Le 11 mai, le youtubeur fasciste Papacito poste sur Youtube une vidéo intitulée « Infestation de fouines à Montjoi ». Entre deux propos ouvertement homophobes, le youtubeur d’extrême droite y met en scène le meurtre et le viol du maire Montjoi. Représenté dans la vidéo par un homme déguisé en « fouine », Christian Eurgal est traqué dans le village, avant d’être attrapé et violenté dans la mairie puis laissé pour mort. Le point de départ de ce déferlement de haine ? Une querelle de voisinages entre un éleveur, ami de Papacito, et un résident britannique.

La vidéo, sur fond de xénophobie et d’homophobie, a, comme escompté, fait des émules parmi les amis de Papacito. Visionnée plus de 500 000 fois, elle a été immédiatement suivis de nombreux tags de menaces et d’insultes dans le village, et autour, indiquant notamment le chemin de la maison de « la fouine de Montjoi ». Depuis, les appels au meurtre se multiplient, au point que l’édile a été placé sous surveillance policière. S’il se désolidarise de ce déchainement de haine pour des questions juridiques et se cache derrière l’excuse de « l’humour », les intentions de Papacito sont claires : surfer sur l’affaire de Saint-Brévin avec une nouvelle instrumentalisation d’un non-événement local pour nourrir sa propagande d’extrême droite.

Papacito n’en est à son coup d’essai : en 2021 déjà, il mettait en scène le meurtre d’un « gauchiste ». Comme nous le décrivions à l’époque : « après avoir décoré ce mannequin en plastique affublé des tous les oripeaux du « gauchisme » (lait de soja, tampax, boulgour et espadrilles...) associé à l’électorat de la France Insoumise, les deux YouTubers mettent en joue et font feu à bout portant avec des fusils de chasse. Le mannequin se disloque, sa tête vole en éclat, puis se voit assener des coups de couteaux. Une mise en scène macabre qui n’est rien moins qu’une tentative d’intimidation contre l’ensemble des militants de gauche et d’extrême-gauche. » Une exécution « factice » qui lui avait valu les félicitations d’Eric Zemmour, lui aussi fervent partisan de la « guerre de civilisation ».

Mais la dernière vidéo nauséabonde du youtubeur et la campagne qui s’en suit évoque surtout les événements récents de Saint-Brévin, suite à la volonté d’installer dans ce village un centre d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA). Quelques jours avant la publication de la vidéo de Papacito, le maire de Saint-Brévin était poussé à la démission par des groupuscules d’extrême droite, qui ont mené une violente campagne contre lui, menant jusqu’à un incendie criminel de sa maison et des menaces physiques. Une campagne qui n’est pas sans évoquer d’autres actions récentes, contre un CADA à Réaulmont, contre un squat hébergeant des mineurs isolés en lien avec l’association Utopia 56, etc.

Autant d’exemples de la façon dont l’extrême-droite tente de revenir sur le devant de la scène, alors que la bataille contre la réforme des retraites l’avait éclipsée, ainsi que ces thématiques réactionnaires favorites, ces derniers mois. Une offensive facilitée par le gouvernement et la droite, qui déroulent le tapis rouge aux idées d’extrême-droite et lui empruntent des mesures violemment xénophobes dans le cadre de la préparation de la loi immigration. Dans ce cadre il est impératif de s’organiser par en bas contre l’extrême droite, en articulant lutte de terrain contre ses initiatives, luttes contre les politiques xénophobes et réactionnaires du gouvernement et luttes sociales pour construire une issue à la crise. Un combat dans lequel le mouvement ouvrier doit jouer un rôle central, à la hauteur de la capacité des travailleurs à construire un rapport de forces avec le gouvernement par le blocage de l’économie.