Les quatre semaines de grève dans les raffineries ne sont pas sans conséquence à la pompe. Selon le gouvernement, près d’un tiers des stations-services présentaient ce mardi des difficultés d’approvisionnement en carburants. En Bourgogne Franche Comté, le chiffre atteint 40%.

Dans ce contexte, après les réquisitions, les importations de Belgique, la mobilisation des stocks stratégiques, les fakes news et offensives médiatiques, en tout genre pour casser la grève des travailleurs de la pétrochimie, le gouvernement envisagerait sérieusement de faire intervenir l’armée pour atténuer les pénuries de carburant et casser la grève.

Selon l’Opinion, cette hypothèse a été étudiée lundi 17 octobre, en conseil des ministres. Plus précisément, il serait question de faire appel au service de l’énergie opérationnelle des armées (qui fournit habituellement en carburant les aéronefs et les bateaux) pour pallier aux livraisons impactées par la grève dans le secteur.

Dans le cabinet de Sébastien Lecornu, ministre des Armées, précise-t-on (toujours selon l’Opinion) : « cette aide sera déclenchée dès que Total en aura formulé la demande […].Le service de l’énergie opérationnelle pourrait être mobilisé pour approvisionner certaines entités industrielles et agricoles qui en auraient besoin ».

Ce potentiel recours à l’armée doit être vivement dénoncé. En effet, alors que le gouvernement agit de concert avec la direction de Total afin d’affaiblir le mouvement de grève et d’isoler les secteurs en lutte, l’appel à l’armée, quelques jours après avoir imposé des réquisitions, serait un saut supplémentaire dans l’offensive contre la grève, mais aussi contre les grévistes.

Mis à la défensive par la grève pour les salaires dans les raffineries, qui a posé la perspective d’un mouvement plus large dans le pays, le gouvernement, qui cherche à résoudre sa crise d’autorité, est prêt à réaliser un nouveau saut autoritaire pour rétablir le "maintien de l’ordre". Face aux méthodes bonapartistes de la macronie et du patronat, il est urgent de dénoncer cette offensive contre la grève : la répression des grévistes des raffineries vise à intimider tous les grévistes et tous ceux qui voudraient les imiter face à la vie chère, l’inflation, le mépris des patrons, ou encore contre la réforme des retraites dans les semaines et les mois à venir.