Ces derniers jours, face aux casserolades et autres rassemblements spontanés qui accompagnent chacun des déplacements du gouvernement, la macronie surjoue la confiance. Une manière d’appuyer sa volonté de reprendre en main la situation et de fermer la séquence des retraites, afin de mieux passer aux attaques suivantes. Depuis quelques jours, cette illusion est toutefois écornée par la fébrilité que dégage le gouvernement à l’approche de la finale de la coupe de France de foot samedi soir au stade de France. Une finale à laquelle Macron doit assister, et où il redoute d’être attendu de pied ferme par les supporters.

Ces derniers jours, les appels au calme et à ne « pas politiser le sport » se sont ainsi multipliés dans les rangs présidentiels. La première ministre Elisabeth Borne a ainsi appelé ce vendredi à « la responsabilité de chacun pour que ce soit une belle fête du sport ». Sur RTL, Marlène Schiappa a enjoint les protestataires éventuels à « laisser le sport être un beau moment d’unité de ce pays », justifiant : « La coupe de France de football c’est un bel évènement, festif, familial, bon enfant. Il ne faut pas le politiser à l’excès. »

Alors que la CGT va distribuer à l’occasion du match 30 000 cartons rouges et 10 000 sifflets pour que les supporters manifestent leur colère contre Macron, le ministre de l’intérieur Darmanin suit également le dossier de près et crie à « l’irresponsabilité » des militants syndicaux, quand le porte-parole du gouvernement Olivier Véran pointe carrément la « radicalisation » des organisations syndicales.

Pas à une surenchère près, Olivier Véran poursuit : « La finale de la Coupe de France, ce n’est pas les jeux du cirque à la romaine. Ce n’est pas la CGT avec son pouce impérial qui pourrait décider à qui de faire huer le président de la République, à qui de couper l’électricité pendant un match ». La fébrilité est telle que Macron hésite à apparaître sur la pelouse avant le match comme de coutume. « à ce stade, l’Élysée n’a ni confirmé ni infirmé le fait que le président de la République irait ou n’irait pas saluer les joueurs », explique Marlène Schiappa sur RTL. Macron redoute en effet d’offrir l’image, peu compatible avec sa volonté de reprise en main, d’un président seul sous les sifflets et les insultes du plus grand stade de France.

Afin de limiter la casse pour le gouvernement, la police et les renseignements sont également sur le coup. La finale aurait en effet été classée « à haut risque » par les services de renseignements. Ce vendredi, la Préfecture est allée plus loin en interdisant carrément le rassemblement prévu par la CGT samedi soir d’après l’AFP, menant ainsi une nouvelle offensive contre le droit de manifester.

En parallèle, pour empêcher l’expression de toute colère, les forces de répression voient les choses en grand avec 3000 policiers déployés. Des effectifs seront notamment chargés de surveiller les compteurs du stade afin d’empêcher une potentielle coupure de courant, comme celle opérée jeudi soir en plein match au stade d’Agen par la CGT Energie 47. RMC Sport rapporte également que quatre groupes électrogènes sont prévus en cas de coupure. En plus des forces de répression, des grilles seront installées dans les virages du stade pour empêcher une intrusion sur la pelouse. Tout ce dispositif sera coordonné par le préfet de police de Paris Laurent Nuñez lui-même, stationné pour l’occasion dans le PC sécurité d’un stade transformé en forteresse.

Interrogé par Le Parisien, un député Renaissance évoque même une possible censure des images trop préjudiciables à Macron : « ça va être très chaud pour le président. Les huées vont couvrir le stade, à coup sûr les images et le bruit des sifflets seront coupées à la diffusion, pour pas que ça ne se perçoive trop ».

Autant d’éléments qui démontrent un niveau de fébrilité important du gouvernement, et qui tranche avec l’assurance qu’il tente d’afficher. Les matchs de foot ont été le terrain de l’expression de la colère contre Macron à plusieurs reprises, comme lors du match récent France-Pays Bas où les supporters ont sifflé et appelé en cœur à la démission du président à la 49 ième minute et 3 secondes. Dans ces coordonnées, et alors que les casserolades continuent de pourchasser le gouvernement dans chacun de ses déplacements, il y a fort à parier que sa fébrilité soit justifiée, et que les supporters sauront réserver à Macron l’accueil qu’il mérite.