Alors que toute la presse pro-israélienne en France essaye d’expliquer que les victimes civiles à Gaza ne sont que des victimes collatérales prises entre l’armée israélienne et les « terroristes » du Hamas, une partie des dirigeants israéliens a beaucoup moins de difficultés à assumer de cibler les civils et d’entreprendre une véritable politique de nettoyage ethnique à Gaza. Giora Eiland, ancien général et dirigeant du Conseil de Sécurité National israélien, a ainsi publié ce dimanche une tribune dans le journal israélien Yediot Ahronot, dans laquelle il a multiplié les appels à cibler des civils et à détruire totalement la société palestinienne.

Full translation of Giora Eiland's genocidal column in Yediot Ahronot.

I expect all relevant parties to start issuing arrest warrants and writing up prosecution files.@UNOSAPG @WairimuANderitu @IntlCrimCourt @KarimKhanQC @CIJ_ICJ @ICJPalestine @theCCR @Gilles_Devers https://t.co/HeQCRM7TdE pic.twitter.com/BPg0J4vGof

— Tali (@TalulaSha) November 19, 2023

Ainsi, d’après lui « [les femmes palestiniennes qui] sont toutes les mères, sœurs ou les femmes des meurtriers du Hamas » doivent être ciblées. En effet, selon lui ces dernières « font partie de l’infrastructure sur laquelle s’appuie le Hamas » et « s’ils font l’expérience d’un désastre humain, nous pouvons supposer que certains combattants du Hamas et que les commandants les plus jeunes vont commencer à comprendre que la guerre est futile et qu’il vaut mieux éviter des atteintes irréversibles à leur famille ».

Mais pour le militaire l’objectif de l’opération de Tsahal doit également être que le « système s’effondre » plutôt que de « [tuer] le plus de combattants du Hamas ». Autrement dit, l’armée israélienne doit s’attacher à viser tous les Palestiniens, plutôt que de viser directement le Hamas. C’est finalement une stratégie qu’utilise déjà Tsahal depuis le 8 octobre, puisqu’elle se concentre depuis le début sur la destruction systématique des écoles et des hôpitaux (22 des 35 hôpitaux que compte le territoire ont déjà été rasés de la carte). Elle est en outre responsable, dans cet objectif, de l’assassinat de 60 journalistes présents dans la bande de Gaza selon Médiapart, ainsi que du déplacement forcé des trois quarts de la population gazaouie.

L’ancien haut fonctionnaire explique d’ailleurs que ce déplacement forcé, dont le résultat est que près de 2 millions de gazaouis sont amassés dans des conditions totalement inhumaines dans le sud de Gaza, sert ce même objectif. Il déclare en effet « la communauté internationale nous met en garde contre le désastre humain à Gaza et contre un sévère risque d’épidémie. Nous ne devons pas changer nos plans à cause de ça, aussi difficile que ça puisse être. Après tout, de violentes épidémies dans le sud de la bande de Gaza rendraient la victoire plus proche et réduiraient le nombre de victimes parmi l’armée israélienne. »

Cette interview n’est en somme que la formulation crue du projet que l’armée israélienne met activement à l’œuvre à Gaza. Giora Eiland ne fait en réalité qu’expliciter la stratégie israélienne et notamment de ses franges les plus racistes et d’extrême droite pour ceux qui refusaient jusque-là de la voir quel projet elle sert : un projet colonial et génocidaire. C’est que pour citer ce général, la « cruauté » n’est pour lui qu’un « moyen ». Un juste rappel du massacre en cours à Gaza.