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Aurore Bergé, relais de l’extrême-droite au sommet de l’Etat

Ce 31 mars sur CNews, Aurore Bergé a appelé « l’ensemble de la classe politique » à condamner les propos de l’humoriste Mahaut Drama, ciblée par l’extrême-droite. En reprenant cette polémique, la ministre montre à nouveau son rôle de relais des obsessions de la fachosphère au sein du gouvernement.

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Aurore Bergé, relais de l'extrême-droite au sommet de l'Etat

Photo : CNEWS

Ce dimanche 31 mars, Aurore Bergé était invitée sur le plateau de CNews dans l’émission Le Grand Rendez-Vous. Au cours de l’échange, elle s’est longuement étendue sur la dernière polémique médiatique impulsée par l’extrême-droite, au sujet de l’humoriste Mahaut Drama.

Cette dernière est sous le feu des insultes de la fachosphère en raison de propos tenus dans le cadre d’un débat organisé par le Mediapart Festival le 16 mars dernier, dont le thème était « Comment lutter contre l’extrême-droite ». Au moment d’envisager une éventuelle accession d’un candidat du Rassemblement National à la présidence, l’humoriste s’était interrogée : « Concrètement qu’est ce qu’on fait ? Est-ce que nous aussi on a des factions armées ? On se prépare à leur répondre ? Est-ce qu’on doit être radicaux à ce point-là ? Est-ce qu’on doit faire la révolution ? Je ne pose que des questions mais je pense que ça se pose vraiment. »

Des propos qui aurait été perçus comme anodins il y a quelques années, tant l’héritage vichyste de l’extrême-droite française est connue, de la fondation du FN par un ancien Waffen-SS aux discours de Zemmour réhabilitant Pétain, et que ces formations portent toujours un projet autoritaire et xénophobe, qui constituent un danger grave contre les travailleurs et les personnes opprimées. Seulement ces propos trouvent désormais face à eux une extrême-droite forte de nombreuses positions dans les médias, qui s’en est servie pour se victimiser et lancer une polémique contre l’humoriste. Comme souvent, ses obsessions et éléments de langages ont été relayés jusque dans les cabinets ministériels, avec l’aide bienvenue de la ministre Aurore Bergé.

En l’occurrence, la fachosphère s’est emparée des propos de Mahaut Drama en l’accusant de vouloir subvertir le cadre républicain et démocratique de notre beau pays. Des députés RN ont même saisi le procureur de la République pour s’en prendre à l’humoriste. Or, c’est à présent la ministre macroniste déléguée à l’égalité hommes-femmes et à la lutte contre les discriminations qui se fait le relais de cette polémique fomentée par l’extrême-droite, agitée dans le but de présenter le RN comme une force politique susceptible de diriger le pays. Aurore Bergé déclare ainsi : « Il faut réagir de la manière la plus claire qui soit, elle ne l’a pas fait dans un cadre humoristique (...) Dans un débat public, lorsqu’on est une femme qui a accès à la parole publique, on incite ni à la violence ni à la haine. Point barre. Quelles que soient les personnes mises en cause »

Il faut dire qu’Aurore Bergé n’en est pas à sa première reprise de polémique née en ligne sous l’impulsion de militants d’extrême-droite ou d’ultra-réactionnaires en tout genre.

Aurore Bergé : amie des transphobes et d’Israël

Il y a peu de temps encore, elle avait annoncé avec fracas vouloir « couper les subventions » aux associations féministes qui auraient « tenu des propos ambigüs » sur l’offensive du 7 octobre, avant de mener une enquête qui n’a pas pu trouver une seule association féministe subventionnée qui aurait soutenu le Hamas. Toutefois cette annonce s’inscrivait dans une campagne menée par des militants pro-israéliens qui cherchait à décrédibiliser le soutien à la lutte palestinienne formulé par des groupes féministes de gauche. De cette façon, la ministre Aurore Bergé a donné une visibilité nationale a une polémique réactionnaire lancée par les soutiens les plus assumés du colonialisme israélien.

