Depuis le début de la semaine, la rentrée scolaire est au cœur de l’actualité. Et pour cause, les annonces du nouveau ministre de l’Éducation Nationale, Gabriel Attal, quant à l’interdiction des abayas et des qamis ont ouvert la voie à une véritable chasse aux sorcières des élèves musulmans ou assimilés comme tels. Dès lundi, plusieurs lycéennes témoignaient sur leurs réseaux sociaux s’être fait refuser l’accès à leur établissement, tandis qu’au lycée Mistral à Avignon, les élèves se sont retrouvés nez-à-nez avec la police, postée devant l’entrée du lycée.

Au lycée Jean Macé à Rennes, la réaction des élèves ne s’est pas faite attendre, et ce mercredi midi, une cinquantaine de lycéens se sont réunis en Assemblée Générale pour commencer à s’organiser face aux attaques du gouvernement. Sous le regard de la police stationnée aux abords du lycée, ils ont discuté de l’offensive sexiste et islamophobe de l’État qui vise à stigmatiser les élèves et qui s’inscrit dans un agenda autoritaire plus large, à l’image des déclarations récentes d’Attal sur l’expérimentation de l’uniforme pour restaurer « l’autorité à l’école ».

« Pour nous, c’était essentiel d’avoir une réaction immédiate » nous raconte Félix*, militant au Poing Levé et membre du collectif « JM en lutte ». « En vérité, c’est la continuité de la politique du gouvernement qui a multiplié les lois sécuritaires et islamophobes ces dernières années et qui veut faire de nous, les lycéens, des petits soldats de la République notamment avec le SNU. Mais on est pas dupes, on sait que c’est aussi une réponse à la colère de milliers de jeunes contre les violences policières suite au meurtre de Nahel, qui a été suivie d’une répression inédite. »

Dans cette perspective, les lycéens mobilisés ont voté lors de l’Assemblée Générale qu’à la moindre discrimination subie par un ou une élève du lycée, ils bloqueront immédiatement l’établissement. Et pour construire une riposte unitaire, ils ont également acté la rédaction d’un communiqué qu’ils iront proposer aux différents collectifs lycéens et aux AGs qui doivent se tenir cette semaine dans d’autres établissements.

Une initiative qui devrait chercher à entraîner avec elle le personnel éducatif, qui n’est lui non plus pas en reste, après une rentrée catastrophique marquée par le manque de moyens à tous les niveaux dans l’Éducation Nationale. Dans ce sens, la grève suivie à 70 % du personnel du lycée Utrillo à Stains, pour dénoncer « les politiques qui organisent le manque de moyens [et qui] s’accompagnent de politiques raciste visant nos élèves », montre la voie à suivre.

Et pour Félix*, cette première réponse en appelle d’autres : « lutter contre l’interdiction du port de l’abaya, c’est lutter contre toutes les lois racistes et sécuritaires comme la loi de 2004, mais ça s’accompagne d’un combat contre la répression policière et judiciaire, en premier lieu celle que subissent les jeunes qui se sont révoltés après le meurtre de Nahel ».

*Les prénoms ont été modifiés