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Economie de guerre

50 milliards d’ici 2027 : ce que Macron s’apprête à vous prendre

Réunion de crise mercredi à l’Élysée, les comptes sont dans le rouge. Autour d’un plateau de fruits de mer, Macron et ses ministres cherchent faire cracher aux services publics et à la Sécu les moyens de mener leur guerre et d’enrichir les spéculateurs.

Joachim Bertin

21 mars

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50 milliards d'ici 2027 : ce que Macron s'apprête à vous prendre

Crédits photo : Faces of the world

Réunion de crise à l’Élysée mercredi soir. Les comptes sont dans le rouge, il faut rogner les budgets de l’État en urgence ! Macron a ainsi réunit Gabriel Attal, Bruno Le Maire, Darmanin et ses principaux ministres autour d’un plateau de fruit de mer pour décider, entre deux huîtres et un bulot, comment plonger un peu plus les travailleurs dans la misère.

Faire cracher 50 milliards aux services publics et à la Sécu

L’ampleur de la coupe s’annonce brutale. Alors que le gouvernement tablait sur un déficit public de 4,9% (138 milliards d’euros) pour l’année 2023, l’INSEE pourrait annoncer un déficit de 5,6% (157 milliards d’euros) dans les prochains jours. Bien loin de la loi européenne (quasiment un commandement divin) des 3% de déficit autorisé. Au mois d’avril, Bruno Le Maire doit présenter à la Commission Européenne quel plan d’ajustement austéritaire il compte mettre en place pour descendre sous ce cap des 3% d’ici 2027. D’autant que le capital mondial attend des mesures rapides : le printemps étant marqué par les appréciations des grandes agences de notation (Standard & Poor’s, Fitch).

Facile d’imaginer quelles saloperies antisociales ont pu être présentées par les ministres macronistes lors de cette réunion. Sous couvert d’anonymat, un ministre confie à la presse : « Les APL ? Ça ne sert à rien ! Ça nous coûte près de 14 milliards d’euros par an. Et cet argent va directement dans la poche des propriétaires ». Mais les macronistes ont plus d’un tour dans leur sac, et Bruno Le Maire en livre certains dans son livre paru ce mercredi : réduire de moitié le temps d’indemnisation chômage des plus de 55 ans, désindexer les pensions de retraite de l’inflation, réduire les cotisations sociales et augmenter la TVA.

Déjà dans cette perspective, Bruno Le Maire avait sabré 10 milliards d’euros de budget public, d’une simple signature. Désormais, le chef de la calculette nous promet 20 milliards d’économies pour le prochain budget. D’ici à 2027, la Cour des Comptes réclame 50 milliards dans un récent rapport ! Si on se rappelle que le gouvernement agitait la perspective de faire 12 milliards d’économie d’ici à 2027 en nous faisant travailler jusqu’à 64 ans, on imagine la violence d’une attaque à 50 milliards.

« Nous avons baissé les impôts de plus de 50 milliards d’euros depuis qu’Emmanuel Macron a été élu président de la République » fanfaronnait-il en juillet. Étrange trou dans le budget qui se profile, alors que ce gouvernement a supprimé les impôts de production, l’Impôt Sur la Fortune (ISF) et multiplié les cadeaux aux riches et aux entreprises (crédit impôt-recherche 6 milliards par an, subvention de l’apprentissage pour finir une main d’œuvre à très bas coût etc.).

Militarisme et austérité : le nerf de leurs guerres

Mais ce que l’austérité ne touche pas c’est le militarisme et la répression. Les lois de programmation du ministère de l’Intérieur (LOPMI, 15 milliards d’ici à 2027) et celle de l’armée (LPM, 413 milliards d’ici à 2030) ont débloqué des budgets records. L’austérité est la rançon de leurs guerres, la destruction des services publics et de tous les droits du monde du travail une nécessité pour l’« économie de guerre ».

Ainsi, alors qu’un sommet européen va bientôt se tenir pour décider d’une nouvelle enveloppe pour soutenir l’effort de guerre de l’OTAN en Ukraine, et que l’accord bilatéral de sécurité entre la France et l’Ukraine s’accompagne d’une enveloppe de 3 milliards, la préparation à la guerre va coûter très cher à la classe travailleuse. Investissements négligeables, rapportés à ce que les capitalistes du complexe militaro-industriel et du BTP gagneront en pillant la partie de l’Ukraine sous tutelle américano-européenne pour échapper à la tutelle russe.

Chaque budget de l’ère Macron l’a rappelé, les premières victimes de sa guerre sociale sont la santé, l’éducation, le logement et l’écologie. Récemment le gouvernement a mené bataille contre les remboursements de soin, le chômage, le RSA et les arrêts du travail en montant les travailleurs les uns contre les autres pour fliquer les plus précaires. Ces rognages sur nos droits ont toujours été l’occasion de transfert vers le capital. Ainsi, l’économie faite par l’augmentation des franchises médicales a été immédiatement reversée aux laboratoires pharmaceutiques.

Enfin, dans la Vème République, qui dit budget dit 49-3 illimité ! Alors qu’une loi rectificative du budget 2024 pourrait être imposée par 49-3 dès les prochains mois, le budget 2025 présenté à la rentrée 2024 risque d’être l’occasion d’une pluie d’attaques et de rognage dans tous les secteurs.

Pendant que le gouvernement calcule comment nous plumer, les profits des capitalistes explosent. Année après année, le CAC40 bat record sur record : 15,2 milliards de bénéfices pour LVMH, 18,6 pour Stellantis, 20 pour Total. Au global, le CAC40 a dégagé 144,2 milliards d’euros de bénéfices. 97 milliards ont été parasités par les actionnaires !

La marche à la guerre que veulent nous imposer Macron et son alter ego Le Pen/Bardella implique austérité, régression sociale, restriction des droits démocratiques et pillage aggravé des richesses produites par les travailleurs au profit des capitalistes. Dans toute l’Europe, confrontés aux mêmes problèmes et aux mêmes attaques globales, l’issue est dans la mobilisation unie des travailleurs, par-delà les divisions sectoriels, de statuts, de nationalités.

Lire aussi : Consensus militariste aux européennes : il faut faire entendre une perspective ouvrière contre la guerre


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