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Grève

Montpellier. A Gammes, les salariés en grève contre la fermeture partielle de l’accueil de jour

Dans un contexte d'explosion de la précarité, l'association Gammes se prépare à diminuer le fonctionnement des deux principaux accueils de jour de la ville et de son service de domiciliation postale. Les salariés se sont mobilisés ce jeudi 21 décembre.

Lucas Darin


et Elsa Lifour

21 décembre 2023

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Montpellier. A Gammes, les salariés en grève contre la fermeture partielle de l'accueil de jour

Crédit photo : Révolution Permanente

A l’heure où le nombre de personnes sans domicile explose dans les rues de Montpellier, l’association Gammes, un des principaux employeurs du secteur du social dans l’Hérault avec près de 1400 salariés, a annoncé à ses équipes la réduction du temps d’ouverture de son accueil de jour et de son service de domiciliation postale situés rue Saint-Claude. Dans le même temps, elle les prépare à la possible fermeture du deuxième accueil de jour situé dans le quartier de Richter faute de financement suffisant de la Métropole. A l’heure où le maire PS de la ville, Michaël Delafosse, était en train de festoyer place de la Comédie, les salariés se mobilisaient contre la fermeture de structures indispensables à la survie d’autres habitants de Montpellier.

Une attaque sans précédent contre un service essentiel pour des centaines de personnes

L’association dirige deux des trois accueils de jours sur Montpellier, qui sont des services essentiels dans l’accompagnement des personnes précaires. En 2022, l’accueil de jour du centre-ville compte 76 532 passages au petit déjeuner à l’année, soit près de 300 par matin, et 17 176 douches soit près de 70 par jour. Pour la domiciliation postale, c’est le principal service de domiciliation qui existe sur la ville, hors service obligatoire de la métropole. Il permet à 1401 personnes SDF ou demandeurs d’asile d’être domiciliés, condition obligatoire pour ouvrir tout droits sociaux.

Alors que les chiffres 2021 du SIAO 34 en charge de l’hébergement d’urgence nous apprennent que 80 % des demandes d’hébergements ne sont pas pourvues, et que la Nuit de la Solidarité 2023 a comptabilisé 2794 personnes sans domicile à Montpellier, ces services d’accueil de jour et de domiciliation sont plus que jamais indispensables. Pourtant, ces chiffres n’ont pas empêché la direction de Gammes Issue d’annoncer la fermeture de 2 heures par jour de l’ accueil de jour, et de 3 demi-journées par semaine du service de domiciliation postale à partir du 1er janvier 2023 ! Ces mesures auront des répercussions très concrètes sur les usagers de ces services, déjà dans une extrême précarité.

La colère des salariés face à une direction qui casse leurs conditions de travail

« C’est quoi leur limite ? » se demandent les travailleurs des services concernés. Un salarié témoigne alors sur le manque de personnel « nous sommes déjà à bout de ce que nous pouvons faire et nous faisons notre travail déjà très mal ». Tous s’inquiètent pour les personnes qu’ils et elles accompagnent. Cela fait bien longtemps que le service se dégrade, en témoigne la grève des salariés il y a 4 ans pour dénoncer les situations de violences qui éclatent sur le service. Encore aujourd’hui, « c’est au moins deux agressions par semaine » témoigne une salariée. Ce sont les conséquences directes d’un manque de moyen, de temps, de disponibilité et d’une augmentation des mesures politiques qui précarisent toujours plus les personnes : Loi RSA, Réforme du chômage, Loi Asile et Immigration.

Ces mesures de réduction des services ont évidemment une conséquence directe sur les emplois des salariées de l’association. Une conséquence visiblement peu importante pour la direction, qui annonce en réunion institutionnelle la réduction du temps de travail de certains salariés, la suppression de certains postes, le déplacement d’employé d’un service à un autre et a fini par proposer comme solution de mettre ses forces dans la recherche de bénévoles.« Tu te rends compte du niveau de mépris, tu apprends que ton poste va sauter en réunion institutionnelle ! » témoigne Jeanne, choquée.

La direction de l’association aimerait aujourd’hui convaincre ses salariés qu’elle se situe dans le même camp qu’eux, et n’a pas d’autre choix que de se plier aux exigences des financeurs en essayant de trouver les meilleures solutions possibles. Un discours bien loin de la réalité dans laquelle les directions d’associations sont toujours plus promptes à sacrifier des salariés précaires ou exploiter des bénévoles, plutôt qu’à payer les jours de grève pour engager un rapport de force avec les financeurs du secteur.

Dans un secteur où les fonctionnements et les comptabilités sont opaques, les équipes de direction préfèrent souvent les beaux discours larmoyants sur le manque de moyens plutôt que la transparence sur leurs salaires ou sur les coûts des travaux de sièges et de bureaux refaits à neufs régulièrement. Une réalité dont les salariés de Gammes mobilisés sont bien conscients, et revendiquent donc des explications sur les comptes de l’association et plus de transparence.

Un premier jour de grève avant une mobilisation plus importante ?

Pour s’opposer à ces attaques, une trentaine de salariés des services concernés se sont mis en grève ce jeudi 21 décembre et ont tenu un piquet devant les portes de l’Accueil de jour, rejoints par des travailleurs sociaux d’autres associations et des personnes accompagnées venus témoigner leur soutien. Une petite démonstration qui prouve la volonté de lutter qui existe dans l’association, et qui a permis aux grévistes de se rencontrer, de faire l’état des lieux du secteur et de décider d’un plan de bataille.

Sur le piquet, les conversations passaient de la dégradation des conditions d’accueil à la Loi Immigration, des difficultés rencontrées sur les différents services, au poids de l’inflation. La question de l’utilisation de la médiatisation comme outil efficace dans le rapport de force s’est posée pour les grévistes. D’autres discutaient de comment lutter dans le travail social et de l’enjeu de se mobiliser contre la Loi Immigration qui aura un impact considérable sur de nombreuses personnes accompagnées.

Une chose est sure : la détermination est bien au rendez-vous pour ne pas laisser le gouvernement, les financeurs et les directions d’association détruire le secteur du social ! En assemblée générale, les salariés grévistes ont décidé de poursuivre et élargir leur mobilisation dès le début du mois de janvier, à travers des assemblées inter-services pour fédérer les colères, et une nouvelle journée de mobilisation cette fois devant la Direction Départementale de l’Emploi, du Travail et des Solidarités (DDETS), principal financeur du secteur.


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