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« Réarmement civique »

SNU, uniformes, Marseillaise : Macron précise son offensive autoritaire pour l’école

Lors de sa conférence de presse, Macron a martelé ses ambitions : instaurer « l’ordre » et procéder au « réarmement » de la Nation. Une offensive autoritaire, dont il veut faire de l’école le fer de lance.

Erell Bleuen

17 janvier

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SNU, uniformes, Marseillaise : Macron précise son offensive autoritaire pour l'école

Crédit photo : Christ’s College, Nouvelle Zélande. Wikimedia commons.

« Pour que La France reste la France ». Reprenant un slogan de campagne des Républicains de 2018, c’est derrière un décor tricolore et devant 250 journalistes qu’Emmanuel Macron s’est offert mardi soir une conférence de presse aux allures jupitériennes. Pendant deux heures vingt, il a tenté de masquer la crise qui anime le macronisme en déroulant ces ambitions pour la fin de son quinquennat : « l’ordre », « le réarmement » et une flopée d’attaques anti-sociales, desquelles l’Éducation Nationale va faire les frais.

Alors que la crise ouverte autour de la nouvelle ministre de l’Éducation Nationale a mis à mal les grandes ambitions de l’exécutif pour l’école, Macron a tenu a réaffirmer son cap, celui de faire des élèves des bons petits soldats au service de la République, autour de la (très) réactionnaire rhétorique du « réarmement civique ». Au programme, la création d’une cérémonie de remise des diplômes comme « rite républicain d’unité », le doublement des heures « d’instruction civique » au collège et au lycée, l’instauration de cours de théâtre et d’histoire de l’art obligatoires ou encore l’apprentissage de la Marseillaise dès la primaire.

Et derrière son discours emprunté au siècle dernier, « apprendre ce que la République veut dire » signifie en langage macroniste approfondir l’offensive autoritaire et militariste à l’encontre des jeunes. Si les attaques du gouvernement sur ce terrain ne sont pas nouvelles, elles se sont largement renforcées suite aux révoltes des quartiers populaires en juillet dernier notamment au travers de l’interdiction du port de l’abaya à l’école. Hier soir, Macron a annoncé qu’il poursuivrait dans cette voie, avec l’expérimentation de l’uniforme dans une centaines établissements volontaires avant de le généraliser en 2026. Il a confirmé en même temps la généralisation du SNU dès la seconde, censé répondre à « l’oisiveté » des jeunes de quartiers populaires !

Des mesures réactionnaires d’ampleur qui confirment le tournant idéologique opéré par le gouvernement et qui risquent de se combiner à de nouvelles attaques contre les salariés de l’Éducation Nationale. Car fort des valeurs méritocratiques qu’il chérit tant, Macron a assumé vouloir « valoriser le travail davantage encore, récompenser ceux qui s’engagent individuellement, collectivement » et promet à l’ensemble des salariés de la fonction publique d’accélérer la réforme Guérini, qui vise à soumettre leur salaire à une prime au mérite et casser le statut de fonctionnaire. Une logique néolibérale qui pourrait bien s’étendre au personnel de l’Éducation Nationale, déjà sous le coup du Pacte enseignant qui imposé à la rentrée et venu dégrader le statut et le salaire des enseignants.

Exit le manque de moyens dans les établissements scolaires, exit le besoin d’embauches massives d’enseignants et de personnel, exit les demandes d’augmentations de salaires. En clair, le projet que dessine Macron pour l’Éducation, c’est de faire de l’école le fer de lance de l’offensive réactionnaire en cours en reprenant des mesures de l’extrême-droite pour mieux renforcer le formatage idéologique des jeunes et de poursuivre la néo-libéralisation de l’institution. Un projet qui a déjà suscité des réactions des organisations syndicales, comme celle du SNUipp-FSU qui dénonçait au micro de France Info « des mesures cosmétiques qui ne répondent pas aux enjeux de l’école ».

Alors que les directions syndicales de l’éducation appellent à une journée de grève le 1er février prochain, l’ensemble des personnels de l’éducation doivent se saisir de cette date pour exiger un plan de bataille pour une mobilisation d’ampleur contre le modèle de l’école promut par Macron, et, plus généralement, contre le projets global porté par son gouvernement, dont la loi immigration et la nouvelle réforme du chômage sont les dernières illustrations. Comme l’a montré l’interview-fleuve d’hier, l’école, loin d’être un élément isolé, s’intègre dans un projet politique d’ensemble contre le monde du travail.

En plus des mots d’ordres sur les salaires et les conditions de travail, avec, entre autres, l’augmentation des salaires et leur indexation sur l’inflation, la titularisation de tous les personnels contractuels et précaires de l’éducation, l’embauche massive et l’ouverture de nouveaux postes pour pouvoir accueillir dignement nos élèves, il s’agit d’exiger le retrait de toutes les mesures réactionnaires, autoritaires et racistes, et en premier lieu la Loi Immigration, qui va toucher nombre de personnels de l’éducation, de familles et d’élèves.


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Erell Bleuen

@Erellux

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