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Election étudiante

Université de Bordeaux : Le Poing Levé devient la troisième force politique de la fac 

Au terme des élections étudiantes qui se sont tenues du 5 au 7 décembre à l’Université de Bordeaux, Le Poing Levé, liste marxiste et révolutionnaire, fait son entrée dans les conseils centraux. Avec plus de 600 voix, elle s’impose comme la troisième force politique de la fac.

Le Poing Levé - Bordeaux

14 décembre 2023

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Université de Bordeaux : Le Poing Levé devient la troisième force politique de la fac

Crédit Photos : sylv1rob1_123RF

À l’Université de Bordeaux (UB), les élections des représentants étudiants aux conseils centraux se sont achevées ce jeudi 7 décembre, avec pour la première fois des sièges obtenus pour Le Poing Levé : 4 élu·e·s au service de luttes, marxistes et révolutionnaires, seront donc dans les instances de direction de cette université. Un succès important pour notre collectif anticapitaliste au sein d’une université fondée en 2014 par la fusion de quatre universités bordelaises, représentant aujourd’hui le domaine universitaire le plus vaste d’Europe. 

Plus de 600 voix pour Le Poing Levé, troisième force, après Inter’Assos et l’Union étudiante

Avec un total de 611 voix, soit 11,28% des votes, nous avons remporté un siège au Conseil d’Administration (CA), et obtenu trois sièges au conseil académique - deux pour la Commission de Formation et de la Vie Universitaire (CFVU), un pour la Commission de Recherche (CR). Au total, 5 527 étudiants ont participé au vote, soit un taux de participation de 11,39% parmi l’ensemble des électeurs inscrits. 

Ainsi, pour sa seconde participation aux élections des Conseils Centraux, Le Poing Levé se positionne en tant que troisième force politique à l’échelle de l’Université de Bordeaux. Plus précisément, les résultats soulignent l’implantation de notre collectif sur le campus de Victoire où nous obtenons deux élu.e.s (un CFVU, et un pour la CR) et marquent une percée importante dans le collège DSPEG (Droit, Economie, Gestion) avec plus de 200 voix, 12% des voix et une élue pour la CFVU. 

Devant LPL, la liste Inter’Assos, dirigée par la Fage, maintient sa première place dans les conseils centraux, avec 42,42% des suffrages exprimés. Un résultat qui s’explique en grande partie par ses relais dans l’ensemble des campus avec les associations de filières qui soutiennent cette liste, en la présentant comme « apolitique ». Malgré son haut score, la liste Inter’Assos, qui a soutenu l’équipe de la présidence dans ses mesures anti-démocratiquesenregistre], enregistre une baisse importante de 8% pour le CA. 
En deuxième position, l’Union Étudiante, syndicat proche de la France Insoumise, fait son entrée dans les conseils centraux de l’UB en remportant 20% des suffrages. Cela lui accorde un élu au conseil d’administration et 3 au Conseil académique. Avec l’émergence de l’UE, c’est la première fois que l’Unef est complètement exclu du CA, obtenant seulement 1 siège pour la CFVU du collège LSHS (Victoire), deux de moins qu’en 2021. 

Enfin, le syndicat d’extrême-droite l’UNI obtient 9% des voix pour le CA, préservant ainsi son siège, et obtient 3 sièges pour la CFVU, un de plus qu’en 2021. Pour sa première apparition la Cocarde obtient plus de 400 voix et 8% des suffrages, ce qui ne donne aucun élu à cette liste, mais fait apparaître un bloc réactionnaire porté par plus de 900 voix au total si on additionne les deux listes d’extrême-droite. 
 

Au sein d’une université élitiste et dans une séquence réactionnaire, les étudiants font entendre une voix révolutionnaire

 
En comparaison avec les élections de 2021, les voix des étudiants attribuées à la liste du Poing Levé et à celle des syndicats de gauche (Union Étudiante et Unef) ont considérablement augmenté, atteignant cette année 40% des suffrages exprimés. 

A cet égard, la percée du Poing Levé et l’obtention de plus de 600 voix pour une liste révolutionnaire survient après une année riche en mobilisation qui ont politisé la jeunesse, du mouvement des retraites à celui en solidarité avec la Palestine, en passant par la révolte des banlieues. Aussi, dans une séquence réactionnaire où les médias, le gouvernement et l’extrême-droite jouent la surenchère xénophobe autour de la loi immigration et de l’instrumentalisation du drame de Crépol, plusieurs centaines d’étudiants ont voté pour une liste qui a défendue l’ouverture des frontières, la régularisation de l’ensemble des sans-papiers, ainsi que leur liberté de circulation, de travail et d’accès à l’éducation.
 
