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Stop à la répression syndicale !

3ème jour de grève : à Neuhauser, la colère contre la répression syndicale renforce la détermination

Exaspérés par la répression qui frappe Christian Porta, représentant CGT menacé de licenciement, et par le refus de la direction d’entrer en négociation, les salariés poursuivent la grève dans l’usine de Fürst où la colère monte et le ton se durcit.

Enzo Tresso

15 février

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3ème jour de grève : à Neuhauser, la colère contre la répression syndicale renforce la détermination

La grève à l’usine Neuhauser de Fürst, une boulangerie industrielle qui emploie deux cents salariés, entame son troisième jour. Alors que l’équipe du soir, mobilisée toujours aussi massivement pour les salaires et contre la répression syndicale, continue de débrayer, les discussions sont animées près de la salle de pause où se réunissent les grévistes.

Une grève pour les salaires

Sur le piquet, beaucoup de salariés soulignent leur déception à l’égard des propositions de l’entreprise lors des NAO. « En parlant des NAO, ils ont juste revalorisé les paniers, les primes de jour ou de nuit et les tickets resto. Ensuite, ils ont aussi revalorisé tout ce qui est médaille du travail, passé de 18 euros à 25 euros, et rajouter des jours de congés supplémentaires. C’est nul à chier, c’est vraiment nul à chier » explique Nathalie*.

Alors que l’inflation continue de monter et que le gouvernement augmente les prix de l’énergie, les travailleurs en grève parlent de leurs difficultés. Pour Stéphane*, « ils auraient pu faire un petit geste, avec l’inflation, considérer un peu les gens. Tout augmente. Même pour les déchets ménagers, ils ont augmenté par trois les taxes. Le gaz, l’électricité. Avec ma femme on a du mal à s’en sortir. On doit réfléchir mille fois avant chaque achat, on achète tout à crédit. On peut pas vivre avec notre salaire ».

Tous font part de leur colère devant la réaction de la direction qui n’hésitent pas à s’accorder des primes et des augmentations tout en refusant d’augmenter le salaire des travailleurs : « Je m’attendais pas à ce qu’ils lâchent grand-chose, explique Marie*, mais on attendait une augmentation alors que tout augmente. La direction arrive à augmenter les cadres mais nous ils n’arrivent pas à nous donner plus ».

Alors que la direction a embauché trois vigiles supplémentaires et rémunère, depuis plus d’une semaine, trois huissiers pour empêcher Christian Porta d’accéder au site, certains grévistes dénoncent son hypocrisie : « Eux ils s’augmentent, ils se donnent des primes et là il y a de l’argent quand il faut doubler les vigiles et engager deux huissiers, alors que pour les NAO ils ne nous donnent rien ». Une colère amplifiée par les millions de bénéfices générés par le groupe InVivo, et surtout par la répression que subit Christian Porta, délégué CGT du site.

Fürst : un site combatif que Neuhauser veut mettre au pas

Le site de Fürst est dans le collimateur de la direction de Neuhauser depuis le rachat de l’entreprise par le groupe InVivo. Comme nous le confie Gérard*, un travailleur en grève, « le site est mal vu [par la direction] » qui le voit comme une menace. « On a été rachetés en 2021 par InVivo, et depuis cette date, le groupe tente de mettre le site au pas. Aujourd’hui, ces sanctions en sont la preuve » explique Christian Porta. La « direction perçoit le site comme le “bastion rouge” d’InVivo ».

La combativité de l’équipe syndicale, menée par C. Porta, a en effet permis aux travailleurs d’arracher de nombreuses victoires. En quatre ans, les travailleurs de Fürst ont obtenu les 32 heures payées et se sont battus pour la réintégration de certains salariés licenciés. En outre, l’action combative du syndicat a permis l’embauche d’une quarantaine de CDI et la réouverture d’une usine fermée en 2022. En outre, les travailleurs de Fürst ont été à l’origine de plusieurs mouvements de grève largement suivis sur les autres sites de production de l’entreprise. Lors des mobilisations, le taux de grève est souvent très fort, comme aujourd’hui où il atteint près de 90%.

Comme le fait remarquer Christian Porta, « pour tout ce qui a été obtenu comme acquis sociaux dans l’entreprise, tout est parti de Fürst ». Pour la direction, la présence d’un syndicat combattif et de travailleurs déterminés est insupportable. Elle désire briser la résistance des travailleurs qui osent relever la tête et mettre au pas l’ensemble des salariés du site. La mise à pied du responsable CGT, accusé mensongèrement de « harcèlement » et menacé de licenciement, témoigne de la brutalité de l’offensive.

La direction n’avait pas hésité, par le passé, à se séparer de plusieurs cadres du site qu’elle jugeait insuffisamment ferme avec les travailleurs. Elle installe aujourd’hui un climat policier dans l’entreprise. Elle a été jusqu’à appeler, dans une lettre, les salariés solidaires à se signaler afin d’« envisager avec eux leur sortie de l’entreprise dans les meilleurs délais ».

Lire aussi : Gendarmes, vigiles, lettre d’intimidation : la direction de Neuhauser tente d’instaurer un climat policier

Une lutte pour les acquis sociaux

Face aux attaques contre Christian Porta, les travailleurs se sont massivement mobilisés, mêlant colère sur le terrain des salaires et refus de la répression syndicale. Tous sont conscients du fait que le départ d’un représentant combatif menacerait toutes leurs conquêtes sociales et rendrait le travail invivable sur le site. « Grâce à Porta, nous explique un des grévistes, on a eu pas mal de choses en quatre ans, il s’est battu pour nous, il nous a appris beaucoup de choses on savait nos devoirs, pas nos droits. Moi j’irai jusqu’au bout ».

Sur le piquet de l’équipe du soir, massivement mobilisée pour le deuxième jour de grève, le ton se durcit : « Ils pensent qu’après ça les tensions vont descendre, mais non. On va tous prendre la relève [de Christian]. On avait un semblant de dialogue social, maintenant il n’y a plus rien. On a été trop sympa, maintenant on ne va plus rien laisser passer. Il n’y a que ça qui fonctionne ». L’ensemble des grévistes insistent sur leur détermination à aller au bout du combat pour défendre leur délégué syndical.

Vers 4h du matin, l’équipe de nuit va continuer à débrayer. Si la direction voulait briser la détermination des travailleurs, elle a plutôt fait naître un esprit de combativité chez les salariés, massivement mobilisés contre les méthodes répressives de la direction et son refus d’accorder autre chose que des miettes lors des NAO. Il faudra être nombreux ce vendredi, aux côtés des travailleurs en grève et de Christian Porta, lors du rassemblement prévu à 9h30, au 18 avenue Foch à Folschviller, pour faire front face aux attaques débridées contre le syndicalisme combatif.

Pour faire un don à la caisse de grève, cliquez juste ici !

*Les prénoms ont été modifiés. 


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