Encore avant cela, elle a été, avec Marlène Schiappa et Caroline Yadan, une des rares responsables politiques à recevoir publiquement les militantes TERF (transphobes avançant des éléments de langage pseudo-féministes) Dora Moutot et Marguerite Stern, issues du féminisme libéral mais qui ont été depuis totalement marginalisées du fait de leurs obsessions transphobes et publient ces derniers jours un livre dans la maison d’édition d’extrême-droite Magnus. Une rencontre qui survenait juste après le lancement d’une polémique transphobe appelant à couper les subventions du Planning Familial pour avoir publié un dessin représentant un homme enceint ! Ainsi pour la ministre, cette visite servait à légitimer les idées réactionnaires agités par cette polémique.

Il semble d’ailleurs qu’il soit resté quelque chose de l’échange, puisque c’est encore une fois Aurore Bergé qui a déposé l’amendement garantissant constitutionnellement la liberté de l’avortement « aux femmes », en précisant le critère de genre qui était auparavant absent de la formulation initialement envisagée. La ministre déléguée à l’égalité homme-femme prétendait que le texte sans mention de genre aurait été ambigu, et aurait pu permettre aux hommes de forcer l’avortement d’une femme. En réalité,il s’agissait de créer un « droit fondé sur le sexe » », élément de langage régulièrement agité par les TERFs pour mettre en opposition les droits démocratiques des personnes trans avec ceux des femmes, qui auraient apparemment acquis une protection juridique spécifique du fait d’être des femmes, impossible à formuler en termes généraux.

Cette manœuvre n’a visiblement pas dupé beaucoup de personnes trans au vu des réactions au montage ridicule publié sur le compte Twitter de la ministre à l’occasion de la dernière journée de visibilité trans, le 31 mars dernier, sur lequel figurait différentes personnalités publiques transgenres qui ont totalement désavoué Aurore Bergé.

Par ailleurs, Aurore Bergé semble avoir une attitude particulièrement sensible au vent concernant les questions LGBT, ce qui est assez malheureux dans la mesure où elle est ministre déléguée à la lutte contre les discriminations ! Elle a par exemple d’abord suivi les positions de l’UMP, son parti politique d’alors, contre le mariage pour tous, avant de finalement soutenir le projet de loi du bout des lèvres.

Elle aurait en effet préféré une « union civile », pour le pur symbole de ne pas nommer les unions homosexuelles « mariage » au même titre que les unions hétérosexuelles, et se déclarait très attachée à « l’altérité homme-femme », ne comprenant donc pas les expressions « deux mamans ou deux papas » et préférant un statut de « beau-parent ». On se demande pou quelle raison, si ce n’est par attachement à l’homophobie symbolique. Au milieu de tous ses doutes sur ces « questions de société », elle a fini par se faire une idée sur l’ouverture de la PMA aux couples de femmes en 2017, lorsqu’elle a rejoint la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron, accusant même la longueur des débats sur la loi Taubira orchestrée par le gouvernement PS d’avoir déchaîné la parole homophobe ! Toutefois, sous Macron non plus les choses ne sont pas allées trop vite, tout de même, car le projet de loi bioéthique n’a finalement été voté que quatre ans plus tard, à la fin du premier quinquennat de Macron.

Somme toute, il apparaît de ce beau parcours qu’Aurore Bergé est prête à faire feu de tout bois, y compris à manger dans la main de l’extrême-droite si cela peut lui permettre de renforcer ses positions et celles du gouvernement. Encore une fois, la Macronie nous rappelle à quel point elle n’est en rien un barrage contre l’extrême-droite, et qu’il n’y a rien à en attendre contre les offensives autoritaires, sexistes ou racistes, qu’elle organise elle-même pour étouffer les travailleurs.


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