×

Grève de Noël

Remboursement à 200% : la SNCF joue la "générosité" pour attiser la colère contre les grévistes

Alors que la grève des contrôleurs à la SNCF annonce de larges perturbations lors du week-end de Noël, la direction de la SNCF annonce qu’elle ne va non pas céder aux revendications, mais... rembourser le double du montant des billets annulés à cause de la grève. Une opération communication pour casser le mouvement qui s’annonce suivie et tourner l'opinion publique contre les grévistes

Yann Causs

21 décembre 2022

Facebook Twitter

Photo : AFP

Depuis début décembre, une mobilisation bousculant la routine syndicale a émergé chez les contrôleurs de la SNCF. Revendiquant de meilleures rémunérations face à l’inflation et de meilleures conditions de travail, le taux de grévistes était de 90% lors du premier week-end de mobilisation, du 2 au 5 décembre. En ce moment, un préavis de grève est en cours pour le week-end des fêtes de Noël du 23 au 26 décembre. Celui-ci semble s’annoncer suivi avec de fortes conséquences sur la circulation des trains. En réponse, la direction de la SNCF, avec l’aide des médias et du gouvernement, a entamé une offensive d’ampleur pour casser la grève. 

Ce matin, Christophe Fanichet, directeur général de la SNCF Voyageurs, a notamment annoncé le remboursement à 200% des billets « pour les voyageurs qui ne circuleront pas et dont les trains sont annulés ». Une opération coup de com qui coûtera selon ce dernier, plusieurs dizaines de millions d’euros à la SNCF. Alors que la direction de la SNCF refuse depuis le début de la mobilisation de répondre aux demandes des contrôleurs, cette dernière fait le choix de perdre de l’argent plutôt que lâcher sur les revendications salariales légitimes des grévistes. À ces dernières, la direction a seulement répondu par l’augmentation d’une prime de 600 euros par an… soit 38,5 euros par mois. Pourtant, dans le même temps, la direction annonçait des bénéfices records avec plus de 20 milliards de chiffres d’affaires au premier semestre 2022… et l’augmentation du prix des billets pour les usagers.

Plus profondément, l’enjeu pour la direction de la SNCF est de délégitimer et décrédibiliser la lutte des contrôleurs, et de les décourager à deux jours du week-end de Noël. Bien aidé par le bashing médiatique incessant depuis plusieurs jours, rejouant la rengaine classique des preneurs d’otages, le gouvernement est à son tour monté au créneau contre la grève. C’est à ce titre qu’Oliver Véran, porte-parole du gouvernement, a cru bon de faire la leçon aux cheminots en affirmant ce mercredi « qu’à Noël, on ne fait pas la grève », et que « la vie n’est pas facile pour les Français, avec l’inflation, avec la guerre aux portes de l’Europe, on a besoin de pouvoir se retrouver et souffler ».

Un ensemble de déclarations et de manœuvres hypocrites, alors même que les cheminots se battent contre les conséquences de l’inflation et la baisse des salaires réels à l’instar de l’ensemble des travailleurs. À ce titre, seule une véritable augmentation des revenus et leur indexation sur l’inflation pourrait permettre de « souffler » comme le déclare Olivier Véran. Une mesure que le gouvernement n’a pas hésité à balayer d’un revers de la main. De même, alors que la SNCF et le gouvernement tentent de peindre les grévistes en responsables de la situation, ces derniers se mobilisent au contraire contre les conséquences des politiques néolibérales qui ne cessent de détruire les services publics, en premier lieu les transports. Des politiques qui impactent les conditions de travail et la santé des travailleurs, mais également les usagers par la détérioration de la qualité des services. 


Facebook Twitter
Chambéry. Journée « école morte » réussie en soutien à une enseignante contrainte de changer d'école

Chambéry. Journée « école morte » réussie en soutien à une enseignante contrainte de changer d’école

Préavis de grève pour les JO : les éboueurs exigent 1900 euros de prime et 400 euros d'augmentation

Préavis de grève pour les JO : les éboueurs exigent 1900 euros de prime et 400 euros d’augmentation

1er mai : une journée contrastée en décalage avec les dangers de la situation

1er mai : une journée contrastée en décalage avec les dangers de la situation

Trois usines Stellantis à l'arrêt : les grévistes de MA France déterminés face au chantage à l'emploi

Trois usines Stellantis à l’arrêt : les grévistes de MA France déterminés face au chantage à l’emploi

Répression à GT Solution : la direction tente de licencier un militant syndical à cinq reprises

Répression à GT Solution : la direction tente de licencier un militant syndical à cinq reprises

Transports : l'accord sur les fins de carrière montre la fébrilité de la SNCF et du gouvernement

Transports : l’accord sur les fins de carrière montre la fébrilité de la SNCF et du gouvernement

Sanofi supprime 330 emplois dans la R&D contre le cancer : la santé, pas leurs profits !

Sanofi supprime 330 emplois dans la R&D contre le cancer : la santé, pas leurs profits !

1er mai. Contre la guerre, l'austérité et l'autoritarisme : construisons une riposte !

1er mai. Contre la guerre, l’austérité et l’autoritarisme : construisons une riposte !