Des centaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues de nombreuses villes des États-Unis samedi 14 mai pour manifester en faveur de l’avortement légal dans tout le pays, face à un éventuel arrêt de la Cour suprême qui pourrait annuler la dépénalisation de l’avortement, un droit fondamental garanti depuis 1973 aux États-Unis.

Sous le slogan « Bans off our bodies » (contre les interdictions faites à notre corps), plus de 450 manifestations, rassemblements et activités ont été organisés à Washington, New York, Boston, Chicago, Austin, Atlanta, Los Angeles et dans des centaines d’autres villes du pays.

L’une des plus importantes s’est tenue à New York, où des milliers de personnes ont traversé le pont de Brooklyn pour se rendre à Foley Square, où se trouve la Cour suprême de New York. Les manifestantes, en majorité des femmes, portaient des pancartes avec des messages tels que « Touche pas à mon corps », « La maternité est un choix, pas une décision de l’État » et « L’avortement est un droit humain ».

A Los Angeles (Californie), la place de l’hôtel de ville était remplie de près de 5 000 personnes criant « Mon corps, mon choix ». Une autre grande manifestation a eu lieu à Austin, au Texas, où, il y a quelques mois seulement, la législature de l’État a adopté une loi interdisant les avortements après la sixième semaine de grossesse.

Pour rappel, ces mobilisations font suite à la fuite de l’ébauche d’un document du juge Alito le 2 mai qui serait plaidé devant la Cour suprême aux alentours du mois de juillet. Celui-ci soutient l’intention d’annuler « Roe v. Wade », le précédent juridique au niveau fédéral qui interdit aux États de criminaliser l’avortement, et représente ainsi une attaque historique contre les droits reproductifs aux États-Unis.

Si la majorité conservatrice de la Cour — six des neuf juges — devait se prononcer contre « Roe v. Wade », cela n’interdirait pas automatiquement l’avortement dans le pays, mais les États pourraient librement y opposer leur veto. Dans les faits, il est estimé que 26 États à majorité républicaine l’interdiraient ou l’aboliraient.

Le vote de la Cour suprême des États-Unis contre l’arrêt « Roe v. Wade » signifierait ainsi un recul historique contre le droit des femmes qui affecterait particulièrement les femmes les plus pauvres. Face à cela, les grandes mobilisations de ce week-end nous montrent la voie à suivre, comme l’ont fait les femmes en Argentine, au Chili, au Brésil, en Équateur, au Mexique, au Costa Rica, en Pologne, en Irlande et dans de nombreux autres pays. Il faut prendre la rue, les lieux de travail et les lieux d’étude, en toute indépendance de l’État, pour arracher ce droit fondamental et le défendre bec et ongles.