Ce mercredi, le délégué syndical CGT du site Neuhauser de Furst, Christian Porta, a été mis à pied. Son patron voudrait le licencier en prétextant un « harcèlement moral » du syndicaliste… envers sa direction. Face à cette répression syndicale et alors que les dernières NAO (Négociations Annuelles Obligatoires) n’ont rien donné, la grande majorité des travailleurs de l’équipe de nuit ont débrayé dans la nuit de lundi à mardi. Ils revendiquent l’abandon de toute mesure à l’encontre du délégué syndical ainsi que des augmentations de salaires.

A 4h du matin, les grévistes se sont retrouvés pour échanger devant leur salle de pause. Unanimes, tous sont choqués par la situation. Quand il a appris la nouvelle, Jules* a pris « un coup de massue ». « S’ils peuvent s’attaquer au délégué syndical, ils peuvent attaquer n’importe qui » explique le salarié qui, comme ses collègues, n’a pas hésité une seconde à se déclarer gréviste. Pour Arnaud*, cette accusation de harcèlement n’est qu’un « prétexte » qui vise à instaurer la crainte au sein de l’entreprise. « Il y a les élections [syndicales] qui approchent et les NAO qui n’ont rien donné » explique le salarié. Pour lui, la nouvelle de la mise à pied de Christian a été « très mal prise » par l’ensemble des travailleurs. « C’est le premier à défendre nos droits » ajoute-t-il.

En fin de semaine dernière, alors que déjà la colère grondait suite à la décision de la direction, celle-ci a fait circuler un texte intitulé « Point sur le dossier disciplinaire de C. Porta ». Elle y explique que des « faits graves » ont été « remontés concernant le comportement de Monsieur Porta. Notamment des pratiques de harcèlement moral ». Pour les collègues de Christian, ce discours ne passe pas. « C’est totalement délirant ces accusations » témoigne l’un d’entre eux, quand un autre explique : « l’immense majorité des salariés le soutient. Si la direction s’attaque à lui, c’est parce qu’il défend bien les salariés ».

Et pour cause, grâce à la combativité de la CGT, le site a conquis d’importants droits : passage au 32 heures, embauches en CDI, réintégration de salariés licenciés ou encore primes et augmentations face à l’inflation. Tout l’inverse du projet de la direction, qui écrit également dans sa lettre que la grève est une atteinte « au pouvoir de direction de l’employeur » et demande à quiconque soutiendrait Christian de se signaler pour « envisager » une « sortie de l’entreprise dans les plus brefs délais ». Les patrons de la boulangerie industrielle se croit ainsi au début du XIXème siècle, lorsque la grève n’était pas encore reconnue comme un droit fondamental pour les salariés. Malheureusement pour eux, ils pourraient se retrouver rapidement sans aucun employé si ils tentaient de virer tous ceux qui soutiennent le délégué syndical, qui a reçu un très large soutien.

Après cette première nuit de débrayage, un autre piquet de grève est prévu pour midi et le reste de la semaine devrait être rythmée par des débrayages quotidiens. Vendredi, un rassemblement est appelé par la CGT Neuhauser devant le siège de l’entreprise au 18 avenue de Folschviller à 9h, pour l’entretien disciplinaire de Christian Porta. A l’heure où le mouvement ouvrier est confronté à une offensive anti-syndicale d’ampleur, il faudra être massivement présents pour exprimer sa solidarité avec tous les réprimés.

Pour soutenir les grévistes de Neuhauser, faite un don à la caisse de grève juste ici !

*Les prénoms ont été modifiés