En 2022, 38 000 personnes ont été expulsées de leur logement. C’est le « chiffre record » qu’a publié la fondation Abbé Pierre le 31 octobre, la veille de la trève hivernale pour les expulsions. L’association alerte à une hausse de 130% des expulsions en 20 ans, et prédit une explosion de ce chiffre dans le bilan de 20s23, alors que l’inflation, la loi anti-squat, et les politiques répressives n’ont fait qu’accentuer la crise du logement actuelle. En France, ce sont ainsi, 2,4 millions de personnes qui sont en demandent de logement social ; plus de 93 000 qui attendent un relogement dans le cadre du DALO (droit au logement opposable) ; et plus de 8 000 personnes dont 2 800 enfants qui se voient privées d’un logement d’urgence, faute de place. 330 000 personnes sont sans abri.

Dans un contexte d’inflation et de précarité grandissantes, les expulsions sont une catastrophe pour les personnes et les familles impactées. Le gouvernement est le principal responsable de cette escalade sécuritaire et anti-pauvre, la fondation et ses antennes régionales «  déplorent le fait que l’Etat continue de bafouer quotidiennement la loi et les règles qu’il édicte lui-même  ». Une politique répressive qui va aller en s’accentuant avec la récente loi « anti-squat » votée en début d’année 2023, qui tend à généraliser les expulsions expéditives ainsi qu’à donner tous les droits aux propriétaires. En résulte la criminalisation continue des victimes du mal-logement, le plus souvent pauvres et immigrés, afin de justifier les politiques austéritaires que cherche à imposer le gouvernement.

Face à la crise du logement et l’explosion des prix qui y contribue, la politique du gouvernement est violente. La situation du logement des étudiants précaires lors de la rentrée 2023 l’illustre parfaitement : en septembre, plusieurs milliers d’étudiants étaient sans logement au Crous, certains se sont retrouvés à vivre en camping faute d’accès à des logements au Crous. Dans le sillon tracé par le gouvernement, en octobre 2023, Sylvie Retailleau a tranquillement annoncé l’expulsion des étudiants de leur logement Crous pendant la période des Jeux Olympiques de 2024.

Des politiques d’expulsions qui servent également de punition raciste, à l’instar de l’annonce récente d’Elisabeth Borne, dans le cadre de son plan “anti-émeutes”, qu’elle demanderait aux préfets de ne plus installer les ménages prioritaires DALO dans les logements sociaux dans les quartiers populaires, et de ne plus créer de place d’hébergement d’urgence dans ces même zones. En septembre, le ministère de l’intérieur a demandé aux bailleurs sociaux d’expulser les familles de jeunes qui ont été condamnés après des violences urbaines ou de la délinquance.

L’accès à un logement digne pour toutes et tous est un combat dans lequel nous ne pourrons accorder aucune confiance en l’Etat et ses institutions. C’est un combat large, au plus près des luttes, comme celle contre l’expulsion de réfugiés à la fac du Mirail à Toulouse qui doit être mené pour faire face aux politiques austéritaires dans leur ensemble, afin d’arracher la réquisition de tous les logements vides, contre la spéculation immobilière et le mal logement, accentués par l’offensive xénophobe, raciste et anti-sociale du gouvernement !