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Casse du service public

Pas de métro après 21h30 à Marseille : une annonce surprise qui pénalisera les travailleurs

A Marseille, plus de métro après 21h30 en semaine, dès fin octobre. Une annonce surprise, et une provocation de plus pour les habitants, alors que les travailleurs des transports dénoncent depuis longtemps la dégradation du service.

Raji Samuthiram

29 septembre 2023

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Pas de métro après 21h30 à Marseille : une annonce surprise qui pénalisera les travailleurs

© Crédits photos : Creative Commons / Ingolf / Flickr

Dès la fin octobre, les deux lignes de métro marseillaises fermeront leurs portes dès 21h30 du lundi au jeudi, et ce jusqu’en 2025. Une décision prise à la dernière minute par la régie des transports métropolitains, sans la moindre communication auprès des usagers avant les révélations de la presse cette semaine. La raison invoquée serait de tester l’automatisation des nouvelles rames, prévue pour 2026-2027.

Une annonce surprise : plus de métro après 21h30 !

Mardi, Marsactu révélait que la RTM, dirigée par la conseillère de la métropole Catherine Pila (LR), prévoit de mettre en place seulement 26 bus pour permettre aux marseillais de se déplacer après 22h en semaine, et ce pendant au moins deux ans. Un scandale dans la deuxième ville de France, où la situation des transports est déjà dans un état lamentable avec seulement deux lignes de métro et peu de bus. Marseille n’a en effet que 35 km de rails urbains, loin derrière d’autres agglomérations de taille comparable comme Lyon, qui en compte 94.

L’offre des métros sera étendue ponctuellement les jours de matchs et des grands événements. Une délicate attention qui ne répondra en rien aux besoins des usagers réguliers qui dépendent du service pour se rendre au travail notamment. « Je prends le métro tous les jours et je suis obligé de le prendre pour rentrer et pour aller travailler , raconte un usager qui vit actuellement dans le nord de Marseille, Ça va impacter beaucoup de gens. Le bus ce n’est pas pareil, c’est plus petit et c’est moins pratique. ».

La fermeture des lignes s’appliquera dès les nuits du 23, 24, 30, et 31 octobre. A partir du 6 novembre, les essais pour préparer l’automatisation commenceront dès 21h30 du lundi au jeudi. L’ampleur des tests nécessaires témoigne avant tout de décennies de négligence cumulées, qui ne se résoudront pas avec quelques projets flash.

Car, en plus des inconvénients des horaires, c’est aussi le mépris de la métropole que dénoncent les usagers qui n’ont pas été informés ou consultés. L’automatisation des rames, un projet de 580 millions d’euros financés par la Métropole et par l’État, fait partie d’un de 15 projets de transport compris dans le plan “Marseille en grand”. S’il prévoit d’améliorer la fréquence des trajets et l’accessibilité, il ne répond pas directement au problème criant d’une ville hyper-inégalitaire : à savoir l’isolement des quartiers populaires déconnectés du centre de la ville, et la ségrégation sociale que cela provoque. L’arrêt du métro à 21h30 en semaine pendant deux ans ne fera qu’exacerber cette inégalité. Par exemple la station Désirée Clary, ne sera même pas desservie par le bus de substitution en raison des sens de circulation.

Qui survient après des années de casse du service public

Une décision qui fait écho à l’abandon des services publics par la métropole. En septembre 2022 déjà, les chauffeurs de bus de la RTM alertaient sur la situation des transports et dénonçaient des conditions de travail dégradées qui se répercutent sur les usagers, notamment en raison du manque d’embauches. « Plus de transports pour les marseillais ! réclamait Boris, un chauffeur RTM en grève auprès de Révolution Permanente il y a un an, en insistant sur le besoin de transports publics pour les habitants des quartiers populaires. Nicolas, délégué CGT interrogé sur le piquet de la RTM l’année dernière, nous éclairait dans le même temps sur la politique de la direction de l’entreprise : « une politique d’austérité économique, qui de fait dégrade les conditions de travail… Depuis plusieurs années à Marseille, la demande de la clientèle a explosé, et en revanche, notre offre en tant que service public soit stagne, soit régresse. C’est une décision politique qui vise à déstructurer le service public. »

Une situation qui perdure aujourd’hui, comme l’expliquait le syndicat FO dans un préavis de grève déposé avant l’arrivée du pape, et finalement relevé. Le syndicat y dénonçait des conditions de travail particulièrement pénibles sur la ligne 2 du métro, où les temps de battements ne permettent pas même aux conducteurs de s’arrêter pour une pause toilette. Dans ce contexte, l’automatisation promise par les nouvelles rampes de metro ne réglera pas ces problèmes de fond, mais représente en revanche une tentative de répondre à la pénurie de conducteurs causés par les conditions de travail désastreuses (horaires, chaleur, bruits, stress, salaire,...), sans améliorer ces conditions ni embaucher du personnel. Elle sert également prévenir les mouvements de grève.

A Marseille, l’Etat préfère financer la police

Une dégradation dans les services publics à Marseille qui contraste nettement avec les renforcements sécuritaires et austeritaires actuels dans la ville. Lors de sa visite en juin dernier, Macron a sorti le grand jeu, promettant de rajouter une nouvelle unité de CRS8 en plus des trois mises en place depuis 2021, et de mettre en place le paiement immédiat des amendes pour les consommateurs de drogue pris en flagrant délit. Quelques jours plus tard, un dispositif policier sans précédent était envoyé pour mater les révoltes suite au meurtre de Nahel, faisant un mort et de nombreux blessés, quand Darmanin annonçait ces derniers jours une nouvelle antenne du RAID dans la ville. En somme, pour renforcer l’arsenal policier les moyens sont toujours à la hausse, à Marseille à l’image du reste du pays.

De quoi rassurer les marseillais qui subissent depuis longtemps l’abandon et la ségrégation imposées par les politiques locales, ainsi que la répression et l’escalade sécuritaire organisée de concert avec l’Etat : la police est partout, même si le métro est nulle part.


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