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Répression

Offensive autoritaire : le gouvernement prononce la dissolution des Soulèvements de la Terre

Comme annoncé, Elisabeth Borne a pris en conseil des ministres un décret de dissolution des Soulèvements de la Terre. Une violente attaque contre le mouvement écologiste, qui s'inscrit dans une offensive autoritaire plus large du gouvernement.

Gabriella Manouchki

21 juin 2023

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Offensive autoritaire : le gouvernement prononce la dissolution des Soulèvements de la Terre

BFM TV

Darmanin l’avait annoncé dès les lendemains de la violente répression de Sainte-Soline, Macron l’a réclamé la semaine dernière : la dissolution des Soulèvements de la Terre (SDLT), qui regroupent différentes associations et collectifs écologistes, a été prononcée par décret ce mercredi en conseil des ministres, au nom de la « sécurité intérieure ». La ministre de l’intérieur s’est empressé de publier le texte sur ses réseaux sociaux en déclarant : « Aucune cause ne justifie les agissements particulièrement nombreux et violents auxquels appelle et provoque ce groupe ». Une sortie dans la droite lignée des annonces de Véran ce mardi : « la cause climatique ne justifie pas qu’on aille caillasser des gendarmes sur un champ ».

Pour justifier la dissolution, le décret cherche d’abord à criminaliser les SDLT en tant que « groupement de fait », cherchant à dépeindre le projet d’un « noyau dur de [trois] militants » de la « mouvance radicale » dont la filiation prendrait source dans «  l’ex-ZAD de Notre-Dame-Des-Landes ». Le texte cherche ensuite à démontrer le caractère « violent » de ce projet en s’appuyant sur une référence à l’ouvrage « Comment saboter un pipeline ? » ou encore une banderole « Tout brûler ». Enfin, les SDLT sont assimilés aux « Black Blocs », figure fréquemment mobilisée par le gouvernement pour tenter d’opposer « bons » et « mauvais » manifestants, en s’appuyant sur des pratiques aussi diverses que le port de masque en manifestation ou encore les appels internationaux à manifester qui « drainent des activistes étrangers violents  ». Une rhétorique réactionnaire et xénophobe qui, dans la continuité des dernières vagues d’arrestation dirigées contre les militants écologistes, vise in fine à traiter les militants des SDLT comme des terroristes qu’il s’agirait de neutraliser par la dissolution.

Alors que certains porte-paroles des Soulèvements, dont Benoît Feuillu, sont encore en détention suite à la vague d’arrestation ordonnée ce mardi, la dissolution constitue une attaque frontale contre le mouvement écologiste. Elle vise à intimider toutes celles et ceux qui, de Notre-Dame-Des-Landes au NO TAV en passant par Sainte-Soline, ont fait l’expérience d’une lutte écologiste qui ne peut être qu’opposée aux grandes entreprises, à Macron et sa police.Dans un communiqué, les SLDT dénoncent la nouvelle offensive du gouvernement : « Après nous avoir jeté ses grenades mutilantes au visage, il prétend que nous n’aurions plus le droit d’exister ensemble, ni de nous organiser. Il prétend maintenant dissoudre un soulèvement, par tous les moyens (...) Et si cette dissolution était en réalité un appel ministériel à rejoindre un grand mouvement de résistance ? »

À l’heure où Macron entend fermer au plus vite la séquence des retraites, le décret de dissolution des SDLT s’inscrit dans un processus de criminalisation du mouvement social. Si la bataille des retraites semble pour l’heure terminée, la répression des grévistes et de la jeunesse se poursuit dans les tribunaux, à l’instar de la procédure en cours contre les salariés de Tisséo en lutte pour leurs salaires. Des militants écologistes aux militants syndicaux, le gouvernement entend discipliner toutes celles et ceux qui, après avoir relevé la tête dans la dernière séquence, pourraient bien vite repartir au combat.

Plus largement, la dissolution des Soulèvements de la terre entérine la systématisation d’une méthode de gouvernement face à une contestation sociale explosive : de Baraka City et du CCIF, au Groupe Antifa de Lyon et Alentours (GALE) en passant par le média Nantes Révolté, le gouvernement enchaîne les dissolutions d’organisations musulmanes, antiracistes, antifascistes et plus largement contestataires. Une méthode qui vise à mater tout ce qui pourrait s’apparenter à un foyer ou symbole de la lutte contre l’État, l’exploitation et l’oppression.

Ainsi, la dissolution des Soulèvements de la Terre représente une attaque féroce contre l’ensemble de celles et ceux qui aspirent à s’organiser pour lutter contre le gouvernement et sa politique mortifère. Il est fondamental que l’ensemble des organisations politiques, syndicales et des mouvements sociaux fassent front ! Ce mercredi soir, les SDLT appellent à se rassembler partout dans le pays devant les préfectures et les sites Lafarge pour exiger la libération des personnes gardées à vue et la fin l’enquête. Plus de 90 rassemblements sont déjà recensés, soyons nombreuses et nombreux contre la répression, la dissolution et l’offensive sécuritaire du gouvernement !


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