Suite à l’exclusion de 17 élèves qui avaient participé à un blocus mardi matin, les lycéen·nes du Lycée Jean Jaurès ont appelé à se rassembler une nouvelle fois devant leur établissement ce jeudi à 17h45. Alors que mercredi matin, un premier rassemblement avait réussi à faire reculer la direction en forçant l’entrée des élèves exclus, les sanctions pour les élèves mobilisées ne sont pas pour autant levées. Pire encore, la direction a décidé de poursuivre les élèves de manière individuelle. En réponse, le rassemblement d’hier a permis de réaffirmer la force du collectif et la détermination des lycéen·nes ainsi que leurs soutiens.

Plus d’une centaine de personnes étaient ainsi présentes : parmi elles, des élèves du lycée ou voisins de mobilisation, des parents d’élèves, des profs du 93 ou encore des habitant·es de Montreuil.

Les élèves mobilisés, certains exclu·es, d’autres non, ont inauguré les prises de parole en rappelant le contexte de la mobilisation en cours dans le 93, qui les a décidé à organiser ces blocus, mais aussi la répression qui s’en est suivie. Ils dénoncent la direction de l’établissement, mais également les forces de police ainsi que les Equipes Mobiles de Sécurité (EMS), envoyées directement par le rectorat pour casser toute forme de contestation. « On a aussi des revendications contre la répression, puisque sur le blocus on en a subi pas mal. Par exemple avec la police, qui nous a poussé et dit "ta gueule" mais aussi avec les EMS, des agents du rectorat qui ont mis un élève à terre. C’est insupportable. », témoigne une des élèves.

Les lycéen·nes ont également dénoncé l’exclusion arbitraire et les pratiques de la direction qui cherche à isoler les élèves les un·es des autres en individualisant les coups de pression ou les menaces : « ils disent à certains parents d’élèves avec chantage : votre enfant n’aura pas de sanction si il ne s’oppose pas à l’apaisement. Donc en gros si on arrête de lutter, peut-être qu’on aura pas de sanction ! » complète l’une d’entre elles.

Des parents d’élèves et des enseignant·e·s ont également pris la parole. Parmi eux, Sav, un enseignant du 93 et militant à Révolution Permanente, en a profité pour rappeler la force de cette mobilisation. « C’est important en tant que prof d’apporter notre soutien à ces jeunes qui se battent à nos côtés. C’est pour ça que le ministère flippe, parce que c’est inédit cette union que l’on a entre travailleurs, parents et lycéen·nes. Le gouvernement face à ça, il flippe parce que c’est ça qui peut les faire plier. »

L’occasion également de rappeler les méthodes du gouvernement pour empêcher l’élargissement de la contestation : « Face à ça, ils essayent d’alimenter les divisions : on l’a vu hier encore, Attal continue d’instrumentaliser la question du voile en opposant tout le temps les jeunes VS les profs et cette mobilisation, c’est la preuve qu’il faut qu’on s’unisse pour les faire plier. Ne lâchez rien, on est avec vous ! ». Une assemblée générale a suivi la fin du rassemblement pour permettre de continuer à s’organiser, et une journée lycée désert était appelée aujourd’hui pour l’ensembles des élèves.

Alors qu’enseignant·e·s, élèves et parents se mobilisent depuis le 26 février dans le 93, il est nécessaire de continuer à faire front, alors que les directions d’établissement, en lien avec les services de l’éducation nationale, agitent aujourd’hui la menace de la répression. Il y a deux semaines, 4 enseignant·e·s du lycée Blaise Cendrars de Sevran étaient ainsi convoqués pour avoir participé à un Tik Tok avec leurs élèves, avant que la direction et le rectorat ne soit contraints de reculer face à l’ampleur du soutien aux enseignant·e·s.

De même, pour que la mobilisation dans le 93 ne reste pas lettre morte, il est nécessaire qu’elle sorte des frontières du département et étende ses revendications à l’ensemble du secteur. En cela, la journée de grève du 2 avril, appelée par les organisations syndicales contre la réforme du « choc des savoirs », peut devenir un point d’appui pour nationaliser la grève et établir un rapport de force à même d’obtenir les moyens dont l’école publique a besoin dans le 93 et partout en France, mais aussi pour faire tomber l’ensemble des contre-réformes portées par Attal, Beloubet et leurs prédécesseurs.