Une violente attaque contre le droit de grève sur un secteur stratégique de l’aérien

Avant l’été, le sénateur Vincent Capo-Canellas membre de l’UDI (centre droit) avait déposé un projet de loi visant à attaquer le droit de grève des aiguilleurs du ciel. La proposition de loi finalement intitulée « loi relative à la prévisibilité de l’organisation des services de la navigation aérienne en cas de mouvement social et à l’adéquation entre l’ampleur de la grève et la réduction du trafic » a été définitivement adoptée le 15 novembre à l’Assemblée nationale.

Concrètement, les ICNA (ingénieur du contrôle de la navigation aérienne) et les TSEEAC (technicien supérieur des études et de l’exploitation de l’aviation civile) sont maintenant obligés de se déclarer grévistes au moins 48 heures avant le début d’une grève, permettant au patronat de l’aérien de minimiser l’impact des mobilisations.

L’USAC CGT dénonce ainsi « un recul majeur qui a déjà été expérimenté dans d’autres modes de transport avec tous les abus qui ont pu être constatés dans de grandes entreprises comme la SNCF ou Air France » dans son préavis de grève publié le 13 novembre. C’est donc une attaque violente contre le droit de grève qui touche aujourd’hui ce qu’on appelle plus communément les aiguilleurs du ciel.

De plus, cette nouvelle limitation du droit de grève vient s’ajouter à un service minimum déjà imposé dans le secteur. Ce qui a pour conséquence de faire des agents de la DGAC des salariés avec un droit de grève ultra restreint. Comme l’indique le tract intersyndical de la CFDT aviation civile, USAC CGT et de l’UNSA ICNA : « aucune autre profession, en France, n’aura alors un droit de grève, droit constitutionnel, aussi réglementé et contraint ».

Les syndicats appellent à la mobilisation le 20 novembre pour défendre le droit de grève

Face à l’offensive anti-grève, l’intersyndicale UNSA-ICNA, USAC-CGT et CFDT aviation civile appellent à la mobilisation lundi 20 novembre pour défendre le droit de grève. Un mouvement qui s’annonce suivi car la direction générale de l’aviation civile a déjà annoncé la suppression de 25 % de leur programme de vols à Paris-Orly et à Toulouse-Blagnac. Concernant les aéroports de Bordeaux-Mérignac et de Marseille-Provence, les compagnies aériennes ont été appelées à réduire les vols de 20 %.

De son côté, le Syndicat national des contrôleurs du trafic aérien (SNCTA), qui est majoritaire dans le secteur, affiche en première page de son site qu’il n’appelle pas à la grève lundi. Le syndicat va même jusqu’à accompagner l’offensive anti-grève en se prononçant en faveur du texte de loi, justifiant cela par un engagement des pouvoirs publics sur un hypothétique « décret révisant le service minimum ». Un accompagnement de la politique anti-grève fortement dénoncé par les autres syndicats du secteur.

Comme l’indique le tract intersyndical d’appel à la grève, cette attaque intervient « alors que l’administration lance via la nouvelle négociation protocolaire, son projet le plus ambitieux à ce jour de casse sociale à base de restructurations majeures forcées et de flexibilité maximale de nos conditions de travail ». Plus largement, le secteur des aiguilleurs du ciel est aussi attaqué pour son rôle dans les récents épisodes de lutte des classe, comme cela été le cas durant la réforme des retraites avec des mobilisations importantes du secteur sur les différentes journées intersyndicales.

Souvent stigmatisé dans la presse bourgeoise comme des soit disant « privilégiés » à l’instar des raffineurs, ces secteurs de salariés sont surtout détesté par la bourgeoisie pour l’impact qu’ils ont lorsqu’ils se mobilisent. Ainsi, les aiguilleurs du ciel doivent être soutenus par l’ensemble de la gauche politique et syndicale dans leur combat contre cette attaque anti-grève.