Gérard B., correspondant TAM, et Dom Thomas

Le syndicaliste, qui se sentait surveillé à chaque fait et geste, a dénoncé l’utilisation de la caméra de surveillance installée au-dessus du poste de conduite dans les bus : présente officiellement pour protéger le conducteur, qui peut déclencher une alerte et un enregistrement en cas d’agression ou de difficulté, Philippe Cougouluegne s’est vu reprocher il y a quelques semaines d’avoir été vu en train d’interrompre son service pour aller aux toilettes et prendre un café. Abasourdi, le conducteur a saisi la CNIL dès le 27 mars. C’est à partir de ce moment-là qu’il a été convoqué par sa direction à deux reprises pour des entretiens préalables à des sanctions disciplinaires. Le syndicaliste dénonce une instrumentalisation des caméras en particulier à l’encontre des délégués du personnel, pour les faire passer devant le conseil de discipline. On peut y ajouter la négation d’un droit élémentaire comme celui d’aller aux toilettes, interdiction scandaleuse et dégradante qui tend à se multiplier dans les entreprises actuellement, dans l’industrie avicole aux Etats-Unis, dans les usines sud-coréennes Jura en Serbie ou dans les supermarchés français, à Téléperformance Blagnac et à Toyota Valenciennes.
Un sit-in de soutien a eu lieu le matin même devant les locaux de la TAM. On pouvait voir beaucoup de salariés venu témoigner leur soutien à leur camarade discriminé. Des élus FO venus en simple salariés ont promis qu’ils laisseraient pas cette affaire dans les placards, et qu’ils allaient interpeller la direction lors des prochains instances. Le fait marquant est malheureusement l’absence des élus CGT. Dommage que tous les syndicats ne fassent pas bloc devant cette affaire pour soutenir un collègue et camarade réprimé. Cette affaire serait l’occasion de faire une expérience d’intersyndicale, tant attendue par les salariés qui en ont marre de voir toujours la même direction gagner en divisant les trois syndicats ouvriers présents à la TAM.
La même direction de la TAM a refusé que Philippe Cougouluegne soit accompagné de son avocate, présente lors du sit in le matin même, et a reproché au syndicaliste l’organisation du sit-in : « si vous êtes sûr d’avoir raison, pas besoin de manifester : il y a des règles dans une entreprise », lui a-t-elle lancé. Comme si les salariés avaient quoi que ce soit à attendre de la justice des patrons !
Le camarade risque une mise à pied ; il faut espérer que les syndicats vont se décider à faire front commun pour renverser le rapport de force et surtout faire comprendre à cette direction que les caméras de surveillance sont là pour protéger les conducteurs, pas pour les surveiller.