à vue des centaines de manifestants pour la simple liberté de manifester.


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