Ce phénomène est d’autant plus intéressant, que l’Université de Bordeaux a été le théâtre de la mobilisation des étudiants, en particulier avec l’occupation du site de la Victoire à la mi-mars contre la réforme des retraites. Un mouvement qui a été fortement réprimé avec l’intervention de brigades spéciales tel que le RAID pour déloger l’occupation, ainsi que l’interpellation et la mise sous contrôle judiciaire des étudiants identifiés comme les “leaders” du mouvement. 
 
Cette progression des voix à gauche est un fait significatif, d’autant plus à l’Université de Bordeaux qui se veut être l’un des modèles des plus avancés de l’université que voudrait généraliser Macron. Une Université fusionnée qui ces dernières années a intensifié la sélection en durcissant les notations en licence comme en master, et a resserré ses liens avec le patronat, d’où la présence notamment de CDiscount du groupe Casino au sein du CA. Elle a dans le même sens renforcé la répression des voix contestataires, exerçant un fort contrôle sur l’activité des étudiants et de de chaque organisation. Contre ce climat, la liste Le Poing Levé a défendu durant l’ensemble de la campagne une université gratuite et ouverte à tous et toutes, des investissements massifs financés par les grandes fortunes afin de combler le manque de moyen, et le départ des personnalités extérieures du conseil d’administration.
 
Dans ce contexte, au cours des quatre dernières années, la direction de l’Université de Bordeaux n’a eu de cesse d’attaquer la liberté de s’organiser du Poing Levé, entravant l’obtention de locaux ou la réservation de salles pour des réunions. Malgré ces obstacles de la présidence, les 611 voix attribuées au Poing Levé et les quatre sièges remportés montrent que les étudiants ont reconnu l’activité et le rôle joué par notre organisation ces dernières années. 
 

Une recomposition politique profonde : l’Unef sans élu au CA, percée de l’UE et LPL

 
Dans ce contexte, les résultats des élections à l’Université de Bordeaux révèlent une recomposition significative du paysage politique, particulièrement du côté de la gauche. Ce renouveau se manifeste en premier lieu par le recul important de l’Unef, qui, pour la première fois, n’a réussi à renouveler aucun élu au Conseil d’Administration. Il se manifeste également par l’émergence de l’Union Étudiante et du Poing Levé. 
 
Le résultat de l’Unef marque ainsi une nouvelle étape dans l’effondrement du syndicat étudiant historique, alors que l’organisation a été très critiquée sur la ville en raison de sa politique concernant les cas de Violences Sexistes et Sexuelles (VSS) au sein de l’Université Bordeaux Montaigne, affaire dans laquelle l’Unef s’est initialement positionnée du côté de la direction. De plus, dans la recomposition de ce paysage à gauche, il faut remarquer la disparition totale de Solidaire Etudiant.e.s des campus bordelais, ainsi que le choix de la FSE de ne pas participer à ces élections.

De son côté, l’Union Étudiante a bénéficié de la venue d’une dizaine de leurs membres nationaux afin de pallier leur manque d’implantation locale. En tant que syndicat étudiant proche de la France Insoumise, l’UE a cherché à se positionner avec un profil combatif, axant principalement sa campagne sur les thèmes du féminisme et de l’écologie, en écho à la politisation de la jeunesse sur ces questions ces dernières années. La campagne de l’Union Étudiante a néanmoins totalement occulté le caractère anti-démocratique des conseils centraux de l’Université de Bordeaux. Une incohérence importante qui montre que, si la liste s’oppose aux attaques néolibérales à l’encontre de l’université, elle ne remet pas profondément en cause son fonctionnement actuel et tend donc à se placer dans une perspective de co-gestion universitaire. 
 
Enfin, la montée en puissance du Poing Levé s’est articulée autour d’une politique clairement anticapitaliste, marxiste et révolutionnaire. Bien plus, la question du soutien à la Palestine a constitué un facteur central dans le vote LPL, notamment auprès des étudiants étrangers et issus de l’immigration. Si cela exprime une reconnaissance de la politique que mène Le Poing Levé depuis plusieurs semaines en défense des Palestiniens, cela marque surtout une sensibilité anticoloniale et anti-impérialiste dans une partie importante de la jeunesse qu’il s’agit à présent de développer. Deux semaines avant les élections, plusieurs milliers de jeunes ont également défilé dans les rues le 25 novembre contre les violences faites aux femmes, et pour une partie importante derrière un féminisme en soutien avec la Palestine et anti-impérialiste, porté par le collectif Du Pains et Des Roses auquel est rattaché LPL. De la même manière, la campagne contre la gestion des VSS à l’Université de Bordeaux Montaigne est une démonstration des politiques concrètes auxquelles contribue notre collectif. 
 
