C’est une grève historique, depuis deux jours il n’y avait plus un seul chantier de nettoyage sur les lignes 1,2,4,5,6,9,11,14 du métro et les lignes A et B du RER. « On n’a jamais fait grève de toute notre vie » explique un salarié de ONET qui nettoie les métros la nuit depuis 23 ans. Pour beaucoup de ses collègues, c’est aussi la première grève à laquelle ils participent. Chaque nuit, ce sont près de 300 salariés de cette branche d’ONET qui sont chargés de nettoyer les rames, les voies ou encore enlever les graffiti. Au terme de 48 heures d’une grève massive, ces salariés ont obtenu gain de cause.

«  On n’est pas des esclaves  » dénonce Mohser qui travaille de 1h à 5h du matin depuis 5 ans. A l’origine de la colère, ce sont des conditions de travail dégradées et des rémunérations très aléatoires d’un agent à un autre.

« Les rats on en voit partout, tout le temps ! Des rats, des cafards, partout ! » rappelle un autre salarié, employé depuis 22 ans, qui insiste sur la dureté des conditions de travail. « On se retrouve souvent à deux ou trois pour un travail où on est censé être cinq » relate Mohser.

En discutant avec les salariés, on comprend rapidement que les conditions de travail sont arbitraires chez ONET. « Ca fait 5 ans que je suis en CDI, j’ai que 20 heures par semaine et un seul jour de repos, alors que ceux qui ont 23h par semaine ont 2 jours de repos, c’est n’importe quoi !  » poursuit Mohser. Sur les 300 salariés, 260 étaient couverts par la convention collective. Ces derniers mois, entre les augmentations du SMIC et des grilles de branche, ils ont obtenu 6 % d’augmentation. Le salaire des 40 autres, hors de la convention collective, n’a été augmenté que de 1 % et a donc reculé sous le coup de l’inflation.

Une grève permise par la mobilisation massive contre la réforme des retraites

« On est plusieurs ici à avoir participé aux manifestations. Sans ce mouvement il n’y aurait pas eu autant de monde en grève » pense un consignateur, chargé de couper le courant pour que les équipes puissent descendre sur les rails.

A l’image d’autres grèves pour des augmentations de salaires comme celle de Vertbaudet, le mouvement contre la réforme des retraites a permis de remettre la grève au goût du jour. L’idée qu’il est possible de relever la tête, de se battre, à ONET comme ailleurs, a gagné du terrain.

Lors des deuxièmes négociations avec la direction, les travailleurs ont obtenu 400 euros de prime exceptionnelle, une augmentation de 6% pour les 40 travailleurs hors grille, qui sont désormais rattachés à la convention collective, 2 jours de repos hebdomadaire, une hausse de la prime pour les chauffeurs, de la prime des coupeurs et même le paiement des jours de grève. Une démonstration d’unité des travailleurs, contre toutes les manœuvres de division entre les travailleurs par les différences salariales.

C’est donc une victoire pour ces agents de nettoyage, face à l’arbitraire de ONET. Une démonstration de la force qu’ont les travailleurs lorsqu’ils se mettent en grève massivement, capables d’obtenir gain de cause en deux jours !