Ce lundi 4 septembre, à l’occasion de la rentrée, Emmanuel Macron était l’invité du youtubeur Hugo Décrypte. L’occasion de revenir sur les enjeux écologiques mais aussi sur l’interdiction de l’abaya, véritable symbole réactionnaire de la rentrée. Dans ce cadre, le Président n’a pas hésité à dérouler un argumentaire ultra-islamophobe.
Réagissant aux critiques suscitées par la mesure dans la jeunesse, Macron a expliqué : « nous vivons avec une minorité de gens qui, détournant une religion, viennent défier la République et la laïcité. Et ça a parfois donné le pire, on ne peut pas faire comme s’il n’y avait pas d’attaques terroristes et l’assassinat de Samuel Paty dans notre pays. (…) Et ça s’est fait parce qu’un enseignant apprenait la laïcité dans son cours. »
Une association entre la question de l’abaya et le meurtre de Samuel Paty qui a choqué jusqu’au très lisse Hugo Travers. De quoi clore une journée ultra-réactionnaire, orchestrée comme une opération de communication sur l’interdiction de l’abaya et sur le retour de « l’autorité » à l’école, incarné par l’annonce par Gabriel Attal du lancement prochain d’une expérimentation de « l’uniforme » dans les établissements scolaires.
Macron face à Hugo Décrypte sur l’abaya : « On peut pas faire comme s’il n’y avait pas eu l’attaque terroriste et l’assassinat de Samuel Paty »
Plus islamophobe tu meurs mais bien sûr il ne fait « aucun parallèle »#rentree2023 #abayas pic.twitter.com/nd1rwtJOuj
— Ariane Anemoyannis (@AAnemoyannis) September 4, 2023
Mais si toute la journée, l’exclusion d’élèves musulmanes aura occupé les antennes - la palme revenant une fois de plus aux chaînes d’info en continu, traquant « en direct » la présence (ou non) d’abayas ou interviewant de jeunes élèves juste après qu’elles aient été renvoyées chez elle, parfois pour une simple robe – elle aura également été marquée par la colère suscitée par les images de la présence policière devant un lycée d’Avignon.
Une émotion qui souligne la colère que suscite la mesure dans une partie de la population et des personnels, comme le notaient plusieurs témoignages pour RP, en dépit de la faiblesse des réactions sur fond d’immense crainte de la répression. De ce point de vue, l’annonce par les personnels du lycée Utrillo d’une grève contre la politique islamophobe et le manque de moyens constitue une réaction exemplaire, à multiplier dans tous les établissements.
Une initiative d’autant plus importante qu’elle contraste avec l’attitude des directions syndicales, validant globalement la mesure du gouvernement tout en se contentant de critiquer le manque de moyens, à l’image du SNES mais aussi de la direction de la CGT. Sur Télématin, Sophie Binet a ainsi persisté dans sa ligne sur l’abaya, ajoutant qu’elle n’avait « pas de revanche à prendre sur le gouvernement ». Une attitude en décalage avec les offensives en cours mais aussi la situation de misère sociale qui s’aggrave, incarnée ces derniers jours par la crise que connaissent les Restos du Cœur, face à laquelle il va falloir d’urgence construire une réponse d’ensemble.
Pour discuter de cette situation politique et s’organiser contre l’offensive raciste et islamophobe d’Attal et de Macron que les travailleuses et travailleurs de l’éducation de Révolution Permanente et le Collectif d’Action Judiciaire organisent une nouvelle réunion publique ce jeudi 14 septembre à 19h à Paris. Venez nombreuses et nombreux.
