Crédit photo compte twitter Préfecture de Police

J’étais à la manifestation régionale de ce mardi 16 juin à Paris à l’appel des soignant.e.s. La manifestation s’était super bien passée, plein de monde, des couleurs, d’expression libre et revendicative, aucun heurt !

Alors que nous arrivions à 50 000 personnes sur l’esplanade des Invalides, je découvre d’un coup que nous sommes face à un mur de camions de forces de l’ordre et de grille, les canons à eau déjà braqués sur nous. Où que se tournent mes regards, des policiers des gendarmes des baqueux des voltigeurs des BRAV à toutes les sorties !
Je vais mettre une demi-heure à comprendre que nous avons été nassé.e.s par les forces de l’ordre qui ont cadenassé toute l’esplanade, nous enfermant comme un troupeau de moutons l’abattoir !

Alors que nous arrivons avec un groupe de camarades soignant.e.s en libéral dans une atmosphère assez joyeuse et détendue, je comprends que ça chauffe sur le côté gauche de la pelouse, des gens tentent de sortir, sont repoussés sans ménagement, ça crie ça s’énerve, premiers tirs de grenades lacrymo, je reçois un projectile sur le dos ! On se met à courir et on est bloqué.e.s par les grilles, les camions, les boucliers, pas de sortie, on est pris au piège : des personnes tombaient au sol évanouies !

Une soignante appelle à se masser contre les camions pour exiger une ouverture pour sortir, des personnes s’énervent ou errent sur l’esplanade, complètement sidéré.e.s ! Les lacrymos pleuvent au centre, un groupe de personnes résistent, s’échauffent : « C’est une honte ! C’est inadmissible ! On est là pour nos droits ! Pas pour se faire gazer ! ». Un chant bien connu s’élève : « Tout Le Monde Déteste La Police ! ». Nous étions pris en étau par toutes les forces de l’ordre qui nous attendaient pour nous faire subir ça : manifestation autorisée pour mieux la réprimer !

Autour de moi il y avait plein de soignants et de soignantes qui ont fait face à la pandémie en ne comptant pas leurs heures. Ce qui était demandé c’est que les revendications soient entendues par le gouvernement et les gens commençaient à réaliser que nous étions tombé.e.s dans un piège. Nous ne réaliserons que le lendemain qu’en plus de subir la violence policière réelle, dans notre chair et notre sang, nous allions subir la violence des mensonges médiatiques et politiques qui vont envahir les discours de celles et ceux qui les regardent.

La réponse de l’État à cette manifestation pacifiste a été la répression massive et la diffusion des images qui permettent de justifier une autre répression, celle de la liberté de manifester, de s’exprimer, de résister !

Il va donc être extrêmement important de garder toute notre vigilance face aux images des médias pour ne pas céder à cette manipulation odieuse de l’image qui criminalise un geste de colère légitime face à ce qui n’aurait jamais dû avoir lieu !

C’est nous qui étions sous le feu des forces de l’ordre et pas le contraire !

Cette image d’une infirmière traînée par les cheveux, le visage écrasé contre le sol, alors qu’elle a participé à sauver des vies pendant deux mois face à la pandémie, c’est la pire image qu’il m’ait été donné à voir depuis longtemps, quoiqu’elle ait pu faire sur l’esplanade !

Alors s’il vous plaît, à celles et ceux qui regardent la télé et postent des commentaires terribles sur ces images, faites attention à ce que vous en dites, prenez soin de celles et ceux qui vous entourent et prennent réellement soin de vous !

On vous ment, ne devenez pas l’instrument de cette perversion d’État !

Respectueusement vôtre !

Jocelyne Clément, psychologue Éducation Nationale, membre du GIGM 77 (Grévistes Interpro Grand Melun) et du Comité Révolution Permanente 77