Dans le contexte de crise économique et sanitaire, et face à l’offensive répressive du gouvernement, ce samedi, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées place de la République pour exiger la régularisation des sans-papiers, la fermeture des centres de rétention administrative et l’accès au logement pour tous. Les cortèges provenant des quatre coins du pays se sont d’abords retrouvés sur la place de la République. La manifestation est ensuite partie vers 14h en direction de l’église de la Sainte-Trinité dans le IXe arrondissement de Paris.

Elle devait initialement se terminer devant l’Elysée, mais la Préfecture de police de Paris a interdit cet itinéraire quelques jours avant le départ.
La tentative d’intimidation s’est poursuivie durant la manifestation avec le déploiement d’un dispositif policier massif encadrant les manifestants.

Demba raconte la peur dont il est témoin en tant que responsable de la Coordination des Sans-Papiers 75 : « Je connais des gens qui ont même perdu leur dignité, qui ne peuvent plus sortir, qui ne peuvent plus parler parce qu’ils ont peur qu’il y ait de policiers dans la rue ! »

Malgré les tentatives d’intimidations, de très nombreuses organisations ont répondu à l’appel de ce samedi pour marcher aux côtés des sans-papiers. Des comités locaux du Collectifs de Sans-Papiers, du M.R.A.P et de la Cimade de Paris, de Marseille, de Rennes, de Lille, de Lyon, de Montpellier et de beaucoup d’autres villes étaient présentes. Les soutiens sont eux aussi venus en nombre, parmi eux Emmaüs a tenu un cortège, mais aussi le collectif Justice pour Babacar de Rennes, le Comité des Sans-Papiers Kabyle, le COPAF, le DAL (Droit au Logement), le RESF, l’Interpro du 18ème en lutte, l’Attac, Existrans, la CNT-Solidarité Ouvrière, la CNT-Construction, ASSO Solidaires, Lutte Ouvrière (LO) et le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA).

L’instauration du couvre-feu et la date du 17 octobre nous a nécessairement ramené aux évènements du 17 octobre 1961, où des manifestants algériens furent réprimés dans le sang et noyés, alors qu’ils dénonçaient le couvre-feu dont ils étaient la cible. Ce samedi, des manifestants étaient présents pour pour commémorer ces meurtres et rappeler que le racisme de l’État français tue.

Face à la nouvelle offensive réactionnaire du gouvernement, Philomène dans le cortège du NPA nous explique pourquoi c’était important pour elle d’être dans les rues aux côtés des sans-papiers, pour lutter contre le racisme et l’islamophobie de nos dirigeants, et qu’ils instaurent dans la loi avec leur plan contre les séparatismes.

Ce samedi était aussi la date de la "marche pour l’emploi et la dignité" appelée par plusieurs syndicats CGT, notamment l’UD13 et qui, en soutien, s’est finalement joint au cortège de la manifestation des sans-papiers, appelant à « la régularisation des travailleurs sans papiers » et « le SMIC à 1 800 euros » pour tous, mais aussi à « l’arrêt immédiat de tous les plans de licenciements engagés » et « la restitution des aides publiques » versées aux entreprises qui suppriment des emplois.

Cette manifestation a réuni des confédérations syndicales de quelques entreprises comme Bridgestone, TUI France, Michelin, Air Liquide, Disneyland… qui font face à la vague de plans sociaux déchaînée du patronat depuis le début de la crise et sont en luttent contre les licenciements. Pour le secrétaire général de la Fédération CGT du commerce et des services interviewé par le journal Le Monde, c’est « une convergence réussie », « des milliers de travailleurs ont manifesté avec les sans-papiers.