Jeudi 16 mars, des manifestations spontanées ont eu lieu partout en France après l’annonce du 49-3 par le gouvernement. Des mobilisations empreintes de radicalité, traduisant la colère importante des travailleurs et de la jeunesse face au gouvernement.

Ce vendredi matin, les médias se sont scandalisés en chœur d’une action menée à cette occasion. A Dijon, des syndicalistes ont en effet brûlé des mannequins à l’effigie des membres du gouvernement. Sur une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, on voit un syndicaliste portant une casquette CFDT couvrir d’essence les mannequins avant de mettre le feu devant une banderole intersyndicale.

Après la poupée Borne pendue à Marseille, une opportunité d’attaquer le mouvement que l’État a rapidement saisi. Le soir même, le Préfet de Bourgogne-Franche Comté a annoncé « porter plainte au nom de l’État. » De son côté, Gérald Darmanin a dénoncé vendredi matin cette action : « L’opposition est légitime (...) le bordel ou la bordelisation de la violence, non. »

Une instrumentalisation pour attaquer le mouvement et légitimer sa répression violente, qui a commencé dès jeudi soir avec 310 interpellations dans tout le pays et s’est poursuivie vendredi matin par le gazage et l’interpellation d’étudiants qui convergeaient avec les éboueurs.

Des images qui semblent avoir moins choqué Laurent Berger que celles des mannequins à Dijon. En effet, peu après 13 heures ce vendredi, le dirigeant de la CFDT a tweeté pour se désolidariser : « Ce qui s’est passé à Dijon hier soir est inacceptable et inexcusable. La CFDT rejette toute violence même symbolique. Notre détermination à lutter contre la réforme des #retraites est entière. Elle doit s’exprimer dans le respect des biens et des personnes. »

Une condamnation scandaleuse d’une simple action symbolique, et une façon pour le dirigeant CFDT de réaffirmer son opposition à toute radicalité à un moment où la colère se renforce à la base face au gouvernement. Une fois de plus, la CFDT, qui est toujours à la tête de l’intersyndicale, démontre sa volonté d’étouffer la colère de la base et d’envoyer des gages au gouvernement. Une attitude que les militants de base de la CFDT doivent dénoncer largement, en apportant leur solidarité aux syndicalistes de Dijon, désormais attaqués par l’État pour leur action, et à toutes les victimes de la répression des derniers jours.