Les restaurants de grillades Courtepaille font partie du paysage français depuis le début des années 60. Actuellement, la chaîne est composée de 300 restaurants répartis partout en France. Comme l’ensemble des lieux accueillant du public, ces restaurants ont dû fermer en mars et commencent à peine à réouvrir. À l’heure actuelle, seuls 56 restaurants ont repris du service. Cette baisse d’activité a entraîné une baisse de revenu de 40% pour le groupe, justifiant ainsi la mise en redressement judiciaire.

Cependant, les difficultés de la chaîne de restaurants sont plus profondes ; en effet, ICG, un groupe d’investissement britannique, avait cherché à se séparer de Courtepaille avant même la crise du Covid. Plusieurs repreneurs, dont Buffalo Grill ou d’autre chaines de restaurants, étaient déjà en lice pour racheter la chaîne française au groupe britannique. La procédure de liquidation judiciaire pourrait leur faciliter la reprise en se séparant des restaurants jugés les moins rentables et en procédant à un grand nombre de licenciements.

Le groupe ICG a lui-même mené la chaîne de restaurants dans le mur. Au cours de ces dernières années, le groupe n’a jamais investi le montant qu’il a reçu du CICE dans les restaurants, soit 5 à 6 milliards d’euros par ans, laissant certains restaurants en sous-effectif, comme en témoigne un salarié anonyme dans l’Humanité « Les sous-effectifs quotidiens génèrent une souffrance énorme chez les employés, certains en sortent le dos brisé à force de faire des triples postes.  ».

Les ennuis de la chaîne ne sont cependant pas nouveaux et commencent dès les années 70 et le rachat de la chaîne par le groupe Accor. Depuis, les rachats se sont enchaînés, dont un certain nombre suivant le mécanisme du LBO (leverage buy-out, achat par effet de levier, notamment par des fonds d’investissement comme Barclays Private Equity France ou ING Parcom Private Equity). Dans ce type d’opérations financières, les acheteurs s’endettent grandement (c’est le fameux effet de levier) afin d’acquérir une entreprise. Afin de maximiser les gains, les acheteurs peuvent ensuite faire peser une partie de cette dette sur l’entreprise achetée, le plus souvent au détriment des travailleurs qui voient leurs conditions de travail se dégrader à mesure que la dette s’ajoute à la course au profit habituelle.

Une chose est sûre, ce n’est pas aux salariés de l’entreprise de payer les frais de la mauvaise gestion de la chaîne de restaurant par son propriétaire. En ces temps de crise économique, il faut interdire les licenciements, et exiger la nationalisation sous le contrôle des travailleurs des restaurants afin de nourrir tous ceux qui vont souffrir de la crise économique en cours à l’image du MacDonald de Marseille pendant le confinement.