Ainsi, après une année de mobilisations très profondes dans le pays, la percée du Poing Levé exprime un espace important pour la construction d’une voix révolutionnaire implantée au sein de l’Université de Bordeaux

L’extrême droite en hausse à l’UB : stop à la banalisation, il faut s’organiser pour la combattre

Les élections étudiantes ont aussi été marquées par la présence de deux listes d’extrême-droite, l’UNI et la Cocarde, qui à elles deux ont remporté plus de 900 voix. Un score qui parle de la polarisation au sein de la société et qui doit alerter.

De son côté, l’UNI a regroupé une base électorale notamment sur le collège DSPEG (Montesquieu), autour d’un discours sur la « méritocratie » et « l’excellence » qui en réalité défend en commun avec le gouvernement le modèle d’une université élitiste, sélective et au service du patronat. Plus largement, l’UNI jouit à l’Université de Bordeaux d’une complaisance historique de la part de la fac à leur égard, ce qui leur a permis de pouvoir développer leur campagne réactionnaire sur les différents campus. Ils ont ainsi obtenu 4 sièges au total, malgré une baisse importante du nombre absolu de voix (-100), qui s’explique principalement par la présence de la liste de la Cocarde qui les a concurrencés avec un programme encore plus réactionnaire. 
 
En effet, ces élections étudiantes ont également été marquées par l’émergence de la Cocarde étudiante, qui pour la première fois de son existence à Bordeaux a réussi à constituer une liste. Faisant campagne avec un discours reprenant les poncifs de l’extrême-droite contre le wokisme, l’islamo-gauchisme, contre les blocages et qui s’appuyait centralement sur l’instrumentalisation de la mort de Thomas à Crépol, la Cocarde enregistre un total important de 400 voix. Leur programme profondément réactionnaire prônait par exemple la « préférence nationale pour les logements CROUS », et malheureusement n’a été ouvertement dénoncé par aucune liste à part celle du Poing Levé. La Cocarde s’est également illustrée par l’agression d’une militante de la Fage durant les élections, un acte que nous avons dénoncé et face auquel nous avons proposé une réponse unitaire, ce qui n’a pas abouti suite au refus de La Fage. 
 
A rebours de toute banalisation de l’extrême-droite, sur le site de la Victoire, les militants de l’UNI ont été repoussés dés leur entrée vers la sortie par les différentes listes, et particulièrement par les membres du Poing Levé. Des actions essentielles pour contrer la diffusion de l’extrême-droite à l’université, qui montrent que l’ensemble des organisations, des étudiants et des personnels doivent faire front pour faire reculer l’extrême-droite et les politiques réactionnaires du gouvernement qui font son lit à l’université comme en dehors.
 

Se préparer pour la suite, s’organiser avec le Poing Levé

 
Nous avons fait campagne en le disant clairement : il n’est pas possible de changer les fondements de l’université par le biais de ces conseils anti-démocratiques. Nous siégerons ces deux prochaines années dans la perspective d’être un appui au mouvement étudiant, d’y porter des revendications dont l’issue se trouve dans nos mobilisations, pour y faire entendre la voix des luttes et faire lumière sur l’opacité de ces cadres. Nous insistons sur le fait qu’aucune présidence ne peut constituer une alliée, notamment l’équipe actuelle qui compte appliquer avec zèle la contre-réforme d’ampleur que Macron prépare pour l’Université. 
 
Après ce bon score électoral, nous ne sommes pas prêts de nous arrêter de lutter. Nous chercherons évidemment à obtenir une reconnaissance pleine de notre existence au sein de l’Université de Bordeaux, mais surtout à développer une politique unitaire pour défendre les droits démocratiques et organisationnels des étudiants et leurs organisations à l’université. Des droits toujours plus piétinés comme nous avons pu le voir récemment avec la criminalisation du soutien à la Palestine.

Nous invitons toutes celles et ceux qui se sont retrouvés dans le programme du Poing Levé, à nous rejoindre, à venir militer à nos côtés pour reconstruire un mouvement étudiant fort et auto-organisé, profondément anti-impérialiste et internationaliste, et résolu à faire reculer Macron aux côtés des travailleurs. Plus largement nous appelons à rejoindre Le Poing Levé pour construire une alternative révolutionnaire, celle d’une jeunesse qui se bat dans une perspective de lutte de classe, pour en finir avec le capitalisme et le patriarcat.


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