Ce mercredi, Laurent Berger a annoncé qu’il tirerait prochainement sa révérence, au profit de l’actuelle numéro 2 de la confédération, Maryse Léon. Une façon d’adresser un signal supplémentaire de sa volonté d’en finir avec la mobilisation contre la réforme des retraites, quand bien même 60% de la population souhaite sa poursuite d’après un sondage.

A cette occasion, Laurent Berger a livré un aveu d’échec sur sa propre stratégie pour le mouvement. « Le syndicalisme sort gagnant » de la mobilisation contre la réforme des retraites commence-t-il. Mais il ne faudrait pas que « les salariés [croient] que c’est la succession de journées de mobilisation qui feront revenir le président de la République en arrière, alors qu’il y en a eu douze et qu’il ne nous a ni reçus ni écoutés ».

Un désaveu explicite de la stratégie menée et défendue avec acharnement par la CFDT ces trois derniers mois. Le 31 janvier dernier, Laurent Berger assumait ainsi : « le durcissement à tout crin, c’est perdre une partie de l’opinion. La CFDT, elle n’est pas pour appeler à la grève reconductible ». Les trois mois qui succèderont n’ont pas changé la donne, conduisant même Laurent Berger à condamner la grève reconductible des éboueurs ou à critiquer les appels à bloquer l’économie.

Désormais, Laurent Berger est obligé d’assumer l’impuissance de « la succession de journées de mobilisation ». Un « bilan » qui ne sert cependant qu’à appeler à enterrer le mouvement en cours. Il faudra se mobiliser le 1er mai, nous dit Berger, mais ensuite ne « plus faire perdre des journées de salaire, du fait de grèves, à des travailleurs de la deuxième ligne, en faisant miroiter une issue positive et en terminant avec des mobilisations chétives, à 100 000 personnes dans la rue sur toute la France ».

Une logique totalement défaitiste, qui voudrait acter la fin du mouvement. Or, si Berger affirme qu’« il faudra que nous rediscutions de la stratégie à adopter », cela implique de faire le bilan que le syndicalisme d’accompagnement et de collaboration de classe défendu par Laurent Berger a fait la démonstration ces derniers mois de son impuissance.

Alors que le gouvernement reste affaibli, que l’inflation explose et que la colère est toujours aussi forte, comme en témoignent les comités d’accueils réservés au chef de l’Etat et à ses ministres à chaque fois qu’il se hasardent à sortir en public, il est toujours possible de gagner. Pour cela, il faudra rompre pour de bon avec la stratégie qui a mené la mobilisation dans le mur et s’organiser à la base. C’est ce sur quoi insistaient les nombreux grévistes réunis avec le Réseau pour la grève générale ce mardi : « la grève générale ne tombera pas du ciel. ».