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Répression syndicale

Les grévistes de RTE arrêtés par la DGSI condamnés à des amendes : l’Etat s’acharne et fait appel

Après le procès des quatre salariés de RTE en février, traités comme des terroristes dans le cadre d’actions syndicales traditionnelles, le juge a condamné les grévistes à des amendes contre les réquisitions de la procureure. Le parquet vient de faire appel.

Arthur Nicola

17 avril 2023

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Les grévistes de RTE arrêtés par la DGSI condamnés à des amendes : l'Etat s'acharne et fait appel

Crédits photos : Révolution Permanente

Le message est clair : il faut réprimer toujours plus. C’est en tout cas le souhait du parquet de Paris après le rendu du jugement des quatre salariés de RTE poursuivis pour des faits de grève. Rappelons rapidement l’affaire : en juin et juillet, alors qu’une grève est en cours chez RTE (responsable du transport d’électricité en France), quatre salariés vont « passer en local » des postes électriques. Ce « passage en local », une action symbolique régulièrement mise en œuvre durant les grèves chez Enedis et RTE, va être l’occasion d’une chasse à l’homme de la direction qui veut faire des exemples. Jouant de ses liens avec la DGSI, le directeur de la sécurité va faire croire qu’une attaque terroriste de l’étranger a eu lieu. Après une enquête totalement à charge de l’antiterrorisme, les quatre salariés sont licenciés de RTE et arrêtés par la DGSI à leur domicile avant d’être mis en garde à vue plus de 70h dans les locaux antiterroristes de Levallois.

Pour aller plus loin : Procès des grévistes de RTE : l’entreprise, un général et la DGSI alliés dans la répression syndicale

Les salariés avaient plaidé coupable « d’entrave au fonctionnement d’un système de traitement automatisé de donnée » et non coupable de deux autres chefs d’inculpation tout en demandant une requalification en infraction et non en délit. Le 28 mars, les juges ont rendu leur jugement, condamnant les 4 salariés à des peines de 5000 à 10 000€ d’amende, sans inscription au casier judiciaire, refusant la requalification en infraction. Pour Francis Casanova, délégué syndical central de RTE, « le procès avait permis de montrer de façon très claire les mensonges de la direction de RTE, y compris l’instrumentalisation des services de police et de justice, parce que la direction avait saisi la DGSI pour faire croire à une cyberattaque alors qu’elle savait depuis le début que c’était une action purement symbolique dans le cadre d’une lutte pour les salaires ». Dans ce sens, alors que la procureure avait demandé 6 à 8 huit de prison avec sursis, le jugement était une semi-victoire : « les juges n’ont pas suivi la ligne très répressive de la procureure. Mais ils ont quand même donné un signal dans le climat social actuel, avec des sanctions financières lourde pour réprimer des actions syndicales classiques » note le syndicaliste.

La décision est un coup de massue pour les quatre salariés, qui étaient soulagés de n’avoir ni peine de prison ni d’inscription au casier judiciaire et espéraient tourner la page. Selon nos informations, les quatre ont retrouvé du travail malgré leur licenciement. « On veut broyer des salariés exemplaires, pères de famille, d’une trentaine d’année, parce qu’ils ont eu le tord de faire grève face à une direction intransigeante » dénonce le délégué syndical central, qui avait été entendu comme témoin au procès.

Pour la CGT RTE, les sanctions sont avant tout politiques. « Dans son réquisitoire, le juge a précisé que « les faits n’avaient pas cessé », évoquant les grèves contre la réforme des retraites et les passages de poste en local. On fait payer ces quatre salariés pour des faits de grève alors qu’ils ne sont plus salariés depuis l’automne » dénonce de son côté Fabien Boucher, élu au CSE-C et salarié sur la plaque Nord-Est de RTE. Une justice politique, qui veut donc continuer de faire des exemples, alors que l’énergie n’a cessé d’être à la pointe de la lutte contre la réforme des retraites. « Quand il ne se passe pas grand-chose, on a l’impression de vivre une relative liberté, mais dans les moments de lutte, on voit qu’il ne reste plus que les corps répressifs : la police, la justice, l’armée, c’est ça finalement l’essentiel de l’Etat, conclut Francis Casanova. Cela participe à une prise de conscience des travailleurs sur les illusions parlementaires et le caractère démocratique de notre société, qui est une dictature du Capital. Quand on utilise des services antiterroristes pour réprimer des grévistes qui font des actions symboliques, on est dans un Etat policier ».

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Arthur Nicola

Journaliste pour Révolution Permanente.
Suivi des grèves, des luttes contre les licenciements et les plans sociaux et des occupations d’usine.
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